Lors du camp d’été Rupture(s) de Transition en Commun qui a réuni près de 250 personnes les 28 et 29 août 2025 à la Cité-des-Hospitalières, Geneviève insiste sur l’importance d’élargir la mobilisation autour de la transition socio-écologique en mettant de l’avant la dignité humaine et l’art comme leviers de sensibilisation. Elle appelle à dépasser les cercles habituels pour rejoindre ceux et celles qui détiennent du pouvoir économique et politique. Son témoignage met aussi en garde contre une posture moralisatrice et propose d’incarner la transition socio-écologique dans un récit collectif positif, porteur de joie et d’espoir.
👁️ Vision et élargissement de la mobilisation : vision partagée et culture de collaboration
À partir de ce qu'il·elles ont vécu pendant le camp d'été, un vox pop a permis aux participant·es de nous confier leur sentiment sur les manières d'élargir le cercle des personnes ou organisations qui se rallient à la vision élaborée pendant l'évènement par les membres de l'alliance Transition en Commun. Que ce soit par le biais de collaborations inédites, l'ancrage dans les quartiers, la justice environnementale, la démocratie partagée, l'économie en transition et le rapport au vivant, il·elles furent invité·es à réfléchir sur les moyens d'étendre la mobilisation et d'en faire une force collective capable de transformer la ville.
🎨 Dignité humaine et appel à l'art
Geneviève pense qu’il faut trouver des moyens de mobilisation qui viennent nous rappeler que tous ces principes-là sont liés à quelque chose qu'on a en commun : vouloir vivre dans la dignité humaine, dans un monde respectueux des limites planétaires.
Pour obtenir la masse critique et éveiller d’autres consciences, elle suggère une piste : utiliser l'art. « C'est puissant et ça vient nous chercher aux tripes ».
« Il faut éclater les silos pour que les belles initiatives dont on parle aujourd'hui ne restent pas des petits atomes séparés, mais qu'on puisse les rassembler pour créer une vague encore plus forte. C'est un gros défi, mais on est bien motivé·es. » - Geneviève
🤲 Enrichir la vision en allant vers l'autre
Nous avons aussi demandé à Geneviève : « pour enrichir nos visions de la transition socio-écologique, quelles personnes ou groupes qui portent des visions divergentes ou complémentaires devrions-nous inviter à la discussion ou écouter davantage ? »
Geneviève estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour aller à la rencontre de l’autre, en particulier des personnes qui ne sont pas déjà mobilisé·es autour de ces enjeux, mais qui vivent directement les conséquences des crises environnementales et alimentaires. Cela implique de redoubler d’efforts pour les rejoindre dans leur réalité, les écouter, et dépasser les cercles habituels, même ceux du milieu communautaire.
Pour constituer une masse critique engagée dans la transition socio-écologique, elle souligne l’importance de se tourner aussi vers les espaces qui détiennent beaucoup de pouvoir — politiques, mais surtout économiques. Elle propose d’aller vers le milieu économique qui n’est pas impliqué dans la transition socio-écologique pour d’abord comprendre, puis réduire le fossé qui persiste entre ces mondes.
Comment les rejoindre? Investir les lieux qu’ils et elles occupent déjà, pour les voir, les comprendre, et tenter de cerner ce qui les pousse à s’accrocher au PIB plutôt qu’à des indicateurs de bien-être. Ensuite, confronter les visions, sans faire comme si ces milieux n’existaient pas : ils sont là, puissants, et contribuent aux blocages actuels.
➕ Un démarche moins moralisatrice et positive
Une des question que nous avons posé à Geneviève était de savoir s''il y avait une manière, une façon de faire qui nous freine, et que, selon elle, on devrait laisser tomber ? Elle nous a alors partagé plusieurs réflexions enrichissantes.
La tendance moralisatrice
Geneviève souligne qu’au sein du milieu des organismes démocratiques, il existe parfois une tendance moralisatrice. Le rôle de chien de garde pousse à dénoncer des injustices comme si l’on détenait la vérité — le bien, le mal.
Elle reconnaît l’importance de dénoncer, mais met en garde contre un ton qui pourrait être perçu comme moralisateur par celles et ceux qui ne sont pas directement impliqué·es dans les situations dénoncées. Selon elle, c’est contre-productif.
Incarner la transition socio-écologique dans un narratif collectif positif
Geneviève ajoute qu'il faut apprendre à communiquer de manière positive, à susciter l’engagement, l’espoir, mais surtout la joie !
Geneviève propose de parler davantage de communs, des beaux projets qui s'inscrivent dans la transition socio-écologique, qui sont rassembleurs, où on s’entraide.
« Plus on va l'incarner comme ça, dans plein de projets, plus ça va aider les gens à voir : “Ah, ça pourrait ressembler à ça la transition, ça ne veut pas dire de me priver de tout, que ça va être plate, drabe, noir, blanc. Non, on reste en couleurs, ça vit, il y a de la joie là-dedans.” » - Geneviève