Le paradoxe des communs? - Partie 1 / The Paradox of the Commons? - Part 1

Crédit image : Jamillah Knowles & We and AI / Better Images of AI / People and Ivory Tower AI / CC-BY 4.0

📝  Ce texte est extrait du document de proposition sur les communs soumis aux participant·es du 1er Symposium ArtIA. 

🔤  Le texte, originalement écrit en anglais, a été traduit en français par ChatGPT. La version originale suit la version traduite.

Le paradoxe des communs?

Beaucoup soutiennent que les trajectoires actuelles de l’IA sont déjà construites sur un ensemble varié de communs :

  • donnĂ©es partagĂ©es
  • savoirs publics
  • rĂ©seaux
  • infrastructures
  • ressources essentielles, comme la main-d’œuvre, l’énergie et les minĂ©raux

Sans ces communs, l’IA moderne, en particulier l’apprentissage automatique, serait impossible. Ainsi, plutôt que de se demander si un commun pour l’IA est nécessaire, nous devrions nous interroger sur le type de communs que nous souhaitons créer.

Doit-il refléter le modèle actuel de capitalisme extractif, où les communs ne sont pas utilisés pour être partagés mais pour fournir des ressources qui seront ensuite privatisées, transformées en marchandises et en profits, laissant ainsi nos ressources collectives épuisées? Ou devons-nous imaginer des formes de mise en commun plus durables, résilientes et réciproques qui soutiennent un bénéfice mutuel et une valeur à long terme?

Cette tension, souvent appelée « paradoxe des communs », révèle comment l’ouverture et le partage — des principes fondamentaux du numérique et d’Internet — alimentent à la fois l’innovation et l’exploitation. L’IA propriétaire développée par les grandes entreprises repose sur l’accumulation de données et de ressources provenant de nos communs naturels et numériques, tirant profit de la revente exclusive de ce qui nous appartenait collectivement.

Pourtant, ces mêmes principes d’ouverture et de partage permettent aussi l’existence d’un écosystème dynamique de logiciels libres, de données publiques, de savoirs ouverts (comme Wikipédia) et d’infrastructures matérielles (telles qu’Arduino). Ce paradoxe met en lumière le rôle complexe que joue l’IA générative en mettant au défi les valeurs qui sous-tendent les communs, en montrant que l’ouverture et le partage ne sont plus les seules valeurs à prendre en compte.

Une littérature croissante sur les communs numériques explore la manière dont ceux-ci peuvent favoriser la participation civique, la responsabilité et la réciprocité. Or, les régimes juridiques et de gouvernance existants, comme le droit d’auteur ou certaines formes indirectes de participation publique, semblent inadaptés aux défis fondamentaux posés par la mise en commun de l’IA et, plus largement, à un monde post-numérique.

Vers un commun pour l’IA dans la création numérique

Avec ces questions en tête, la première phase (2024-2025) du projet de recherche ArtIA : Vers un commun pour l’IA dans la création numérique explore des valeurs allant au-delà de l’ouverture et du partage, essentielles à la durabilité des communs.

  • Quels modes de gouvernance pourraient soutenir cette vision?
  • Quelles pratiques pourraient favoriser des relations durables, rĂ©silientes et rĂ©ciproques?
  • Comment aborder les dĂ©sĂ©quilibres de pouvoir et les inĂ©galitĂ©s historiques?
  • Comment reconnaĂ®tre la diversitĂ© et la particularitĂ© des pratiques de mise en commun sans perdre de vue les connexions plus larges?
  • Ces diffĂ©rentes formes de mise en commun, souvent pionnières chez des communautĂ©s marginalisĂ©es, peuvent-elles servir de rĂ©sistance aux forces dominantes qui façonnent le monde?
  • Et qui devrait ĂŞtre le·la gardien·ne de ces communs?

Le projet s’inscrit dans le contexte particulier de la création numérique au Québec et au Canada. Au Québec, malgré une récente annonce de soutien majeur à la créativité numérique—un secteur qui génère 1,2 milliard de dollars pour l’économie québécoise—l’utilisation de l’IA reste une question en suspens. Actuellement focalisées sur la génération d’images et de contenus audiovisuels, les discussions abordent à peine la redistribution et la reconnaissance du travail des artistes et l’impact de ces technologies sur leurs pratiques.

Pour répondre à ces enjeux, nous nous éloignons du terme créativité numérique, qui reflète une approche axée sur la production et souvent marchandisée d’expériences audiovisuelles, pour privilégier la notion de création numérique, qui met davantage l’accent sur les processus et pratiques créatives des artistes et créateur·ices, notamment en lien avec l’immersion, l’interactivité et la narration.

En s’ancrant dans des pratiques concrètes, ce projet adopte une approche ascendante. Plutôt que de partir d’une vision préétablie de ce que devrait être un commun pour l’IA en création numérique, nous explorons d’abord les valeurs, pratiques, outils et infrastructures déjà existants dans nos réseaux qui pourraient façonner un tel commun. Comme le suggèrent McKelvey et Simon, l’accent est moins mis sur « les communs » eux-mêmes que sur les formes et pratiques existantes de communs.

En utilisant des méthodes d’analyse situationnelle, cette approche met en lumière le contexte unique de la création numérique au Québec et au Canada, tout en identifiant les spécificités locales et les résonances avec d’autres communautés. Cela permet également de révéler les lacunes théoriques et pratiques qu’un commun de l’IA en création numérique pourrait combler, préparant ainsi la deuxième phase du projet (2025~).

En intégrant le projet dans les pratiques créatives numériques, les arts sont un terrain d’expérimentation fertile pour des méthodes et des approches alternatives. Les pratiques et les praticien·es de la création numérique imprègnent d’autres secteurs, étendant potentiellement les pratiques communes au-delà du domaine lui-même.

➡️  Lisez la note Le paradoxe des communs? - Partie 2 pour découvrir l'état d'avancement du projet, de ses débuts jusqu'à novembre 2024

---------------------------------------------------------------------------------------------------------

📝  This text is taken from the proposal document on the commons submitted to participants of the 1st ArtIA Symposium.

The Paradox of the Commons?

Many argue that current trajectories of AI today are already built upon a diverse set of commons:

  • shared data
  • public knowledge
  • networks
  • infrastructures
  • critical resources like labor, energy, and minerals.

Without these commons, modern AI, particularly machine learning, would be impossible. So rather than asking if a commons for AI is needed, we should ask what kind of commons we want.

Should it reflect the current extractive necrocapitalist model, where commons are needed not for sharing but as providing the resources to be privatized, commodified and turned into profit, leaving what we originally had in common depleted? Or are we envisioning more sustainable, resilient, and reciprocal ways of commoning that support mutual benefit and long-term value?

This tension, often referred to as the "paradox of the commons", reveals how openness and sharing—principles foundational to the digital commons of the internet—fuel both innovation and exploitation. Big tech’s proprietary AI depends on accumulating data and resources from our natural and digital commons, profiting by reselling what was collectively ours as exclusive, value-added commodities.

Yet, the same principles of openness and sharing also enable a vibrant ecosystem of open-source software, public data, knowledge (like Wikipedia), and material infrastructures (such as Arduino). This paradox highlights the complex role generative AI plays in challenging the values that underpin the commons with openness and sharing not being the sole values to account for anymore.

A growing literature surrounding the (digital) commons is exploring questions surrounding the commons as a waytothink about civic participation, a way of accountability which at the same time requires responsibility and reciprocity to flourish. Existing legal and governance regimes, such as copyright law or indirect forms of public participation, appear unfit to address these fundamental challenges posed to the idea and implementation of commons in AI and more broadly in a post-digital world.

Towards a Commons for AI in Digital Creation

With these questions in mind, the first phase (2024-2025) of the research project ArtIA: Towards a Commons for AI in Digital Creation explores values beyond openness and sharing essential for a sustainable commons.

  • What governance modes could support this vision?
  • What practices could foster sustainable, resilient, and reciprocal relationships?
  • How can historical power imbalances and inequities be addressed?
  • How can we recognize the situatedness, diversity and particularity of commons practices without losing sight of broader connections?
  • Can these diverse forms of commoning, pioneered by many marginalized communities, serve as resistance to dominant forces in reshaping the world?
  • And who should be the stewards of such a commons?

The project does so from the very particular standpoint of digital creation in response and relation to Quebec and Canadian histories of digital creativity. In Quebec, despite a recent announcement of major support for digital creativity—an industry contributing 1.2 billion Canadian dollars to Quebec’s economy—the question of AI’s use remains unresolved. Currently focused on image and audiovisual content generation, discussions have barely touched on the redistribution and recognition of artists’ work and its relevance to this field’s unique practices.

To address these latter questions we aim to move away from the term digital creativity which represents an output-driven and oftentimes commodified approach to creativity with the production of audiovisual experiences or interventions. We rather shift our focus to digital creation, which is not limited solely to the production of audiovisual objects but centers the creative processes and practices of artists and creators that are related to experience, such as immersion, interactivity, and storytelling.

Grounding the project in concrete practices allows for a bottom-up development approach. While informed by current conversations on digital and AI commons, we use these discussions merely to identify key questions and gauge whether our research aligns with prevalent concerns. Rather than starting with a predefined vision of what an AI commons for digital creation should be, we begin by exploring the values, practices, topics, tools, and infrastructures already present within our networks that might shape such a commons. As McKelvey and Simon ( ) suggest, the focus is less on "the commons" itself and more on existing forms and practices of commoning.

Using methods of situational analysis, this approach highlights the unique context of digital creation in Quebec and Canada, identifying both local specificities and broader resonances with other communities. It also helps reveal theoretical and practical gaps that a commons for AI in digital creation might address, setting the stage for phase 2 of the project (2025~).

Framing the project within digital creative practices leverages the arts as a rich testing ground for alternative methods and approaches. The practices and practitioners in digital creation permeate other industries, potentially extending commoning practices beyond the field itself.

➡️  Read the note The Paradox of the Commons? - Part 2 to find out the progress of the project, from its beginnings until November 2024

noteLinked notes

bookmarkLinked term(s)

paddingNotebooks that include this note

Tous les savoirs répertoriés par Cultiver les communs
file_copy 164 notes
person
Integrated by Marie-Soleil L'Allier, on April 10, 2025, 1:34 p.m.
category
Réfléchir (rapport, analyse, veille, opinion), Numérique (logiciel libre, plateforme)
Réflexions de la SAT sur l'IA et les communs / SAT thoughts on AI and commons
file_copy 3 notes
person
Integrated by Frédérique Dubé, on Feb. 13, 2025, 11:23 a.m.

grid_viewLinked knowledge base

Author of note

forumContact the author

forumDiscuss about note

Published

Feb. 10, 2025

Edited

Feb. 22, 2025, 9:08 p.m.

Change history

Visibility

lock_open public

Quote this note

Frédérique Dubé. (2025). Le paradoxe des communs? - Partie 1 / The Paradox of the Commons? - Part 1. Praxis (consulted May 21, 2025), https://praxis.encommun.io/en/n/GE5bwfF7kzO7c1iNGGLErpRNIto/.

shareCopy