Le 30 avril 2025 à Montréal s’est déroulée la 5e Journée collective de Transition en commun sur la thématique des défis financiers de la transition socio-écologique. Cette rencontre a mobilisé plus d'une cinquantaine de personnes et avait comme but de réfléchir ensemble aux enjeux du financement de la transition socio-écologique. Plus spécifiquement la rencontre avait deux objectifs spécifiques:
- Avoir une compréhension commune du contexte financier et des défis pour consolider les acquis et poursuivre les actions concertées;
- Identifier des intentions de collaboration pour imaginer des pistes de solutions
🎯 Qu’est-ce qu’on entend par le financement de la transition socio-écologique?
Présentation par Sylvain Lefèbvre - chercheur
En ouverture de rencontre, Sylvain Lefèbvre, professeur à l’UQAM, réalise une mise en contexte des défis actuels associés au financement de la transition socio-écologique. Selon lui, la fermeture de Solon — organisation pionnière en matière de transition socio-écologique — est un signal d’alarme collectif. Ce n’est pas un échec isolé, mais un symptôme d’un problème systémique : l’absence de structures de financement adaptées à des démarches ancrées localement, transversales et collectives. Dans un contexte où les enjeux écologiques reculent dans les priorités politiques et médiatiques, les initiatives citoyennes peinent à se maintenir. La transition est aujourd’hui marginalisée, pendant que les programmes de financement continuent de fonctionner en silos sectoriels. Sylvain plaide pour une refondation du financement public et philanthropique, basée sur la coopération, l’histoire et la vision à long terme. Il appelle à s’inspirer des mouvements sociaux des années 1970, qui ont su créer des institutions durables à partir d’un élan collectif.
🧩 5 idées clés :
- Solon comme symptôme collectif. Sa fermeture met en lumière la fragilité même des structures les plus solides de la transition socio-écologique.
- Un contexte politique défavorable. Reculs écologiques, baisse de l’attention médiatique, criminalisation des militant·es : la transition subit une perte de légitimité.
- Des modèles de financement inadaptés. L’approche par cases (ou silos) limite la capacité des projets transversaux à être financés durablement.
- Manque de bailleurs engagés. Peu d’acteurs soutiennent explicitement la transition, et ceux qui le font manquent de coordination.
- Appel à une refondation collective Sylvain invite à créer un rapport de force structuré pour un financement cohérent, en s’inspirant des conquêtes sociales passées.
Présentation de Rebecca Gelly-Cyr - Transition en commun
Rebecca présente les travaux de Transition en Commun (TeC) sur les conditions nécessaires à un financement juste et pérenne de la transition socio-écologique. Le constat est clair : le financement actuel est insuffisant et mal adapté. Il faut sortir du financement ponctuel (par projet) ou basé sur l’innovation technologique et privilégier un soutien structurant, à la mission, stable, qui respecte l’autonomie des acteur·trices. Rebecca évoque la difficulté d’imaginer un modèle unique : chaque quartier pourrait s’inspirer d’un "quartier idéal", en sélectionnant des initiatives adaptées à leurs réalités. Elle insiste sur l’importance de poser des limites, de faire des choix collectifs et de chiffrer les besoins réels pour aller au-delà des indicateurs classiques comme les GES. Pour bâtir un rapport de force, il faut définir collectivement les sources de revenus, les modalités de répartition et porter des revendications claires. La solidarité entre axes de la transition est essentielle pour éviter les cloisonnements. En somme, Rebecca appelle à une stratégie de financement juste, partagée et capable d’ancrer la transition dans la durée.
🧩 5 idées clés:
- Financement à la mission. La transition a besoin d’un soutien stable, structurant et respectueux de l’autonomie, au-delà des projets ponctuels ou technologiques.
- Conditions de financement justes. Il faut viser la pérennité, sortir des logiques de GES et d’innovation et soutenir des démarches ancrées localement.
- Flexibilité ancrée dans le réel. Chaque quartier peut adapter des idées à sa réalité, mais il faut fixer des limites et cibler deux ou trois priorités claires.
- Chiffrer et structurer. Identifier les besoins réels, les sources de revenus et assurer une répartition équitable des ressources.
- Revendiquer ensemble. Formuler des demandes collectives et bâtir un rapport de force pour influencer les bailleurs de fonds.