Pour en finir avec la transition !

Ce billet s’inscrit dans les rencontres Sans Transition et présente les messages portés par la jeune militante écologiste radicale Lena Lazar .

Quand on lui demande pourquoi elle revendique le terme Sans Transition, alors qu’on a passé tant d’années à tenter de l’imposer, elle répond du tac au tac:

« Sans transition, parce qu’il y a urgence et qu’on ne peut plus attendre »

Elle explique que depuis déjà plusieurs années, on a des initiatives qui misent sur une transition grassroot, des alternatives joyeuses, apolitiques… mais que force est de constater que rien de tout cela n’a fonctionné.

Pour la militante, historiquement, il n’y a jamais eu de changement sans lutte. Que ce soit pour l’émancipation des femmes, le mouvement des droits civiques aux États Unis, toutes ces luttes ont nécessité de grandes mobilisations dans les rues et des actions plus directes.

La transition écologique, telle qu’elle nous est vendue aujourd’hui par les pouvoirs économiques et politiques, incarne des solutions qui ne font que reproduire le problème. Que l’on parle de capitalisme vert ou de croissance verte, dans les deux cas on ne remet pas en question un système qui carbure à la croissance et à la destruction du monde.

Or l’urgence climatique exige de profonds bouleversements dans la façon dont nous répondons à nos besoins sociaux: se nourrir, se loger, se déplacer, etc. Avec l’ampleur des réductions des GES que nous avons à réaliser, la société ne peut tout simplement plus continuer comme avant.

Elle est également très critique quant au terme « transition énergétique ». En effet, même si on nous vend l’idée que l’on produit de plus en plus « d’énergie verte », historiquement on constate que l’on consomme toujours plus d’énergie. Les énergies renouvelables ne viennent pas se substituer à des énergies fossiles, elles ne font que s’y rajouter.

Initiatives radicales

Pour Lena, l’écologie ne se résume pas avec des chiffres. La structure politique fait également partie du problème. C’est pourquoi elle considère que nous avons besoin d’aller vers un municipalisme libertaire qui soit ancré dans les territoires.

Nous avons besoin d’initiatives radicales. Nous avons besoin de mettre sur pied des manifestations locales qui vont rallier les milieux paysans, les mouvements écologistes et les habitant.e.s des régions.

Encore une fois, les luttes locales sont perçues comme l’échelle la plus stratégique, car c’est une échelle à laquelle on peut gagner des batailles. Une échelle à laquelle on peut créer une culture de la résistance. Pour la militante, toute la question des terres agricoles représente un enjeux stratégique:

« Plusieurs producteurs agricoles atteignent aujourd’hui l’âge de la retraite et veulent vendre leur terres. Il ne faut pas que ces terres soient reprises par l’agro-business. Il faut que ces terres deviennent des communs »

Comme nous le verrons au fil des prochaines présentations, la question agricole et de la (re)mise en commun de la terre est au cœur des stratégies mobilisées par la société civile partout dans le monde. Cela n’est pas étonnant quand on se rappelle que la société capitaliste a commencé à se mettre en place en expropriant les paysan.ne.s de leurs terres communales. Sans oublier que cette logique d’expropriation est toujours en cours, notamment dans de nombreuses régions du Sud global.

Crédit photo: ERIC GARAULT / PASCO POUR « LE MONDE »