Avant de se lancer dans la conception de solutions rĂ©glementaires pour lever les freins Ă la dĂ©carbonation, il Ă©tait d’abord nĂ©cessaire de mobiliser les parties prenantes et s’assurer que tous et toutes partaient avec la mĂŞme comprĂ©hension du projet. La phase 1 - comprendre et Ă©changer - visait Ă Ă©tablir une telle comprĂ©hension commune dans l’optique de favoriser les Ă©changes autour de la dĂ©marche et la problĂ©matique. Plus prĂ©cisĂ©ment, les objectifs Ă©taient de :Â
- Mobiliser les arrondissements, leur prĂ©senter la dĂ©marche et obtenir leur rĂ©troaction afin de l’ajuster si nĂ©cessaire.Â
- Développer une vision commune et approfondir la compréhension des freins de la réglementation d’urbanisme identifiés pour la décarbonation opérationnelle des bâtiments.
- Prioriser un certain nombre de freins et de leviers réglementaires et opérationnels municipaux à la mise en œuvre de la feuille de route, recensés lors des phases précédentes.
Participants et activités
Pour ce faire, on a réuni 47 participant.es issu.es de 17 arrondissements et de 3 services centraux de la ville à l’occasion de deux ateliers participatifs. Les participant.es des arrondissements provenaient des Directions de l’aménagement urbain et des services aux entreprises ou des Divisions en urbanisme et occupaient un large éventail de rôles allant de conseiller.ères en aménagement à chef.fe de division, architecte ou agent.e du cadre bâti. Les services centraux impliqués étaient le SUM, le SGPI et le BTER.
- Atelier 1: Tenu entièrement en ligne, le premier atelier a été l’occasion de présenter la démarche aux participant.es et le premier portrait des freins réglementaires identifiés dans le rapport de JFLV. Des plénières d’échange ont permis aux participant.es de partager leurs réflexions sur leur vécu des freins dans le quotidien ainsi que les initiatives entrepris par leurs arrondissements.
- Atelier 2: Tenu en présentiel, le deuxième atelier a permis d’approfondir la compréhension des freins à la décarbonation en amenant les participant.es à discuter des tensions et paradigmes derrière la réglementation ainsi que des leviers à activer pour surmonter ces tensions.


Les extrants générés
Les ateliers ont permis aux participants.es d’identifier une quinzaine de leviers pour faire face aux freins réglementaires à la décarbonation opérationnelle des bâtiments. Parmi ceux-ci, les suivants ont été particulièrement importants pour le reste de la démarche :
- Levier lié à l’intégration des technologies et solutions au cadre bâti: Créer un guide montréalais en vue de l’intégration des technologies d’efficacité énergétique et de décarbonation au cadre bâti afin de préserver la qualité de l’espace. Ce levier vise à résoudre la tension entre la préservation des caractéristiques architecturales des bâtiments et des quartiers et l’adaptation du cadre bâti aux changements climatiques.
- Levier lié à la relation à l’espace et au domaine public: Changer la relation à l’espace à travers des dispositions réglementaires permettant, par exemple, d’empiéter sur le domaine public ou d’éliminer les distances minimales. Cela faciliterait l’installation de technologies ou de solutions favorisant l’efficacité énergétique ou une plus faible empreinte carbone des bâtiments.
- Levier lié au besoin d’expertise en décarbonation des bâtiments: Le développement d’une communauté de pratique en décarbonation des bâtiments permettrait aux acteurs et actrices d’arrondissements de partager des connaissances tacites et de développer leur expertise. La communauté de pratique serait un espace d’échange de bonnes pratiques pour l’application de la réglementation liée à la décarbonation des bâtiments et pour l’évaluation de projets de décarbonation. Cela permettrait d’adresser le besoin le besoin d’expertise en la matière.
Il est important de rappeler qu’à ce stade, l’ensemble des 15 freins réglementaires à la décarbonation des bâtiments préalablement identifiés dans le rapport de JFLV faisaient l'objet de la démarche. Ne pouvant adresser tous ces freins en même temps, le besoin de prioriser un certain nombre de freins s’est rapidement imposé afin d’ancrer les discussions des phases subséquentes dans des solutions concrètes. Les deux freins suivants ont été retenus, car ils présentaient moins de risques et de points de friction, facilitant ainsi une première mise à l’épreuve de la méthodologie. Cette approche permettait d’expérimenter le processus dans un cadre plus maîtrisé avant d’aborder, dans un second temps, des freins plus complexes ou sensibles :
- Les freins liés à l’installation de panneaux solaires : l’emplacement et la visibilité, l’encadrement lié au bâtiment patrimonial, la limite de hauteur et les équipements sur une structure indépendante.
- Les freins liés aux mesures passives (dont l’isolation) : l’enveloppe du bâtiment et les marges minimales.
À ces deux freins réglementaires s’ajoutent la conception d’une communauté de pratique en décarbonation des bâtiments, que l’équipe projet a sélectionnée comme levier transversal permettant de renforcer les capacités des acteurs et actrices des arrondissements en décarbonation des bâtiments. C’est donc sur ces trois thématiques que les participants de la démarche se pencheront lors de la phase de prototypage afin de concevoir des solutions concrètes.
Les apprentissages
La complétion de cette étape du projet nous a permis de tirer les apprentissages méthodologiques suivants sur la première phase de la démarche de co-production et d’expérimentation réglementaire:
- Une participation large et diversifiée : L’inclusion de nombreuses parties prenantes issues d’une variété de postes dans les arrondissements et les services centraux a été très bénéfique pour établir une vision commune des enjeux et approfondir la compréhension des freins tels qu’ils sont vécus sur le terrain. Cela a également permis aux participant.es de mieux comprendre les perspectives spécifiques des différents participant.es (équipes d’urbanisme, d’inspection, etc.) et de s’apercevoir que plusieurs réalités sont partagées par tous.
- Gestion du rythme et de la continuité entre les ateliers et les phases : Les délais entre les phases 1 et 2 - comprendre et prototyper - et les ateliers, en partie liée à des ajustements au budget et aux ressources allouées au projet, ont nui à la continuité, entrainant des répétitions dans les discussions et contraignant les participants à revisiter des sujets déjà traités. Pour favoriser une dynamique plus fluide et maintenir l’engagement des parties prenantes, il serait bénéfique d’établir dès le départ un plan de travail clair, d’identifier les interdépendances entre les acteurs de la cellule projet et de structurer davantage les suivis entre les séances. La planification en amont des rencontres et des étapes clés, avec un calendrier établi dès le début du processus, permettrait également d’optimiser la disponibilité des participants et d’assurer une meilleure progression des travaux.
