L’«économie» verte est un terme polysémique, 140 définitions ayant été recensées dans une étude récente (janvier 2020) consacrée au recensement de ces définitions. Conventionnellement, l’«économie verte» désigne le projet d’une économie susceptible de poursuivre sa croissance tout en découplant ( decoupling ), ou séparant, la croissance économique de la dégradation des écosystèmes. Autrement dit, une économie est «découplée» lorsque sa croissance (mesurée par unité de produit intérieur brut (PIB)) croît tout en n’entraînant pas de dégradation marquée des écosystèmes. Le projet d’une économie verte ne vise pas à réformer les principales institutions d’une économie capitaliste (marché, entreprises privées, salariat, marchés financiers, etc.) Les principales mesures proposées relèvent d’incitatifs fiscaux (subventions) aux secteurs des technologies propres et de récupération ainsi que d’internalisation de la pollution, c’est-à-dire que le coût environnemental de la pollution se reflète dans le coût économique (taxe carbone).

Tel que défini en 2011 par le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE), un programme d’investissements publics et de réformes tarifaires permettrait d’opérer un virage vers une économie verte, dynamisant l’économie et l’emploi. Cette économie verte se définit comme « une amélioration du bien-être et de l’équité sociale (...) réduisant considérablement les risques de pénuries écologiques (...) possédant les caractéristiques suivantes: de faibles émissions de CO2 et une gestion durable des ressources et qui est socialement inclusive. Dans la pratique, une économie verte doit entraîner une croissance du revenu et de l’emploi grâce à des investissements publics et privés qui ciblent une réduction des émissions de carbone et de la pollution, une amélioration de l’efficacité énergétique et de la gestion des ressources naturelles et une réduction de la perte de biodiversité (...) surtout pour les pauvres, sont la survie et la sécurité dépendent en grande partie de la nature. »  (PNUE, 2011, cité in Gendron, 2015: p. 69-70)

La notion a été critiquée comme appartenant à un capitalisme, une marchandisation et un consumérisme vert, insensible à des réformes sociales jugées par certain.e.s comme nécessaires, en concentrant ses appels et ses revendications vers les technologies vertes, l’éco-conception des produits dans un contexte de compétition internationale et axée sur une conception purement comptable de la performance. Cette critique a notamment été formulé par le Réseau Intercontinental de Promotion de l’Économie Sociale et Solidaire (RIPESS) lors de sa déclaration tenue à l’issue du sommet Rio + 20 en 2012.

Source

Merino-Saum, A. et. al., (2020). Unpacking the Green Economy concept: A quantitative analysis of 140 definitions, Journal of Cleaner Production, Volume 242, 18 p. Gendron, C. (2015). Sociologie de la transition écologique: quelle société post-écologique? Cahiers de recherche sociologique, Numéro 58, Hiver 2015, pp. 55-72 RIPESS (2012). L’Économie dont nous avons besoin: Déclaration du mouvement de l’Économie Sociale et Solidaire à Rio+20, http://rio20.net/wp-content/uploads/2012/08/2012_declaration_ripess_rio_... , consulté le 3 février 2020 Luederitz, C., Abson, D. J., Audet, R. et Lang, D. (2017). Many pathways toward sustainability: not conflict but co-learning between transition narratives, Sustainability Science, pp. 393-407, https://link.springer.com/article/10.1007/s11625-016-0414-0 Favreau, L. et Hébert, M. (2012). La transition écologique de l’économie: la contribution des coopératives et de l’économie solidaire, Presses de l’Université du Québec, Collection ‘Initiatives’.

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25 janvier 2023 16:52

Modification

25 janvier 2023 16:52

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