En lien avec la notion d'éditorialisation 

Le dynamisme serait l'ensemble du phénomène de production de l'espace numérique qui est le résultat d'une hybridation des espaces pré-numériques et numériques. Il présenterait des dimensions techniques, culturelles et pratiques à l'instar de l'éditorialisation dont il serait à la fois un effet et une cause, une manifestation et une condition de possibilité. Il est étroitement lié à la nature même de l'éditorialisation puisque celle-ci est définie comme étant «l'ensemble des dynamiques qui produisent et structurent l'espace numérique» (Cf. Première formulation de la définition «synthétique»).

De la même manière on peut dire qu'en contexte numérique (entendu en un sens culturel, technique et pratique), le dynamisme constitue l'ensemble des dynamiques qui contribuent à l'émergence d'un sens, et à la constitution d'objets après coup (voir la deuxième formulation de la définition «synthétique» d'éditorialisation).

En effet, selon cette définition de l'éditorialisation - visant à servir de base pour une théorie philosophique du monde à l'époque numérique, que Marcello Vitali-Rosati appellera la «métaontologie» -, les dynamiques (qui définissent ce dynamisme) sont « le résultat de forces et d’actions différentes qui déterminent après coup l’apparition et l’identification d’objets particuliers (personnes, communautés, algorithmes, plateformes…) ». Ce qui signifie que - d'une certaine façon -, étant donnée la nature circulaire des relations entre les changements et le contexte qui leur permet de survenir (voir plus bas), les dynamiques elles-mêmes sont des forces et des actions qui sont déterminées en retour par les intreractions entre les agents et les autres objets particuliers dont elles ont pu déterminer l'apparition.

Si on revient à la première formulation de la définition restreinte, on peut dégager cette définition des dynamiques qui constituent le dynamisme lié à cette théorie de l'éditorialisation comme production de l'espace à l'époque du numérique : «Les dynamiques peuvent être comprises comme les interactions d'actions individuelles et collectives avec un environnement numérique
«Cette définition sous-entend trois aspects implicites de l’éditorialisation, qu’il faut spécifier : un aspect technologique, un aspect culturel et un aspect pratique.»
«Le terme éditorialisation a été créé en partie pour prendre en compte l’impact des technologies sur la production des contenus. L’un de ses principaux aspects est donc évidemment la présence de certains dispositifs, de plateformes numériques, d’outils, de réseaux et de protocoles qui à la fois contextualisent et structurent les contenus.» 
Il faut éviter le déterminisme technologique, mais on doit reconnaître que l'environnement numérique en particulier prescrit en partie les formats. Pour respecter l'esprit de la définition de l'éditorialisation - qui, rappelons-le, désigne l'éditorisation comme «l'ensemble des dynamiques qui structurent l'espace numérique» - , il est important de réaliser qu'« il existe une relation complexe entre technologie et culture, si bien que la dimension culturelle est tout aussi centrale pour notre définition de l’éditorialisation». Et cette relation peut être qualifiée de systémique au sens où elle est «circulaire» : «la convergence de certaines idées culturelles et de certains découvertes technologiques implique un changement et ce changement est en retour façonné par des éléments à la fois culturels et technologiques
On pourrait ajouter que le changement ainsi amené influence aussi en retour ces idées culturelles et ces découvertes technologiques.

«Le troisième et dernier aspect de l’éditorialisation – son aspect pratique – nous amène du côté des pratiques, sans lesquelles les structures culturelle et technologique ne pourraient exister. En effet, les possibilités technologiques et la tradition culturelle ne suffisent pas à induire des pratiques. Si personne ne créait ou n’utilisait d’hypertextes, ces derniers n’existeraient pas. Par ailleurs, les pratiques ne sont pas seulement des applications des possibilités culturelles et technologiques : toute pratique est créative. Ces éléments nous permettent de souligner l’importance fondamentale du collectif dans les processus d’éditorialisation. Les différentes formes d’éditorialisation dépendent du fait que des actions particulières deviennent communes – ce qui signifie que des groupes de personnes commencent à les effectuer pour en faire peu à peu des pratiques.»

Source

Vitali-Rosati, Marcello, «Qu'est-ce que l'éditorialisation», Sens public, 2016. https://sens-public.org/articles/1184/

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13 juin 2023 14:45

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15 juin 2023 12:19

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Le dynamisme est l'état d'un contexte qui est modelé par les dynamiques qui s'y font jour et qui le parcourent.

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24 mai 2023 03:13

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6 juin 2023 22:18

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Selon le Vocabulaire technique et critique de la philosophie Lalande, le dynamisme est défini comme un système (philosophique) ou une théorie qui voit le monde comme étant habaité par une capacité à se mouvoir qui lui vient de forces qui animent  les êtres qui le composent  (sens A) ou de ce que le devenir est premier par rapport à la permanence (sens B).

« S'oppose à Mécanisme. A. On désigne ainsi les systèmes philosophiques qui admettent dans les principes des choses l'existence de «forces», irréductibles à la masse et au mouvement. C'est ainsi que la doctrine physique de Leibniz est appelée dynamisme, par opposition au mécanisme cartésien. »

« B. On applique également ce terme aux doctrines qui posent le mouvement ou le devenir comme primitif, et qui considèrent la matière comme définie par certains caractères du mouvement (Lord Kelvin); ou la chose comme une étape du progrès (voir Bergson, Les données immédiates de la conscience). »

Ainsi compris, le dynamisme est souvent associé à une vision finaliste du monde (c'est-à-dire que celui-ci serait animé par une finalité). C'était le cas dans la vision d'Aristote, pour qui le «Souverain Bien» était ce vers quoi tendait le monde. On lui doit d'ailleurs la première utilisation systématique du concept de «dynamis» (puissance) pour expliquer la possibilité du Devenir dans l'Être. Chez Leibniz, penseur de l'optimisme, le principe de raison suffisante veut que rien ne puisse être sans raison, et le principe de l'Harmonie pré-établie combinée à la théorie des «futurs contingents» permet d'expliquer l'existence du Mal dans le Monde, sans remettre en question la thèse selon laquelle Dieu aurait créé «le meilleur des mondes possibles».

Source

André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrige/PUF, 2002, p. 256.

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24 mai 2023 02:42

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Des paradoxes d’une stratégie numérique aux propriétés du numérique (en tant...
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Intégré par Fabrice Marcoux, le 24 mai 2023 03:40
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enjeux philosophiques, politique, théorique, dynamiques, processus, valeurs, liens entre différents sujets, numérique, propriété