Éthique au travail et santé collective : en marche vers un monde meilleur

Notre communauté de pratique en santé/mieux-être au travail du Saguenay-Lac-Saint-Jean a accueilli, le 6 octobre dernier, le Grand dialogue* pour discuter de 2 thèmes ciblés : l’éthique au travail et la santé collective. Dans cet article, projetez-vous dans le futur et apprenez-en davantage sur ces deux concepts à travers une mise en situation en l’an 2040 !

Éthique au travail

L’éthique est la science de la morale. En entreprise, on parle d’intégrer des principes moraux qui permettent la régulation sociale. Il peut s’agir d’établir un code, des règles et des responsabilités qui aideront à préserver l’éthique. Ceux-ci peuvent être décidés ensemble ou imposés, communiqués ou simplement être véhiculés de façon plus implicite. Prenons un moment pour se propulser dans une vision future, où une éthique impeccable serait appliquée au travail.

Nous sommes en 2040. Au travail, vous vous sentez pile sur votre axe, comme on dit. Vous vous sentez à votre place et occupez le poste dont vous avez toujours rêvé. Vos conditions de travail créent un bel équilibre dans votre vie. De manière générale, dans la région, on s’entend pour dire que le rapport au travail de tout un chacun s’est franchement amélioré! Notre éthique guide nos décisions et nos actions de manière consciente et respectueuse. Toutes les réflexions individuelles et collectives, ainsi que les discussions et débats, ont permis de développer une éthique cohérente et élaborée. L’éthique au travail se reflète grâce à des relations de travail respectueuses, à travers lesquelles la parole de chacun-e est prise en compte, la transparence et la confiance sont de mise, et les conflits sont une source d’apprentissage pour l’équipe. 

Quels principes d’éthique devraient nous guider au travail pour atteindre cette vision ?

•  Les valeurs

Selon notre communauté de pratique, pour qu’une organisation fasse preuve d’éthique, il est important qu’il y ait une cohérence entre les valeurs organisationnelles vécues et véhiculées. Les notions de justice, d’équité et de transparence nous paraissent des valeurs organisationnelles primordiales.

• Les décisions

L’organisation doit savoir prendre de bonnes décisions, sur le plan moral, et faire des choix gagnant-gagnant.  Les décisions sont souvent teintées par un fort désir de performance et de croissance, qui poussent à vouloir toujours faire plus, et plus vite. Dans cette course, il devient difficile de s’arrêter pour prendre des décisions éclairées et surtout, humaines. Savoir ralentir, au bon moment, est essentiel pour créer l’espace mental nécessaire pour mieux réfléchir, développer notre vision stratégique à plus long terme, prendre en compte chacune des personnes impactées, laisser place à l’amélioration  et à l’innovation. En ce sens, la flexibilité et la déconnexion permettent de tendre vers un meilleur équilibre, et peuvent nous permettre de prendre de meilleures décisions.

• Le développement des compétences

Un autre aspect qui permettra une meilleure éthique au travail est le développement en continu des compétences. Il peut s’agir de l’apprentissage par le mentorat et l’expérimentation, ou du développement des compétences reliées à l’intelligence émotionnelle et relationnelle (ex : respect mutuel, écoute active, bienveillance envers soi et les autres, entraide, collaboration, savoir-vivre et au savoir-être).

• La communication

Lorsqu’un dilemme éthique se présente, il nous semble nécessaire de l’adresser et de prendre un temps de réflexion. Bien sûr, il est possible de se rapporter au code d’éthique pour s’assurer de son respect, le bonifier et le recommuniquer pour éclaircir la situation. Mais avant tout, c’est avec une approche humaine et sans jugement que nous pourrons résoudre nos dilemmes. Le mot d’ordre est l’ouverture. Avoir un dialogue, pour que les attentes et besoins puissent être exprimés et, ensuite, être transparent-e sur ce qui peut être fait ou non, peut être un bon départ. Il faut aussi être prêt-e à faire des compromis. Cet échange doit favoriser la confiance et l’écoute. L’objectif sera d’obtenir un consensus, en fonction de ce qui fait du sens pour l’organisation, en fonction de ses valeurs propres et organisationnelles.

• Les conflits

Notre communauté de pratique croit également que les conflits peuvent devenir de belles opportunités d’apprentissage. En cas de conflit, la première règle serait de créer un espace favorisant la sécurité et la confiance. Il est important de faire place à l’écoute, au respect et à l’ouverture, de se mettre à la place de l’autre sans banaliser ce qu’il ressent. Le simple fait de s’arrêter pour être complètement disponible « ici maintenant » pour aborder le conflit dès qu’il se manifeste peut faire une grande différence. Parfois, cela peut demander d’avoir des discussions courageuses. Au besoin, il est possible d’aller chercher de l’aide, ou d’utiliser la médiation pour en venir à une décision juste et équitable. Des outils peuvent également être utilisés pour mieux gérer de façon individuelle ces situations conflictuelles. Par exemple, acquérir les bases de la communication non-violente (https://cnvquebec.org/), travailler à l’autogestion de sa santé mentale (https://relief.ca/relief-1/autogestion-en-sante-mentale)  ou utiliser la méditation, contemplation, les moments en nature ou le « journaling » pour mieux gérer ses émotions. Finalement, à la suite de situations conflictuelles, une bonne maturité émotionnelle permettra de faire place à la réconciliation, et au pardon.

Santé collective au travail

La santé collective au travail, ou santé organisationnelle, se réfère à l'état global de bien-être physique, mental et social des employé-e-s au sein d'une organisation. Il s’agit d’un concept plus large que la santé individuelle des travailleurs-euses, car il prend en compte les facteurs déterminants. À travers l’échange, notre communauté de pratique a fait ressortir ces facteurs déterminants pour la santé d’un groupe de travail: la santé globale individuelle de chacun des individus, les facteurs de protection en place au sein du milieu de travail, l’état mental (niveau de stress, d’épuisement, sentiment d’épanouissement, de bonheur, etc.), la qualité des échanges entre les personnes employées, la capacité d’écoute des uns et des autres, les comportements organisationnels et la qualité de gestion des ressources humaines, les comportements individuels et les habitudes de vie, l’alignement des valeurs personnelles aux valeurs organisationnelles (sens), la conciliation travail/vie personnelle, le rythme de travail ou encore la flexibilité.

Nous sommes de retour en 2040. Grâce aux travaux et réflexions de plusieurs communautés de pratique au Saguenay-Lac-St-Jean, on vous présente le dernier rapport démontrant l’amélioration de l’état de santé des travailleurs-euses. Les données témoignent d’une amélioration des principaux facteurs ayant trait à la santé et au mieux-être dans les milieux de travail (ex: la diminution du stress). 

Quelles pourraient être les actions à mettre en place pour atteindre un état de santé collective excellent dans un groupe de travail ?

Nous constatons que tout le monde a un rôle essentiel à jouer pour être à l’écoute des besoins individuels et voir comment adapter les milieux de travail pour mieux y répondre.

1. L’employé-e

À titre individuel, les employé-e-s ont le pouvoir d’agir en faveur de leur propre santé, au meilleur de leurs connaissances et compétences.  Ils doivent rester à l’écoute de leurs propres besoins, se mettre en action pour maintenir et améliorer leur santé physique et mentale. De plus, ils peuvent teinter favorablement leur milieu, via les relations avec leurs collègues et leur influence sur les autres. Chacun à un rôle clé à jouer dans le développement d’une ambiance de travail agréable, stimulante et nourrissantes.

     2. L’employeur

Les employeurs ont une grande place à prendre pour s’assurer de favoriser la santé collective dans son organisation. Ils jouent un rôle d’influence indéniable et doivent trouver les bons outils et les bons arguments pour accompagner au mieux leurs employé-e-s. En ce sens, plusieurs actions peuvent être posées par les milieux de travail pour améliorer la santé/mieux-être des employé-e-s, par exemple :

• Faire en sorte de pouvoir octroyer les congés
• Créer une ambiance conviviale
• Ne pas accepter la médisance et intervenir si nécessaire
• Augmenter les services offerts aux employé-e-s
• Diminuer les heures de travail
• Sensibiliser la direction générale en matière de SMET
• Mettre sur pied un comité santé/mieux-être
• Planifier des rencontres individuelles fréquentes avec le gestionnaire
• Organiser des lac-à-l'épaule
• Mettre de l’avant les bienfaits d'une bonne hygiène de vie
• Avoir le courage de choisir la meilleure méthode si elle fait du sens
• Créer des espaces d’apprentissage, formations
• Mettre l’humain au 1er plan

Grâces à ces nombreuses actions, nous croyons qu’il sera possible d’avoir des gains substantiels sur le sentiment de valorisation, l’équilibre de vie, le sentiment d’appartenance, la gestion des émotions, les habitudes de vie, la guérison de traumas du passé (ex : harcèlement au travail), la gestion du stress, l’humeur, la performance, la prise de décision, la santé mentale, la vitalité et la prise en charge de sa propre santé.

Cette réflexion au sujet de l’éthique au travail et de la santé collective fût très enrichissante pour notre communauté, et nous a permis de réfléchir à la SMET sous un nouvel angle. Nous repartons heureux et fiers d’avoir contribué, nous aussi, au Grand Dialogue.

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*Le Grand dialogue est une organisation qui a pour objectif de mobiliser le plus de personnes possibles pour coconstruire une feuille de route pour la transition socio-écologique au Saguenay–Lac-Saint-Jean. À travers des ateliers, ils rassemblent des gens de la région pour se parler d’enjeux importants, et leur proposent de créer ensemble des rêves citoyens, à partir de propositions de visions utopiques. C’est pour eux une première phase de collecte de données, qui sera ensuite présentée et qui mènera ultimement à des actions pour marcher vers un monde meilleur.