Aller du bord de l'exclusion : Résumé des éléments de discussion de la recherche-action

Cette note résume les grandes lignes de la 2e phase du processus de recherche-action « Aller du bord de l'exclusion » effectuée par COSMOSS entre 2013 et 2015, dans le but de proposer des moyens et outils pour mieux rejoindre les personnes vulnérables et éloignées des services de soutien.

 

1- Une philosophie axée sur l'approche de proximité

Les stratégies et les pratiques efficaces évoquées par les praticiennes et praticiens interrogés pour rejoindre les personnes visées reposent sur une philosophie de pratique axée sur la proximité :

  • proximité avec les personnes à rejoindre;
  • proximité avec leur environnement;
  • proximité avec le territoire d’intervention.

Celle-ci sert de point d’appui pour la prise de contact, le recrutement, l’attraction vers les ressources, et la rétention. Elle semble naturellement découler dela perception des répondants selon laquelle les personnes qu’ils veulent rejoindre sont d’abord et avant tout des êtres humains comme eux; à ce titre, leur intervention s’appuie sur le fait que la condition humaine qu’ils ont en commun prédomine sur toute autre considération, favorisant ainsi des facteurs clés tels que :

  • l'établissement de liens de proximité;
  • le recours à des pratiques respectueuses du cheminement;
  • le recours à des pratiques respectueuses du rythme;
  • le recours à des pratiques respectueuses des capacités.

L'approche de proximité implique : 

Le choix « d’aller du bord de l’exclusion », c’est-à-dire de pénétrer dans un monde d’où les intervenants sont habituellement exclus, « un lieu où ils [les personnes visées] sont sécures ».

 

Soigner ses approches et son intégration

Le fait d’être présent dans l’environnement des personnes par le biais, notamment, de l’implication dans des comités, et de la participation à des activités sociales du milieu, aide les répondants à s’intégrer dans la communauté et à en devenir des éléments familiers. Ils développent ainsi des contacts avec le milieu, tout en s’assurant des meilleures conditions pour atténuer, voire même effacer, le sentiment de menace qu’ils peuventre présenter aux yeux des personnes visées, augmentant d’autant plus les probabilités de « rendre moins menaçant l’accueil des services ». Cette façon de faire constitue également une solution au malaise que ressentent plusieurs personnes à l’idée d’être automatiquement identifiées par les membres de leur communauté comme ayant besoin d’aide quand elles sont vues en compagnie des répondants.

 

Les avantages d'une approche de proximité face aux défis

Les répondants signalent de nombreuses conditions prévalant à l’application d’une approche de proximité, mais semblent également considérer que les avantages qui en découlent sont plus importants que les défis auxquels ils font face dans leur pratique. Figurent parmi les bénéfices énumérés :

  • la capacité d’ajuster l’intervention en fonction des besoins réels des personnes et des milieux;
  • la capacité d’élaborer des programmes et des outils adaptés;
  • la capacité de mettre en place les conditions nécessaires à l’intégration des personnes visées dans des démarches de résolution de problèmes.

En outre, une fois le lien de confiance établi, il s’avère plus aisé d’étendre le sentiment de sécurité qui en découle à d’autres intervenants, ou ressources, favorisant ainsi la transition vers d’autres types de soutien lorsque cela est nécessaire.

« Plus on réussit à faire des contacts personnalisés avec les gens, plus c’est gagnant. »

 

Aborder les personnes comme des individus à part entière, miser sur leur autonomisation, leur fournir des espaces d’implication, de consultation et de décision, et respecter le rythme de leur cheminement ainsi que les décisions et les choix qu’elles effectuent, comptent aussi parmi les stratégies efficaces évoquées par les répondants.

 

2- Les défis et obstacles

Le défi du territoire

La grandeur du territoire à couvrir constitue un défi qui entraîne des conséquences, tant pour les personnes visées quand elles n’ont pas de moyen de transport à leur disposition, que pour lesrépondants qui doivent répartir leur temps de présence entre plusieurs municipalités.

 

Le défi des préjugés

Envers les pratiques d'intervention

Les répondants signalent rencontrer des préjugés ou de la méconnaissance à l’égard de leur pratique, ou de leurs organisations d’appartenance, les obligeant ainsi à consacrer une part importante de leur temps et de leur énergie à tenter de remettre les pendules à l’heure. 

Envers les personnes visées

Plusieurs d’entre eux constatent également les préjugés auxquels font face les personnes visées; certainssont issus de pratiques en place ayant pour effet de heurter leur dignité, d’autres proviennent des membres de leur propre communauté.

 

Les programmes inadaptés

Par ailleurs, des répondants soulèvent les difficultésgénérées par l’existence de modèles et de programmes inadaptés, dont les mesures necorrespondent pas aux réalités des personnes visées, ni à celles des milieux.

 

3- L'importance de demeurer réaliste

« On ne peut pas atteindre tout le monde. »

Entretenir de bons liens de partenariat dans la communauté constitue un atout puisque cela permet de déployer l’action de multiples façons, par exemple par la diffusion de l’information, la mise en place de projets, l’accroissement des références, et l’assouplissement de mesures contraignantes au profit des personnes visées.

Par ailleurs, l’approche de proximité étant étroitement liée à une conception de l’intervention axée davantage sur les processus que sur les résultats, laisser le temps faire son travail, accepter que « des fois, juste des petites prises de conscience » avec les personnes visées, et « semer plein de petites graines » sans savoir « ce qui va pousser », font partie des risques liés à une telle approche.

Selon les répondants, quand « l’important, c’est le rythme de chacun », il faut s’attendre à ce que « les résultats, c’est vraiment beaucoup à long terme ».

 

Avant tout, les intervenants qui y ont recours doivent avoir l’intérêt et le désir « d’aller sur le terrain », ou la possibilité de le faire; par conséquent, ils doivent pouvoir disposer d’une marge de manœuvre en termes d’organisation du travail et d’horaire.

 

« C’est ça, la condition des gens vulnérables. Ce sont des gens qui sont dans leurs limites, et celles-ci sont plus proches que leur potentiel. Leurs erreurs, leurs non-réussites, sont plus proches qu’un espoir de réussir quelque chose. Faut prendre ce diamant-là, et le tourner de bord avec eux, pour qu’il y ait de la lumière, et pas que de la noirceur. C’est possible quand on est proche du lieu où ils sont sécures ».

 

 

En savoir plus 

🟣 Consulter l'entretien sur les conditions d'application de l'approche de proximité
🟠 Accéder à l'aide-mémoire pour atteindre les personnes vulnérables
🟢 Découvrir les éléments du concept de personne vulnérable

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Aller du bord de l'exclusion : Rapport de recherche-action
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Intégré par Eve Chevalier, le 11 décembre 2024 16:19
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Phase 2 de la recherche-action, Résultats, constats et défis, Concepts et stratégies

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Publication

11 décembre 2024

Modification

16 décembre 2024 13:40

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Pour citer cette note

Véronique Larose, Emily Mack, Joël Nadeau, Anne-Sophie Thomas, Gédéon Verreault. (2024). Aller du bord de l'exclusion : Résumé des éléments de discussion de la recherche-action. Praxis (consulté le 25 juin 2025), https://praxis.encommun.io/n/52-Z4xraXcl5yrB8AQ0rO9suAnI/.

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