Privilège

Jouissance de libertés, droits, avantages, accès ou possibilités dont bénéficient les membres du groupe dominant dans une société ou dans un contexte donné, habituellement non reconnus et tenus pour acquis alors que les mêmes libertés, droits et avantages sont refusés aux groupes marginalisés, désavantagés et moins valorisés.

La notion de privilège désigne un effet systémique par lequel une personne à accès plus facilement à des ressources que d’autres personnes qui elles ne sont pas privilégiées. La personne qui bénéficie d’un privilège n’en a pas nécessairement conscience. C’est un effet de système.

Par exemple, un homme pro-féministe qui se présente à un emploi possède un privilège social en général par rapport aux femmes qui se présentent sur le même emploi. L’organisation d’un système de privilège conduit à une situation d’oppression sociale. 

Le privilège se distingue de l’avantage, car il désigne un statut préférentiel, qu’on peut assimiler à un droit informel dont bénéficie un groupe spécifique au détriment d’un autre. Les privilèges ne sont pas acquis, innés ou mérités. Ils sont perpétués par des modes d’organisation sociale formant un système qui est mis en place par des personnes qui bénéficient le plus de privilèges et qui sont en position de pouvoir. Ainsi, des privilèges sont octroyés par la société aux personnes appartenant à des groupes dominants, qu’elles le souhaitent ou non, ainsi qu’aux personnes qui ne sont pas limitées par des handicaps physiques ou mentaux. La plupart du temps, les personnes privilégiées jouissent de ces avantages et des opportunités qui en découlent sans même s’en rendre compte puisque le privilège opère souvent de manière invisible sur les plans personnel, interpersonnel, culturel, institutionnel et structurel.

Il est important de noter que si certaines personnes bénéficient d’avantages non acquis, d’autres sont victimes de désavantages non mérités en raison de leur appartenance à certains groupes et du contexte dans lequel ils ou elles se trouvent. Par ailleurs, dire qu’une personne a des privilèges en raison de sa race ou de son genre ne signifie pas que celle-ci ne rencontrera pas d’obstacles dans sa vie. Cela veut plutôt dire que les obstacles rencontrés par cette personne ne seront pas liés à son genre ou à la couleur de sa peau. En d’autres mots, les privilèges peuvent générer à la fois des dynamiques de favoritisme et d’exclusion. Ainsi, « une femme blanche bénéficie de privilèges sur la base de la couleur de sa peau, mais peut aussi subir le sexisme et être désavantagée en tant que femme, travailleuse, lesbienne ou personne vivant avec des limitations fonctionnelles [ou avec un statut migratoire précaire] » . (Ligue des droits et libertés, 2017)

Au Québec, on peut entre autres reconnaître que des privilèges sont détenus par les personnes qui font partie des groupes sociaux dominants suivants (liste non exhaustive) : personnes blanches; sans handicap; hétérosexuelles; de sexe masculin; issues de milieux économiquement aisés et ayant un statut migratoire formel. On peut également avoir des privilèges sur les plans géographique et technologique. Par exemple, le fait d’habiter dans un pays qui n’est pas en guerre est un privilège. De plus, le fait d’avoir accès à une bonne connexion Internet et de posséder un téléphone portable est aussi un privilège. e référence de en Éducation à enneté mondiale À éviter coconstruction lexique issue d’autres instances de l’AQOCI 51 Lexique de la solidarité internationale de l’AQOCI

Dans la pratique

Pour être en mesure de reconnaître ses privilèges, il faut d’abord réfléchir à ce qu’on tient pour acquis et ce qui ne l’est pas nécessairement pour les autres (par exemple, le fait de pouvoir critiquer le gouvernement de son pays sans craindre de représailles). Il faut aussi réfléchir à l’origine de nos privilèges et aux façons dont ceux-ci peuvent être mis à profit pour combattre les discriminations à différents niveaux et rééquilibrer les relations sociales. La reconnaissance des privilèges doit nécessairement aller de pair avec les responsabilités qui en découlent afin de mettre en place des relations qui soient véritablement plus équitables et réciproques entre les OCI et leurs partenaires. De plus, « c’est en portant attention aux façons dont le privilège se manifeste dans nos vies, en le nommant et en le rendant visible, qu’il est possible d’ouvrir des espaces de vérité et de réflexion critique afin d’en arriver à un partage plus juste des espaces sociaux, économiques et politiques usurpés aux personnes et communautés marginalisées et déshumanisées par le racisme. » (Projet d’accompagnement Québec-Guatemala, 2016, p.6)