
Résumé
Le paradigme hégélien de la reconnaissance, admirablement critiqué par Frantz Fanon dans l’œuvre phare à laquelle ce livre rend hommage, est aujourd’hui évoqué, sous sa forme libérale, dans les débats entourant l’autodétermination des peuples colonisés, notamment les peuples autochtones d’Amérique du Nord. Politologue et militant, membre de la Nation dénée du Nord-Ouest du Canada, l’auteur reprend ici la critique fanonienne et démontre en quoi cette reconnaissance ne fait que consolider la domination coloniale.
Cet ouvrage de théorie politique engagée appelle à rebâtir et redéployer les pratiques culturelles des peuples colonisés sur la base de l’autoreconnaissance, seule voie vers une réelle décolonisation. Penseur marxiste, Coulthard sait que le marxisme ne peut s’appliquer tel quel à la lutte des Autochtones, mais il en souligne la contribution potentielle et signe ici un véritable traité de combat décolonial et anticapitaliste.
Auteur
Glen Sean Coulthard est professeur au programme d'études des Premières Nations et au Département de sciences politiques de l'Université de la Colombie-Britannique.
Éléments-clés de ce livre
Objectifs du chapitre Introduction:
- Mise en contexte de la notion d’accumulation primitive de Marx
- Lien avec Frantz Fanon sur la reconnaissance et le colonialisme
- Les demandes des communautés autochtones : « la plupart demandent le transfert de territoires, de capitaux et de pouvoirs politiques de l'État aux communautés autochtones, par l'intermédiaire d'une combinaison de règlements de revendications territoriales, d'initiatives de développement économique, et d'ententes relatives à l'autonomie gouvernementale.» p.17
Le but du livre:
- Analyse critique des différentes traditions et pratiques anti-impérialiste afin de déconstruire l’idée que la relation entre l’État et les communautés autochtones peut être transformé à l’aide d’une politique de reconnaissance. « La politique de la reconnaissance telle qu'elle apparaît dans sa forme libérale actuelle reproduit inévitablement les configurations du pouvoir étatique colonialiste, raciste et patriarcal que les demandes des peuples autochtones en matière de reconnaissance essaient pourtant de transcender depuis des décennies. » p.17
- la grande faille dans cette politique de reconnaissance, ne réponds pas aux besoins des autochtones. Comme pour le mouvement féministe aux USA, c'est une trahison, les politiques et les choix ne concernent plus les personnes femmes noires ou autochtones (hook, 2015)