Résumé de la rencontre #7 sur l'accessibilité et le numérique

L’accessibilité du numérique - Résumé de la rencontre #7 de la table sur le numérique et le communautaire

La table de concertation sur le renforcement des capacités numériques

Cette table, mise sur pied dans le cadre du programme Dataide, a réunit une trentaine de personnes et organisations étant impliquées dans ou ayant un intérêt pour le soutien à la transformation numérique des organismes communautaires au Québec de mars 2023 à mai 2024.

Les constats

  • L’accès au matériel informatique est la première barrière à franchir en termes  d’accessibilité.
  • L’accessibilité renferme des dimensions variées qui touchent des populations ayant un spectre de besoins large et différent.
  • Encore trop peu de sites web respectent les normes et standards en matière d’accessibilité.
  • L’accessibilité et la sécurité entrent parfois en conflit.
  • L’intelligence artificielle s’avère être un outil intéressant en termes d’accessibilité, mais il faut nuancer sa portée.

Le contexte québécois

Adoptée en 2011 par le Conseil du trésor, la SGQRI 008-2.0 définit les standards en accessibilité (des sites web, des documents téléchargeables et du multimédia). Ces standards qui ne s’appliquaient qu’aux produits gouvernementaux concernent désormais (depuis 2018) aussi le domaine de la santé et de l’éducation.

L’accessibilité du numérique est traitée différemment à travers le monde. En Ontario par exemple, il y a une structure beaucoup plus rigide qui fait en sorte que toutes les organisations de 50 employé·es ou plus sont tenues de rendre leur contenu accessible. Le Québec est donc un peu plus laxiste en matière d’accessibilité et une loi pour les droits à l’accessibilité est fortement attendue par le milieu.

Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) a analysé sous l’angle de l’accessibilité 1000 sites web québécois en 2019. Il en ressort que seulement 28% des sites web d’organismes communautaires ont obtenu la note de passage en accessibilité et que les organismes philanthropiques font encore moins bonne figure que le communautaire avec seulement 12,5%.

RAAMM

Les besoins, les retombées et les freins

La première barrière à l’accessibilité est d’ordre matériel ; pour interagir avec le numérique, il faut d’abord pouvoir se doter de matériel informatique. Pour plusieurs personnes, cette barrière (non négligeable) sera la seule à surmonter, mais 1 personne sur 3 mentionne vivre avec une incapacité (limitations motrices, auditives, visuelles, cognitives, etc.). Rendre un site web accessible permet par ailleurs d’aider les personnes avec un faible niveau de lecture, les allophones, les personnes vieillissantes, peu familières avec le web ou encore des personnes vivant une incapacité temporaire ou situationnelle.

Les retombées d’une plus grande accessibilité sont concrètes et ne touchent pas seulement les personnes utilisatrices. Pour l’organisation, ça veut souvent dire un accroissement de la clientèle, mais ça peut aussi dire plus de main-d’œuvre. Des bénévoles entre autres qui pourraient se heurter à moins de barrières dans la collaboration avec l’organisation si les structures numériques étaient plus accessibles. L’accessibilité devient donc un atout intéressant en contexte de pénurie de main-d’œuvre. 

La sécurité et l’accessibilité entrent parfois en compétition. Les pop-ups de consentement et les captchas de protection (test pour différencier les humains des ordinateurs) peuvent être des barrières pour les personnes avec des limitations. Il faut cependant garder une vue d’ensemble lorsqu’on fait face à ces dilemmes. Émilie Viau du RAAMM donne l’exemple d’une personne qui doit effectuer des opérations financières en ligne. Si les sites web ne sont pas suffisamment accessibles et qu’elle n’arrive pas à faire les transactions voulues par elle-même, il est possible qu’elle partage ses informations personnelles à un tiers créant ainsi une brèche de sécurité importante.

Des opportunités à saisir!

La refonte d’un site web est l’occasion de repenser l’accessibilité de ses structures numériques. Il est important de planifier l’accessibilité dès le début du projet : inclure les requis d’accessibilité dans l’appel d’offres et le cahier des charges et identifier les éléments (compétences appropriées) qui vont favoriser l’accessibilité. Il faut ensuite s’assurer de l’accessibilité tout au long du développement du site web.

Les outils

L’intelligence artificielle (IA) est un outil prisé qui peut s’avérer très utile dans certaines situations. Il faut cependant nuancer sa portée. À l’heure actuelle, l’IA ne permet pas de fournir un contexte ou une intention à une image pour une personne malvoyante par exemple. La capacité de l’IA à extraire de l’information d’un site web et de la relayer correctement aux personnes ayant des limitations dépend beaucoup de la construction et de la structure du site web. Un site web fait selon les normes d’accessibilité permettra à l’IA d’extraire l’information beaucoup plus facilement. Au-delà de l’intelligence artificielle,  il faut aussi repenser nos pratiques au quotidien et l’accessibilité de nos plateformes numériques.

La formation et la sensibilisation deviennent donc des éléments clé pour une plus grande accessibilité. Les normes et les standards d’accessibilité sont des outils, mais pas une finalité. Ça ne se résume pas à une liste à cocher. L’accessibilité est une approche centrée sur l’utilisateur (capacité de prise en main). Il y a par ailleurs plusieurs petits gestes au quotidien qu’on peut faire pour favoriser l’autonomie des utilisateur·trices ayant des limitations (le choix de police, la structure d’un texte, les hyperliens, les signatures avec image et texte, etc.).  À cet effet, le RAAMM offre plusieurs formations et ateliers pour mieux inclure et interagir avec des personnes aveugles et malvoyantes ainsi que pour la création de sites web accessibles.

**Une formation en accessibilité numérique sur mesure pour les organismes communautaires vient d’ailleurs d’être lancée par le RAAMM. La prochaine cohorte commence le 21 mars 2024 et s’échelonne sur quinze semaines pour se terminer le 27 juin. Les personnes désireuses de s’inscrire à cette formation ont jusqu’au 14 mars pour s'inscrire en contactant Aude Capra, adjointe à la direction générale par courriel : acapra@raamm.org; ou au téléphone : 514 277-4401, poste 105.

note Linked note(s)

diversity_3Linked organization(s)

padding Linked notebook(s)

file_copy 9 notes
Résumés des rencontres de la table sur la transformation numérique du secteur...
file_copy 9 notes
person
Include by Gabriel Salathé-Beaulieu, on Feb. 21, 2024, 12:36 p.m.
file_copy 218 notes
Numérique et données - Enjeux, leviers et stratégies
file_copy 218 notes
person
Include by Gabriel Salathé-Beaulieu, on Feb. 14, 2024, 10:23 a.m.
category
Réfléchir et analyser, S'outiller, ESS, OBNL et plateforme coopérative, Fracture numérique, ruralité, exclusion

Author(s) of note

forumContact the author(s)

Linked community

Renforcement des capacités numériques des organismes communautaires

En commun profile

Community Passerelles

Praxis Notebook

forumDiscuss about note

Published

Feb. 13, 2024

Edited

July 15, 2024, 4:30 p.m.

Change history

Visibility

lock_open public

Quote this note

Caroline Côté, Gabriel Salathé-Beaulieu, Équipe Tiess. (2024). Résumé de la rencontre #7 sur l'accessibilité et le numérique. Praxis (consulted July 17, 2024), https://praxis.encommun.io/en/n/Boa595Y1-fqoNiirEyeFB29jGCI/.

shareCopy