Les luttes pour le commun

Cette note est écrite dans le cadre du colloque Politique des communs, organisé par le CRITIC lors de l'ACFAS 2024.

À la fin du congrès de l'ACFAS, un ami m'a dit : "votre colloque sur les communs était beaucoup plus convivial que les autres!". À ce moment là, j'ai réalisé qu'il y avait effectivement quelque chose de l'ordre de l'Amitié qui planaît dans l'air et dans nos interactions, y compris avec les personnes que nous ne connaissions pas. J'aime penser que ce sentiment d'amitié vient du fait que nous partageons la même envie, le même affect, le même "cri" : celui de voir et de vivre un monde qui s'habite en communs, avec la communaulité comme forme de vie.

Sur le fonds, une réflexion m'a habitée durant les deux jours du colloque. 

Si l'on conceptualise les communs comme une des réponses à l'accaparement du monde, à la domination de l'État et du Capital, à la dépossession du "monde vécu" (comme dirait Gorz), à l'offensive néolibérale sur les modes de vie relationnels...

...Alors il serait limitant de les voir comme des "initiatives". Peut-être devrions parler de "luttes pour le commun", afin de reconnaitre l'attaque en cours sur le commun et la communalité ; afin de reconnaitre l'aspect vital de cette défense ?

Cela permettrait de voir tout acte de défense, de reprise et de création de communs comme un acte de résistance à ce phénomène d'accaparement. En reconnaissant qu'il existe différentes manières de résister et qu'il y a un rôle pour tout le monde dans cette résistance. 

Il s'agirait alors de multiplier les lieux de résistance qui articulent la vie et la lutte pour le commun. Tout cela dans l'optique de contrer l'accaparement et de développer des "nouvelles manières politiques d’habiter et de produire, hétérogènes à l’État et indifférentes à la logique destructrice du capital" (Kristin Ross, 2023). 

Formulée comme cela, l'intersection entre le mouvement des communs et les autres mouvements/luttes semble plus faciler à dessiner.