Faciliter les déplacements multimodes grâce aux données de mobilité

Comment les données peuvent-elles nous aider à transformer les déplacements urbains ?

Cet atelier a eu lieu le 13 mars 2025, à l'occasion de l'Expo Montréal en commun. Cette activité a permis aux participant·es de consolider leurs réflexions sur la mobilité multimodale et d’explorer des pistes concrètes pour imaginer des villes plus fluides, durables et accessibles à toustes.

Quatre projets inspirants issus de la démarche mobilité et collectivité de Montréal en Commun (MeC) ont été présentés. Les présentations, les discussions en plénière et en sous-groupe ont introduit des concepts clés comme les standards de données, les planificateurs de trajet ou encore les stratégies de valorisation, tout en identifiant des opportunités concrètes de réplication des projets MeC dans différents contextes locaux.

📌 Cette note fait partie de la synthèse des ateliers de l'Expo Montréal en commun qui a eu lieu le 13 mars 2025 au Palais des congrès de Montréal.

 

🎤 Panélistes et animateur·ices

Sonia Demers
Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM)

Sylvain Tousignant et Mathieu Séguin
Agence de mobilité durable de Montréal

Elsa Bruyère
Fabrique des mobilités du Québec (FabMob)

Catherine Brouillette
Service de l'urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal 

 

Quatre initiatives inspirantes

Le projet Concerto de mobilité intégrée

Porté par l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), le projet a pour but d'encourager les déplacements durables en facilitant l’accès aux transports collectifs. Le projet Concerto permet d'imaginer et de tester une offre de mobilité intégrée dans la région métropolitaine, en misant sur une approche centrée sur les besoins des usager·ères et une concertation étroite avec les acteur·rices du transport.

🚌 Axes principaux du projet 

• Concertation et collaboration avec les partenaires de la mobilité pour bâtir une vision partagée du service.
• Développement d’un planificateur de trajet personnalisé, capable d’offrir des itinéraires détaillés, tenant compte des préférences, de l’accessibilité et de l’intermodalité.
• Mise en place d’une tarification incitative pour simplifier l’embarquement et encourager le passage d’un mode à l’autre.
• Engagement actif des utilisateur·rices par la collecte de données d’usage, de retours qualitatifs et de données géolocalisées pour bonifier l’expérience.

🔑 Enjeux et apprentissages clés

Le projet met en lumière les défis liés à la gestion d’une grande quantité de données d’usage, essentielles pour offrir un service fluide, personnalisé et performant. Il s’appuie notamment sur l’analyse fine des parcours clients, les apprentissages issus de l’utilisation de la carte Opus, des études sur les modes de paiement, et la segmentation des profils usager·ères pour orienter les choix technologiques et opérationnels.

 

Système de gestion de la bordure de rue

Ce projet pilote porté par l'Agence de mobilité durable de Montréal (AMD) vise à repenser la gestion des bordures de rue (stationnements, zones de livraison, accès taxis, etc.) dans la métropole, en s’appuyant sur les données pour optimiser l’usage de l’espace public, tout en répondant aux besoins d’une diversité d’acteur·rices.

🏁 Objectifs et vision

• Développer une vision globale et systémique de la bordure de rue, intégrant à la fois les enjeux de mobilité, de logistique urbaine et d’aménagement.
• Favoriser la mutualisation des données et le partage d’informations entre les organismes publics, les citoyen·nes et les opérateurs de mobilité.
• Appuyer les décisions par une analyse fine des besoins des usager·ères, par exemple à travers le développement de vignettes numériques pour l’autopartage.

🗺️ Actions concrètes

• Création d’un inventaire des réglementations locales (types de permis, signalisation, systèmes de contrôle comme la lecture de plaque).
• Mise en ligne d’un portail de données interactif et cartographique, permettant de visualiser l’occupation de l’espace public.
• Invitation aux acteur·rices du secteur à documenter leurs cas d’usage pour enrichir la base de connaissances et orienter les ajustements futurs.

👤 Publics cibles

• Planificateur·rices urbain·es : pour mieux outiller les prises de décision liées à l’aménagement des rues et à la cohabitation des usages.
• Citoyen·nes : pour faciliter leurs déplacements et interactions avec l’espace public (ex. déménagements, accès aux transports partagés, livraison).

 

Intégration du taxi dans le planificateur de trajet

Porté par le Service de l'urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal ce projet a pour objectif d'intégrer les taxis dans l'offre globale de transport collectif afin de réduire les trajets en voiture solo.

🚕 Axes principaux

• Création d’un registre public des taxis accessible via un code source ouvert sur Github.
• Intégration des taxis indépendants à l’offre globale grâce aux obligations légales de connexion au registre.
• Expérimentation avec Transit (300 villes dans le monde) et collaboration avec la Ville de Montréal et FabMob.

📍 Enjeu

• Plusieurs offres de taxi gagneraient à être intégrées et rendues visibles pour les clientèles afin de favoriser leur utilisation. 

 

Vers une mobilité mieux documentée, interopérable et intégrée

La Fabrique des Mobilités (FabMob) joue un rôle clé dans l’écosystème de l’innovation en mobilité, en facilitant la standardisation, la documentation et l’ouverture des données pour améliorer la planification des services et renforcer la collaboration entre les acteur·rices du secteur.

📊 Objectifs et contributions

• Favoriser l’innovation ouverte en mobilité à travers la documentation des usages, des expérimentations et des apprentissages.
• Accompagner les parties prenantes dans une meilleure compréhension mutuelle des contraintes, besoins et opportunités, pour construire des standards communs.
• Soutenir le développement de données de qualité, essentielles pour intégrer de nouveaux services – notamment les taxis et le transport à la demande – dans les planificateurs de trajet.

📲 Collaborations et cas concrets

• Partenariat avec MobilityData et le projet SUM pour préparer les données de taxi et les intégrer dans l’application Transit via un registre.
• Appui à la standardisation des données en vue de leur valorisation dans des planificateurs multimodaux (ex. : prototype, puis passage à un projet pilote).
• Leçons apprises au fil du projet, documentées sur la plateforme Praxis, afin de partager les retours d’expérience avec d’autres collectivités et porteur·euses de projets.

🔄 Approche méthodologique

• Travail itératif, combinant phases de prototypage, tests terrain et ajustements en fonction des retours utilisateurs.
• Ouverture et mutualisation des savoirs, avec une invitation à tous les acteur·ices à contribuer et à s'inspirer des expérimentations menées.

📙  Découvrir les contenus de FabMob sur Praxis.

 

Atelier participatif

Suite à la présentation des projets, les participant·es – représentant·es de municipalités, fonctionnaires, acteur·rices du transport, organismes spécialisés et citoyen·nes engagé·es – ont pu échanger sur leurs besoins, partager leurs idées, et poser des questions autour de la planification des déplacements et du parcours de la donnée en mobilité.

 

🚦De nombreux besoins à prioriser

Les participant·es ont échangé sur différentes initiatives inspirantes ou réplicables ainsi que des besoins qui pourraient être priorisés afin de favoriser la mobilité multimodale dans leur milieu. 

• Base de données et accessibilité des informations : Il est essentiel de créer une base de données commune pour éviter l’éparpillement des données et des publics. Cette base devrait au minimum inclure des données historiques, même sans intégrer de données en temps réel.

• Intégration des modes de transport : Il est important de rassembler tous les modes de transport dans une seule application pour faciliter les déplacements, notamment l’autopartage, le vélo et le transport collectif. Certaines régions, comme l’Outaouais, présentent un manque d’intégration à ce niveau.

• Visibilité et accessibilité des taxis : Ajouter une option Taxi dans Google Maps améliorerait leur accessibilité et faciliterait l’utilisation des taxis à tarif fixe. Une expérimentation est en cours avec l’application Transit, avec pour prochaine étape d’étendre cette fonctionnalité à d’autres plateformes.

• Planification urbaine et mobilité durable : La planification urbaine doit tenir compte de l’impact des espaces disponibles pour les commerces et les résident·es afin de réduire l’utilisation de l’auto solo. Une meilleure planification des quartiers permettrait d’optimiser l’offre de transport collectif et partagé, en favorisant la collaboration entre ingénieur·es et firmes de planification immobilière pour mieux répondre aux besoins.

• Évaluation de la capacité et de la qualité des services : Il est nécessaire d’analyser les données pour évaluer où investir, mesurer le retour sur investissement, vérifier le taux de remplissage des autobus et comprendre l’impact du trafic selon les heures de la journée.

• Infrastructures et développement des transports : Plusieurs réflexions sont en cours, entre autres l’implantation d’un transport structurant sur le boulevard Taschereau, le développement de passerelles multimodales entre l’Île-des-Sœurs et Montréal, le prolongement de la ligne orange, la création d’une ligne rose, et l’expansion du réseau Bixi vers Laval. 

• Modèles tarifaires et intermodalité : L’obligation d’acheter plusieurs passes de transport est un frein pour les utilisateur·rices. Cela pose un enjeu tarifaire et politique nécessitant une concertation citoyenne. Une réflexion est en cours sur l’optimisation du transport interurbain et l’usage des voies ferroviaires sous-utilisées, ainsi que sur l’analyse des coûts pour encourager des choix de transport plus durables.

 

« La réalité à l’extérieur de Montréal est différente, avec plusieurs secteurs mal desservis en termes de transport collectif ».

 

🚧 Les défis en innovation du déplacement urbain

• Réseaux, infrastructures et connexions : Il est essentiel de connecter les pôles de mobilité, en réfléchissant notamment à la sélection stratégique des stations dans les projets comme celui du tramway. Une carte sur l’état des infrastructures — incluant le taux d’utilisation et l’état des rails, autobus ou Bixi — permettrait de mieux orienter les décisions. Il faut également veiller à relier les lieux éloignés, comme Laval et Montréal, et renforcer l’intermodalité entre voiture et transports collectifs, notamment par l’intégration des systèmes de paiement.

• Stationnement et bordure de rue : Mieux comprendre la bordure de rue et sa représentation cartographique est nécessaire. Il convient aussi de répertorier tous les stationnements, en incluant ceux non tarifés, d’évaluer l’impact des réaménagements urbains sur le stationnement, d’assurer une gestion équitable des cases, et de garantir l’accessibilité aux points d’embarquement des navettes, notamment à Pointe-aux-Trembles.

• Intégration et accessibilité : Il est important d’intégrer divers modes de transport pour les trajets domicile-travail, en tenant compte des personnes ayant des limitations de mobilité. Des mesures d’apaisement de la circulation sont nécessaires autour des écoles. La démotorisation et la compétitivité accrue des modes durables doivent être soutenues pour favoriser une mobilité plus inclusive et responsable.

 

 « On se demande souvent où barrer son vélo et où trouver un taxi de manière sécuritaire, surtout dans les zones industrielles ».

 

💭 Réflexions transversales

Des enjeux transversaux ont également été abordés durant les discussions en sous-groupes. 

• Le besoin de cohérence et de mise en commun :  éviter la dispersion (services, données, efforts, etc.) et créer des ponts entre les acteur·ices (mobilité, urbanisme, citoyen·nes, planificateur·ices), les données (historiques, en temps réel, locales, partagées) et les modes de transport. Ce besoin de cohérence touche autant les outils et les structures que les visions.

• L'interconnexion entre mobilité et aménagement :  La mobilité ne peut pas être pensée seule : elle est directement liée à la manière dont on habite, planifie et transforme les territoires.

• La recherche de fluidité dans l'expérience usager·e : On vise une expérience plus simple, plus lisible, plus accessible pour toutes et tous, quel que soit le territoire ou le mode. Ce qui revient souvent, c'est l'importance de réduire les frictions : dans les parcours intermodaux; dans l'accès à l'information et sur le plan des barrières tarifaires

• L'importance de documenter pour mieux décider : Les données sont vues comme des outils d’apprentissage collectif et de pilotage. On ne parle pas seulement de collecte, mais de capacité à interpréter, à partager et à agir à partir des données : pour mesurer, ajuster, évaluer pour orienter les investissements et pour soutenir la transformation.

• Une attention à l'équité territoriale et sociale : Plusieurs propositions ou constats soulignent des écarts entre les régions mieux ou moins desservies, les publics ayant plus ou moins accès à une offre fluide de même que les ambitions politiques et les réalités vécues

 

🚇 Entamer des transformations durables en mobilité

Afin d'entamer des transformations durables pour la mobilité urbaine et péri-urbaine, les participant·es proposent de : documenter et diffuser ces idées sur Praxis et auprès des acteur·rices concerné·es et de renforcer les collaborations pour intégrer ces propositions aux politiques publiques et aux développements technologiques en cours.