Le contenu de cette note provient de « Comprendre sans coller d'étiquettes : étude qualitative sur les préjugés et la stigmatisation envers les personnes en situation de vulnérabilité dans la MRC de La Côte-de-Gaspé » réalisée par l'Alliance pour la Solidarité en 2016.
Destinée aux dirigeant·es des municipalités, le projet d'étude en est un de sensibilisation.
À l’automne 2015, le Comité de Lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale (CLPES) de la Municipalité régionale de Comté (MRC) de La Côte-de-Gaspé a engagé une chargée de projets pour étudier la question des préjugés envers les personnes en situation de vulnérabilité dans la MRC. Suite à cette recherche qualitative, qui aura duré quatre mois, une campagne de sensibilisation envers les préjugés sera menée dans l’ensemble du territoire. Le projet se terminera à la fin du mois de mai 2016.
L'étude établit un rapport des constats récoltés sur le terrain par la chargée de projets. Faute de temps suffisant, il ne s’agit pas d’une recherche qui permet d’éclairer toutes les situations de stigmatisation sociale présentes sur le territoire. La recherche se concentre sur plusieurs exemples. Ce rapport présente également un plan de sensibilisation sur la question des préjugés qui sera mis en place au courant du printemps 2016.
📄 Le plan de sensibiliation est disponible pour consultation juste ici.
Le projet d’étude et de sensibilisation dans La Côte-de-Gaspé fait partie du plan d’action intégré de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale 2014-2016 de la MRC. Il est financé par l’Alliance pour la solidarité du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité Sociale et par le Secrétariat aux Aînés du Gouvernement du Québec.
Introduction
Encourager les personnes à aller chercher l’aide dont elles peuvent avoir besoin, lutter contre diverses formes de discriminations qui excluent, fragilisent voire mettent en danger : ce double objectif est au coeur de la lutte contre la stigmatisation sociale. Il se base sur le regard que nous pouvons poser sur notre propre situation et sur celui que nous aurions sur celle des autres.
Dans son plan d’action en santé mentale 2005-2010, le Ministère de la Santé et des Services sociaux intégrait la lutte contre la stigmatisation comme une donnée essentielle pour favoriser le bien-être et la meilleure prise en charge possible des personnes. On reconnaît la stigmatisation, incluant les préjugés, comme un facteur d’exclusion sociale. Le présent rapport de recherche ne fait pas exception à cette thèse, bien au contraire.
🔔 Les préjugés freinent voire réduisent les efforts mis en place pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale des personnes dans un territoire. Tels que les exemples recueillis sur le terrain le montrent, les préjugés peuvent rendre vulnérable.
Résumé de l'étude
La pauvreté et l’exclusion sociale sont deux conditions complexes et multiples qu’une personne peut vivre à plus ou moins long terme au cours de sa vie. On parle de « personne en situation de vulnérabilité ». Avec le temps, la personne présente des difficultés à répondre à ses besoins de façon autonome. Son estime d’elle-même, sa confiance et sa santé peuvent en pâtir.
Plus précisément dans la MRC de La Côte-de-Gaspé, c’est l'absence d'anonymat qui peut venir aggraver la stigmatisation sociale. On constate que dans les trois secteurs de la MRC (Gaspé, Murdochville, l’Estran) les communautés sont peu denses en termes de quantité de personnes présentes. En ce sens, les personnes se connaissent facilement (au contraire des situations d’anonymat présentes en milieux plus densément peuplés). De ces interconnaissances peuvent naître des sentiments de honte, de gêne pour avoir accès à de l’aide, mais également une stigmatisation menant à l’exclusion sociale.
Les situations de stigmatisation sociale étudiées sont les suivantes : violences conjugales, prévention des violences faites envers les enfants, immigration, troubles de l’apprentissage, dépendances, santé mentale, agressions à caractère sexuel, aide financière de dernier recours (Programme d’aide sociale et de solidarité sociale), logements et itinérance.
Méthodologie
La recherche présentée ici est qualitative. Il s’agit d’un terrain sociologique qui tend à montrer la complexité des situations vécues sans établir de pourcentages ni de moyennes. L’important ici est de saisir cette complexité.
Ce terrain s’est divisé en quatre types d’activités :
1. Des lectures pour appuyer les observations, majoritairement des recherches sociologiques traitant de la question de la pauvreté, de l’exclusion sociale, de la vulnérabilité et des préjugés parus après 2004. On retrouve aussi des documents produits par divers ministères du Gouvernement du Québec ou par des associations et regroupements venant en aide aux personnes;
2. La lecture d’articles de presse et de médias spécialisés en développement social, basée sur une revue de presse hebdomadaire constituée par le Comité consultatif régional de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
3. Des entrevues qualitatives semi-dirigées. En tout, près d’une trentaine d’entrevues ont pu être menées entre novembre 2015 et mars 2016. Elles ont permis de recueillir des récits de vie et des points de vue sur le sujet des préjugés envers des personnes en situation de vulnérabilité. Ces entrevues sont pour la plupart individuelles. À deux occasions, il a été possible de rencontrer une équipe de travail (deux à cinq personnes). Nous avons majoritairement rencontré des professionnels oeuvrant dans le domaine communautaire. Nous avons aussi rencontré des personnes qui ont partagé leurs propres expériences de vie;
Pour accéder aux grilles d'entrevues, consultez la note suivante.
4. La participation à des rencontres et des activités sur l’ensemble du territoire de la MRC durant l'automne 2015 et l'hiver 2016. Cette participation a permis de faire de l’observation participante, c’est-à-dire d’être actif et au coeur des discussions, tout en recueillant des éléments utiles au sujet de recherche.
Éthique de recherche
Étudier les préjugés dans des situations de vulnérabilité a exigé une certaine éthique de recherche. Puisqu’il s’agit de récits de vie de personnes et de points de vue, il était important d’établir un lien de confiance et de faire preuve d’ouverture, à titre de chercheur. En termes éthiques, nous nous sommes engagés à respecter l’anonymat des personnes dans la retranscription des entrevues et pour citer des propos dans ce rapport. Dans certains cas, et bien que la majorité des entrevues aient pu être enregistrées sur magnétophone, les personnes rencontrées souhaitaient préciser que l’exemple qu’ils donnaient ne devait pas être directement retranscrit ni être cité, même anonymement, dans la recherche. Ces demandes de confidentialité ont toujours été respectées.
À chaque début d’entrevue, nous expliquions aux personnes rencontrées les tenants et aboutissants de ce terrain de recherche, notre calendrier de travail, exprimions notre engagement à respecter l’anonymat et demandions l’accord de chacun pour enregistrer l’entrevue à des fins pratiques. Tous les enregistrements, une fois les retranscriptions terminées, ont été détruits.
Sur le terrain, nous avons adopté une attitude empathique. L’empathie permet à un chercheur de faire preuve d’ouverture quant aux informations qui lui sont transmises, de démontrer respect et compréhension sans pour autant chercher à se mettre à la place des personnes qu’il rencontre. À plusieurs reprises, les récits de vie qui nous ont été partagés pouvaient sembler difficiles à exprimer et suscitaient des émotions (tristesse) auprès des personnes rencontrées. Une attitude empathique permettait d’installer un lien de confiance.
Conclusion
Il est évident que le sujet de la stigmatisation dans la MRC de La Côte-de-Gaspé mériterait une étude sociologique exhaustive. En attendant, un premier tour d’horizon a pu être proposé. Il constitue un bon départ pour comprendre la place que peuvent occuper les préjugés sociaux, sensibiliser différents publics aux enjeux de solidarité et d’entraide et tenter de voir plus loin.
L’annonce du lancement du projet à l’automne 2015 avait suscité une bonne couverture médiatique. Nous devons maintenant présenter les suites de ce travail de recherche, en proposant des actions de sensibilisation dans l’ensemble de la MRC. Avec le support d’une communication médiatique stratégique, nous souhaitons maintenir l’intérêt suscité et amener divers publics à lutter contre la stigmatisation sociale.
Recherche effectuée par
Amandine Chapelle
Chargée de projet, Alliance pour la SolidaritéRapport adressée à
Comité de Lutte à la Pauvreté et à l'exclusion sociale de La Côte-de-Gaspé
📥 Télécharger l'étude intégrale
pdf Comprendre sans coller d'étiquettes : étude qualitative sur les préjugés et la stigmatisation envers les personnes en situation de vulnérabilité dans la MRC de La Côte-de-Gaspé Comité LPES 2016
En savoir plus
📙S'approprier certains concepts et théories des status sociaux
📗Éviter le piège de la stigmatisation
📘Accécer à des cas spécifiques aux territoires de La Côte-de-Gaspé