Sud global, Sud globalisé, Sud mondialisé, les Suds

L’expression « Sud global, Sud globalisé, Sud mondialisé » est de plus en plus utilisée par le milieu de la coopération internationale et de la solidarité internationale, mais il n’existe pas de consensus sur sa définition ni de liste permettant d’identifier quels territoires et nations en font partie. Bien que la majorité d’entre eux se trouvent dans l’hémisphère Sud, les pays du « Sud global » peuvent se trouver tant au sud géographique qu’au nord géographique. Si ces pays sont regroupés au sein de cette même catégorie, c’est parce que leur produit intérieur brut (PIB) par habitant et leur indice de développement humain (IDH) sont plus faibles. Par opposition, l’expression pays du Nord global fait référence aux pays dont le PIB et l’IDH sont élevés. Toutefois, selon cette définition, plusieurs considèrent que le Sud global devient un simple synonyme des expressions « pays en développement » ou « pays sous-développés », pourtant considérées comme désuètes. En effet, cette façon de catégoriser les nations repose sur des indicateurs socio-économiques descriptifs qui ne permettent pas de mettre en lumière les impacts de la globalisation et de la colonisation sur les rapports d’exploitation et d’oppression entre le Nord global et le Sud global.

Pour celles et ceux qui souhaitent rendre visibles les déséquilibres de pouvoir internationaux, les expressions « Sud global » « Sud mondialisé » et « Sud globalisé » décrivent une position occupée par certains États, mais aussi par certaines nations qui ne sont pas délimitées par des frontières étatiques (par exemple : les peuples autochtones). Ces espaces sont marqués par d’importants enjeux politiques, économiques et sociaux et, de manière générale, ils ont été historiquement colonisés. Quant aux pays et territoires du Nord global, ils occupent une position avantagée dans l’ordre mondial et le système capitaliste global. Il ne s’agit donc pas d’une dichotomie purement géographique, mais d’un positionnement dans les rapports de pouvoir mondiaux marqués par de profondes inégalités entre le Sud global et le Nord global. Sous la catégorie « Sud global », on retrouve une multitude d’espaces culturellement diversifiés, mais partageant des conditions socio-économiques, géopolitiques et historiques similaires, rendant utile une telle nomenclature. Cadre de référence de ’AQOCI en Éducation à a citoyenneté mondiale À éviter coconstruction lexique issue d’autres instances de l’AQOCI 45 Lexique de la solidarité internationale de l’AQOCI

D’un point de vue analytique, ces expressions permettent d’aller au-delà d’une vision statocentrée des rapports Nord/Sud, puisque les inégalités à l’intérieur des frontières étatiques sont prises en compte. Par ailleurs, l’expression au pluriel « les Suds » est de plus en plus utilisée afin de marquer la diversité de situations dans le monde. Il y aurait des Suds socio-économiques dans le nord géographique et des Nords socio-économiques dans le sud géographique. Par exemple, bien que le Canada soit généralement considéré comme faisant partie du Nord global, les peuples autochtones du Canada peuvent être considérés comme faisant partie des Suds en raison de leur situation économique, sociale et politique fortement désavantagée par rapport au reste du pays.

À l’heure actuelle, les expressions « Sud global », « Sud globalisé/ mondialisé » ou « les Suds » sont considérées comme les plus neutres dans le milieu de la coopération et de la solidarité internationales. Cependant, pour certain-e-s, l’usage de ces expressions demeure stigmatisant puisque le Sud global est considéré comme étant en position d’infériorité par rapport au Nord global.