Pour changer le monde, il faut changer nos médias – Entretien avec Noam Chomsky

(Entrevue réalisée par The Nation en août 2021 et traduite par les lecteurs du site Les-Crises)

Pour Chomsky, malgré la popularité des nouvelles plateformes telles Facebook ou Instagram, les sources d’informations demeurent toujours les mêmes "New York Times, le Washington Post, le Financial Times, etc. C’est de là que viennent les informations."

Pour Chomsky, le principal effet des réseaux sociaux est de nous enfermer dans des "bulles" et de réduire la diversité des informations auxquelles nous avons accès.

Si d’une part il consent que l’on assiste à un déclin des médias - réductions du nombre de média ou du moins de la qualité de leurs analyses et reportages - d’autres parts, il souligne l’impact majeur que l’activisme populaire a eu sur les grands médias. Notamment sur la façon dont les États-Unis comprennent et analysent les choses. Par exemple, dans le New-York Time du jour on retrouvait «un article important sur les atrocités commises par le Canada à l’encontre de la population indigène, le meurtre de centaines d’enfants, voire de milliers d’enfants, dans des pensionnats administrés par des catholiques, d’où ils ont été essentiellement enlevés et placés de force dans ces écoles de rééducation. Dans les années 1960, on ne pouvait même pas en parler. (...) Tout a radicalement changé, et c’est vrai à chaque numéro »

Lorsqu’on lui demande ses idées sur un système médiatique non capitaliste, il y voit deux avenues. D’abord, le financement par l’État, de médias publics, libres et indépendants. Pour Chomsky, c’est là une voie envisageable dans le cadre actuel des institutions. Par la suite, il envisage la réactivation d’une presse ouvrière indépendante. Très active jusque dans les années 50, plusieurs travaux, analyses, discussions fort pertinentes étaient produites par des travailleurs.euses peu ou pas éduqués. Pour Chomsky, il pourrait être envisageable de réactiver une telle forme de médias.

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La lecture de cet entretien fait prendre conscience de l’importance d’une presse indépendante, diversifiée et ancrée dans les mouvements sociaux émancipateurs. Si, comme le suggère Chomsky, l’activisme populaire est parvenu à créer des changements radicaux dans la couverture médiatique des grands médias, peut-être serait-il temps qu’une partie du financement publique de nos médias soit utilisée pour permettre à ces mêmes mouvements de créer leur propre presse indépendante.

En attendant, il est toujours possible de soutenir PIVOT !

Crédit photo: AbsolutVision @freegraphictoday

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