Cette note collige les savoirs qui ont été récoltés lors de l'activité Comment valoriser les savoirs expérientiels des jeunes et des personnes marginalisées?, qui s'est déroulée lors de la Journée des savoirs ouverts 2024.
Résumé de l’activité
L'atelier, animé par Myriam Lepage-Lamazzi, Demetry Cloutier et Delphine Lalande-Levac, respectivement coordonnatrice, intervenant social et responsable communication et mobilisation du Mouvement Jeunes et santé mentale, s'est concentré sur l'importance de reconnaître et de diffuser les savoirs expérientiels des jeunes dans le domaine de la santé mentale. Le Mouvement Jeunes et Santé Mentale, fondé en 2006, agit pour et par les jeunes concerné·es, en collaboration avec des allié·es, pour offrir une alternative à l'approche biomédicale, dominante en santé mentale, qui tend à prescrire systématiquement des médicaments, souvent sans stratégie d'arrêt ni planification adaptée.
Objectifs de l'atelier
- Sensibiliser aux savoirs expérientiels et à leur importance dans les démarches de santé mentale
- Identifier les obstacles de diffusion des savoirs des jeunes et des personnes marginalisées
- Explorer des stratégies pour intégrer ces savoirs dans des réseaux plus larges
Contexte et enjeux abordés par le Mouvement
Les animateurices ont partagé les quatre grandes recommandations du Mouvement, visant une approche qui place les jeunes au centre de leur démarche en santé mentale :
- Aborder les enjeux de santé mentale dans les problématiques sociales globales.
- Favoriser une implication réelle des jeunes, au-delà de la consultation ponctuelle.
- Rendre les services accessibles pour tous.
- Reconnaître et respecter les droits des jeunes.
Le Mouvement prône une approche qui ne se limite pas à la médicalisation et à la prescription de médicaments, mais qui valorise une diversité de méthodes d'accompagnement (art thérapie, sport, approches méditatives, etc.).
Stratégies de diffusion et défis
Les intervenant·es ont présenté des capsules vidéo cocréées avec des jeunes, visant à sensibiliser le public et les professionnel·les de la santé aux enjeux de santé mentale vécus par les jeunes. Malgré la variété des plateformes de diffusion utilisées (réseaux sociaux, groupes de parents, ordres professionnels), les capsules peinent à atteindre une audience large et diversifiée, en particulier en dehors des réseaux traditionnels.
Les obstacles identifiés par les intervenant·es incluent :
- La saturation du système de santé et le manque de relais pour diffuser ces savoirs au sein de la profession.
- L’absence de budget pour la promotion et le besoin de vulgariser le vocabulaire sans en perdre la signification.
- Le défi de surmonter le jargon de la santé mentale pour toucher un public plus large.
Pistes de solutions : recommandations issues des discussions
Dans les discussions en sous-groupes, les participant·es étaient invité·es à échanger sur leurs propres stratégies de diffusion des savoirs (quelles actions menez-vous déjà et qui fonctionnent bien ?) et à explorer de nouvelles pistes créatives pour surmonter les obstacles à la diffusion. Iels étaient ensuite encouragé·es à partager un élément surprenant ainsi qu’une stratégie «superstar» issus de leurs échanges.
Plusieurs idées et stratégies ont émergé pour contrer les défis de diffusion des savoirs.
Mais avant, parmi les choses surprenantes qui ont émergées des discussions :
- La difficulté à cibler le public cible, soulignant la complexité de trouver des approches adaptées.
- Découverte d’éléments inspirants, dont le « courtage de connaissance », suscitant la curiosité d'en apprendre davantage. Ce terme désigne l'activité de connecter différentes sources de savoirs avec des publics cibles pour faciliter la circulation et l’utilisation des connaissances. Également, la découverte de Télé-Québec en classe : une ressource accessible, bien établie et largement utilisée.
- Le ton positif des narratifs des capsules, en contraste avec la gravité des enjeux abordés.
- Nos solutions convergent autour de stratégies proactives pour la diffusion des savoirs.
- L’importance de décloisonner et créer des ponts entre le secteur des jeunes et celui de la santé adulte est apparu comme une piste à explorer.
Les stratégies «superstar» identifiées :
- Miser sur la création de liens informels pour rejoindre les gens, car cela facilite la mobilisation et la diffusion, bien que ce soit un travail de longue haleine.
- Se tourner vers des médiums traditionnels comme l'émission de Pénélope à Radio-Canada ou les chroniques de Lagacé à La Presse pour élargir la portée.
- Ajouter une offre de ciné-discussion où la capsule vidéo est diffusée publiquement et devient ensuite un support de discussion.
- Recycler les contenus dans divers formats, en utilisant des outils comme ChatGPT pour adapter et enrichir les supports de diffusion.
- Créer un dialogue entre les allié·es, même en présence de postures militantes, pour transformer le débat en actions concrètes et diffuser de manière plus efficace.
- Ouvrir le dialogue avec les professionnel·les, en dépassant les reproches pour trouver ensemble des pistes d’amélioration.
Conclusion
L'atelier a permis de souligner l'importance d'intégrer les jeunes comme acteurices central·aux dans la démarche de santé mentale. Pour avancer vers une diffusion plus efficiente et créer des changements durables, il est essentiel de bâtir des relations de confiance, de décloisonner les échanges et de multiplier les canaux de diffusion pour que les savoirs expérientiels soient réellement reconnus et valorisés.