Comprendre les concepts de décolonisation et autochtonisation | Atelier 2 avec Mikana

Cette note présente les principaux apprentissages issus du deuxième atelier d'accompagnement de TeC par Mikana.

Comment travailler sur la décolonisation et l'autochtonisation sans sursolliciter les personnes autochtones?

Afin d'aborder des questions touchant aux communautés autochtones sans les solliciter excessivement, il est judicieux de diversifier les ressources et les méthodes pour porter leurs voix.

Vous pouvez par exemple recourir à des médias préexistants tels que des podcasts, des vidéos, ou des publications écrites pour mettre en avant les voix autochtones.

Lors de l'élaboration d'un thème ou d'une problématique, il est recommandé de rechercher activement si des auteurs autochtones ont déjà contribué à ce domaine. Leur travail peut ainsi être intégré de manière significative dans le discours.

Bien que l'invitation de représentants ou d'experts, comme ceux de Mikana ou d'autres organisations, demeure une stratégie efficace, il est essentiel de maintenir une sensibilisation constante à la mise en avant des voix autochtones par des moyens diversifiés.

Que signifier la décolonisation ?

Le processus de décolonisation implique une déconstruction réfléchie de nos préjugés et comportements établis. Il vise également à réédifier sur la base des savoirs autochtones et à transformer les institutions existantes. Dans le domaine de l'éducation, on constate des progrès notables en matière de déconstruction des préjugés. En revanche, dans le secteur de la santé, les défis demeurent conséquents.

L'allocation équitable des ressources est cruciale pour soutenir la réappropriation des langues autochtones et des cultures associées.

Il est important de noter que la déconstruction seule ne suffit pas; il faut passer à la phase de reconstruction. Par exemple, le Principe de Joyce demeure ancré dans une phase de déconstruction en raison du refus du gouvernement de reconnaître l'existence du racisme systémique, ce qui entrave les efforts de reconstruction.

RESSOURCE - Nous vous encourageons à explorer les travaux académiques et les livres de la  professeure Marie Battiste pour approfondir votre compréhension sur la décolonisation de l'éducation.

Déconstruire certains mythes quant à la décolonisation

Il est essentiel de démentir l'idée qu'une "recette magique" puisse faciliter ce processus complexe. La décolonisation est une démarche de longue haleine qui exigera plusieurs générations pour se concrétiser. Comme le souligne Tim Fox dans The small nonprofit podcast: Sharing the responsability for decolonization with Tim Fox " :

MYTHE 1 - Si nous faisons ceci et cela, cela nous mènera à la décolonisation. Il n'y a pas de solution rapide. L'oppression systémique existe depuis des centaines d'années, et la décolonisation est un travail qui s'étalera sur plusieurs générations. Il ne suffit pas de se contenter de reconnaissances territoriales. Il ne suffit pas non plus de simplement inclure les communautés autochtones dans vos zones de financement ciblées. Des actions comme celles-ci impliquent la responsabilité d'apprendre et de comprendre intentionnellement les communautés autochtones.

MYTHE 2 - Les personnes autochtones, noires et de couleur ont toutes les réponses pour la décolonisation. Cependant, il ne revient pas aux personnes BIPOC (Noires, Autochtones et Personnes de Couleur) de diriger le processus de décolonisation. Les personnes BIPOC sont là pour cheminer aux côtés des colons afin de faciliter le changement. La responsabilité de mener ce changement incombe aux colons. De plus, l'idée que certaines personnes sont des experts et détiennent toutes les réponses est en elle-même une supposition imprégnée de la logique des colons.

Lire la suite

La décolonisation est un processus inconfortable et malaisant

La décolonisation constitue un processus complexe et souvent inconfortable. Néanmoins, il est impératif de ne pas externaliser la responsabilité de notre propre démarche décoloniale. Si nous évitons l'auto-examen et la remise en question, le progrès demeure insaisissable. Ce processus est intrinsèquement associé à une pédagogie de l'inconfort, qui exige que nous mettions de côté notre égo. Il est essentiel de reconnaître que l'inconfort est une émotion normale et saine à expérimenter, et de se souvenir que l'erreur fait partie intégrante du chemin vers une meilleure compréhension.

RESSOURCE - Dans ce contexte, nous vous recommandons la lecture de "La Fragilité Blanche" de Robin DiAngelo pour approfondir ces considérations.

Pourquoi donnons-nous plus de place à la reconnaissance des luttes autochtones?

Dans le cadre canadien, et plus spécifiquement montréalais, la question de la prééminence accordée à la reconnaissance des luttes autochtones est parfois soulevée. Voici quelques éléments de réponse souligner pour répondre à cette interrogation.

Premièrement, il convient de noter que les peuples autochtones étaient les premiers occupants de ces territoires, une réalité qui mérite d'être reconnue et honorée. Deuxièmement, il est important de comprendre que la reconnaissance et le soutien apportés aux luttes autochtones ont des répercussions positives pour l'ensemble de la société. L'engagement en faveur des causes autochtones n'exclut en aucun cas le soutien à d'autres mouvements sociaux.

Par ailleurs, il serait erroné de penser que les luttes sont hiérarchisées. En réalité, toutes les luttes pour l'équité et la justice sociale sont intrinsèquement liées, étant donné qu'elles découlent d'un système structurellement injuste, conçu par des élites dominantes. À l'heure actuelle, l'objectif est de démanteler ces systèmes oppressifs afin de faciliter l'émancipation de toutes les personnes marginalisées.

Ainsi, loin d'établir une hiérarchie entre les diverses luttes sociales, l'attention portée aux questions autochtones s'inscrit dans une démarche globale d'équité et d'inclusion.

La décolonisation et les biais inconscients

De nombreux individus sont confrontés à des stéréotypes réducteurs, tels que le mythe du "bon sauvage" en harmonie avec la nature, ou l'idée erronée que tous les autochtones sont nécessairement spirituels. Ces préjugés sont souvent alimentés par la représentation des populations autochtones dans le cinéma hollywoodien, la télévision et les grands médias. Par ailleurs, les livres d'histoire et les programmes éducatifs ont également joué un rôle significatif dans la perpétuation de ces biais. C'est pour cette raison que la décolonisation du système éducatif s'impose comme une étape cruciale dans le processus de réparation.

Où trouver des recueils de contes et légendes autochtones?

Pour rechercher des recueils de contes et légendes, plusieurs options sont disponibles.

RESSOURCE - La maison d'édition Hannenorak, située à Wendake, constitue une source riche en publications dans ce domaine. En outre, certains de leurs ouvrages sont accessibles dans des points de vente tels que les dépanneurs locaux. Par ailleurs, il est possible de solliciter leur présence lors d'événements culturels ou éducatifs.

RESSOURCE - Si vous êtes particulièrement intéressé par des œuvres adaptées à un jeune public, la série Tshakapesh Superhéros, co-développée avec la Nation Innu, peut être une excellente ressource. 

RESSOURCE -  La chaîne de télévision APTN propose également des séries axées sur les contes et légendes autochtones, offrant ainsi une autre plateforme pour explorer ces récits fascinants.