Guide pratique pour construire une communauté solide et inclusive
Créer des liens durables ne se résume pas à multiplier les rencontres : il faut comprendre ses besoins relationnels, évaluer ses capacités d’engagement et développer des compétences en gestion des relations. Ce guide vous aide à poser des bases solides pour une communauté harmonieuse et inclusive.
01 - Cherchez-vous une communauté ou des ami·e·s ?
Ce n’est pas forcément l’un ou l’autre : vous pouvez chercher les deux. Nous devons comprendre que nos ami·e·s font partie de nos communautés, mais que chaque membre de notre communauté n’est pas forcément un·e ami·e proche.
Les tentatives de création et de maintien d’une communauté peuvent parfois échouer en raison d’attentes contradictoires et d’un manque de clarté sur ce que nous recherchons réellement.
02 - Construire une cartographie des besoins
Les États-Unis sont un pays où la communication repose sur peu d’implicite, ce qui signifie que nos relations nécessitent des discussions explicites sur les besoins plutôt qu’une compréhension tacite. Cela nous pousse souvent à nous faire des ami·e·s et à créer des communautés basées sur la proximité géographique plutôt que sur des valeurs et des intérêts communs.
Pensez à la manière dont vous avez rencontré vos ami·e·s : à l’école, au travail, ou dans un autre espace obligatoire. Cartographier nos besoins, nos envies et nos critères non négociables dans une relation permet d’identifier plus clairement qui peut être un·e bon·ne partenaire pour des relations durables, et dans quel contexte. J’aime utiliser la structure de l’anarchie relationnelle pour m’aider dans ce processus.
03 - Quelle est votre capacité à rencontrer de nouvelles personnes ?
Vouloir une communauté et être capable d’y participer sont deux choses différentes. Être membre d’une communauté implique une forme d’intimité et d’attentes mutuelles.
Si nous ne réfléchissons pas à nos limites, nous ne pouvons pas établir les cadres nécessaires. Nous recherchons une communauté pour le soutien, le réconfort et la sécurité. Mais ignorer nos propres capacités peut éroder la confiance et menacer la pérennité du soutien mutuel.
Quelle est votre capacité en termes de :
Temps
Intimité émotionnelle
Ressources, etc.
04 - Quelles sont vos compétences en gestion des relations ?
Être en communauté implique de la réciprocité et du changement, ce qui signifie que nous devons développer des compétences qui favorisent l’harmonie.
Comment gérez-vous les conflits ?
Savez-vous négocier ?
Êtes-vous à l’aise avec la résolution de problèmes en groupe ?
Êtes-vous fiable ? De quelle manière ?
En résumé, comment pouvez-vous contribuer à la durabilité de votre communauté ? Et surtout, quelles sont vos faiblesses en matière de gestion des relations ? Être conscient·e de nos difficultés nous aide à mieux gérer les conflits et les négociations lorsque des désaccords surviennent.
05 - Avez-vous fait votre deuil ?
Entrer dans une nouvelle communauté et nouer de nouvelles relations peut réveiller un deuil en mettant en lumière :
Ce qui n’a pas fonctionné dans nos relations passées.
Le fait que nous découvrons une communauté pour la première fois.
Le courage nécessaire pour laisser derrière nous d’anciennes habitudes ou versions de nous-mêmes.
Ce deuil se manifeste par vagues et peut surgir à différents moments de votre parcours. N’en ayez pas peur. Il est normal de ressentir de la nostalgie pour certaines parties de nos anciennes relations ou identités.
06 - Quelle est votre méthode préférée d’interaction?
Une communauté durable repose sur la communication et le temps passé ensemble. Si votre communauté n’est pas géographiquement proche, entretenir une relation durable demandera un effort supplémentaire.
Il est important d’examiner votre préférence entre les interactions en personne ou virtuelles (ou un mélange des deux) afin de comprendre votre capacité de communication et votre engagement. Pour celles et ceux qui s’appuient fortement sur les communautés en ligne, il est essentiel de se demander si l’on participe réellement à une communauté ou à une relation parasociale. Une vraie communauté repose sur la réciprocité et l’investissement mutuel.
07 - Cartographiez vos intérêts
Plus tôt, je vous ai demandé de cartographier vos besoins. Maintenant, je vous invite à faire de même avec vos centres d’intérêt, vos loisirs et même des choses que vous n’avez jamais faites mais que vous aimeriez essayer. Une fois cela fait, observez combien de vos intérêts sont influencés par la consommation et le manque de diversité en termes de race et de classe.
Si vous souhaitez une communauté durable et réciproque, l’argent ne doit pas être le principal facteur de connexion. Il peut être utile de donner moins de priorité à certains de ces intérêts s’ils dominent votre liste, surtout si vous cherchez une communauté socialement et politiquement engagée. La communauté ne repose pas sur des systèmes de castes, elle se construit malgré eux.
08 - Il est temps de trouver votre communauté
Maintenant, vous devez sortir dans le monde et faire savoir que vous cherchez votre communauté. Personne ne vous trouvera si vous restez au même endroit. Bien que nous puissions souvent trouver des informations en ligne, n’hésitez pas à vous rendre dans des espaces locaux, surtout si vous cherchez une communauté politiquement et socialement engagée.
Rappelez-vous : aucun espace ne sera parfait, et construire une communauté prend du temps. C’est pourquoi nous avons dressé une liste de besoins et défini nos critères non négociables ; revenez-y régulièrement. Et soyez prêt·e à naviguer l’inconfort de la nouveauté.
Publication instagram de @thecollectress
01 - La communauté, c’est une multitude d’intimités
La communauté n’est pas une destination, mais un ensemble de niveaux d’intimité qui peuvent évoluer au fil du temps.
Accepter que l’intimité varie selon les personnes nous aide à créer et respecter les différences dans nos attentes et nos besoins relationnels. Cela nous permet d’élargir notre conception de ce que signifie être « proche » de quelqu’un et d’abandonner l’idée que la vulnérabilité ne peut être partagée qu’avec la famille ou les partenaires romantiques.
Crédit : @thecollectress
📌 Exercice : Utilisez un schéma concentrique pour nommer vos communautés. Vous êtes au centre, et les cercles 2 à 5 représentent différents niveaux d’intimité (plus grand ne signifie pas forcément plus important).
Qui placez-vous dans vos cercles les plus proches et pourquoi ?
Qui se trouve dans les cercles extérieurs ?
Quelle signification attribuez-vous à ces placements ?
⚠️ Faites la distinction entre proximité et intimité. Voir quelqu’un fréquemment ne signifie pas nécessairement qu’il·elle fait partie de votre communauté intime.
02 - La communauté, c’est la connexion, pas le capitalisme
Ce point prolonge la réflexion sur la cartographie de vos intérêts (vue dans la partie 1). Il est essentiel de trouver des façons de se connaître qui ne soient pas uniquement centrées sur la consommation. Sinon, nos relations risquent de devenir superficielles.
Aimer des activités qui coûtent de l’argent n’est pas un problème en soi, mais si toutes vos interactions sont basées sur des dépenses, cela peut l’être.
💡 Questions à se poser :
Comment passez-vous du temps avec des personnes qui ont peu ou pas de moyens financiers ?
Le fait de privilégier des activités payantes limite-t-il vos cercles relationnels ?
Si vos liens sont construits autour de la consommation, comment les maintenir si l’accès à l’argent devient plus difficile ?
Créer des connexions qui ne reposent pas sur l’argent permet d’assurer une communauté plus inclusive et durable.
03 - Apprenez à "dater" votre communauté !
Oui, vous avez bien lu ! Sortir pour manger ou boire quelque chose est une belle façon de passer du temps ensemble, mais c’est devenu l’option par défaut pour beaucoup.
Lorsque nous choisissons de participer à des activités qui correspondent aux intérêts de notre communauté, nous renforçons non seulement notre lien avec ses membres, mais nous avons aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes partageant ces centres d’intérêt.
Il ne suffit pas de vouloir être ami·e avec quelqu’un ou d’avoir des points communs. Il faut aussi vouloir passer du temps ensemble de manière intentionnelle. On ne peut pas avoir une communauté et vivre isolé·e. Sortez votre carte de centres d’intérêt et votre agenda, et commencez à planifier des moments partagés !
04 - Quel est votre rythme relationnel ?
Vivre dans une société où la communication explicite est privilégiée peut nous pousser à précipiter nos relations, en sautant des étapes essentielles pour bâtir l’amitié et la communauté. Cela peut être dû au fait que nous ne prenons pas toujours en compte le rythme de nos relations.
Tout comme nous ne voudrions pas être envahi·e·s d’affection trop rapidement ("love-bombing") ou être mis·e de côté sans explication ("ghosting") dans une relation amoureuse, nous devons éviter ces dynamiques dans nos relations communautaires.
Prenez le temps de construire et d’ajuster le rythme de vos relations communautaires. Des débuts trop rapides et intenses peuvent mener à des fins tout aussi soudaines. Soyez également ouvert·e à discuter des ajustements nécessaires. Les autres ne peuvent pas deviner vos besoins si vous ne les exprimez pas.
📌 Petit rappel : Ne disparaissez pas soudainement de votre communauté par manque de temps ou d’énergie. Un simple message peut permettre d’adapter la relation et de maintenir un lien, même s’il évolue.
05 - Comment communiquez-vous ?
Notre façon de communiquer reflète notre manière d’apprendre à survivre, ce qui peut en faire un sujet sensible. Pourtant, si nous voulons construire une communauté durable, la communication est une compétence clé dans la gestion des relations.
Il est important d’analyser nos déclencheurs émotionnels et ce qui nous rend réactif·ve, évitant·e, ou au contraire impliqué·e. Comprendre notre mode de communication aide aussi à mieux gérer les conflits, car notre réponse au stress ne se manifeste pas uniquement physiquement, mais aussi dans la façon dont nous choisissons ou non de parler aux autres.
Communiquer, c’est aussi une question de pouvoir : à qui choisissons-nous d’accorder notre attention ? Qui entendons-nous réellement ? Réfléchir à notre communication peut nous aider à ralentir nos automatismes qui nous poussent à raconter, dramatiser, manipuler ou débattre, et ainsi atteindre des solutions plus saines.
Crédit: @thecollectress sur Instagram
📌 Exercice : Utilisez un tableau pour identifier votre style de communication (disponible en story). Vous avez probablement plusieurs styles, mais l’un domine. Comment communiquez-vous quand vous êtes en colère, triste ou anxieux·se ? Demandez à des proches leur perception de votre style de communication et comparez-le avec la vôtre. Cela peut vous aider à mieux comprendre comment vos habitudes de communication influencent la résolution des conflits.
06 - La comparaison est l’ennemie de la communauté
Ne comparez pas vos anciennes relations à vos nouvelles. Cela vaut autant pour les relations amoureuses que pour la communauté. Chaque membre de votre communauté ne pourra pas se comporter exactement comme vous l’attendez, et il ne faut pas leur imposer cette attente.
Courir après une sensation de communauté passée peut fausser nos attentes et limiter nos opportunités de nouvelles connexions. Si vous appréciez certains aspects de vos anciennes communautés, identifiez les caractéristiques qui vous plaisaient plutôt que de chercher à reproduire les mêmes dynamiques.
Il est normal de ressentir un manque pour certaines personnes ou communautés, mais tenter de recréer ces relations avec d’autres peut être injuste et blessant. Cela peut aussi être le signe qu’un deuil émotionnel est encore en cours et qu’il reste des conflits à résoudre.
07 - Comment gérez-vous le risque ?
Toutes les relations impliquent une part de risque et de vulnérabilité. Parfois, la vulnérabilité peut sembler dangereuse, mais il est impossible de construire une communauté sans être prêt·e à naviguer ces deux aspects.
Gérer ce que nous percevons comme risqué et nos réactions face au risque est une compétence essentielle dans la gestion des relations. Nos perceptions du risque influencent nos décisions ; il est donc crucial d’examiner si notre évaluation du risque est en accord ou en décalage avec celle des autres membres de notre communauté. Cela peut avoir des conséquences sur notre sécurité émotionnelle et physique, ainsi que sur celle des autres.
Le 29 janvier 2025 17:15 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Ajout de « Comment construire une communauté ».
Le 29 janvier 2025 17:27 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Contenu de la note et Date de publication.
Le 29 janvier 2025 17:37 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Contenu de la note et Date de publication.
Le 29 janvier 2025 17:38 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Contenu de la note, Visibilité de la note, Licence, Le, la ou les auteur·trices de cette note ne sont pas propriétaires du contenu, en tout ou en partie., Date de publication et Intégrer sur le fil Passerelles de la communauté.
Le 29 janvier 2025 17:41 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Titre de la note, Contenu de la note, Licence et Date de publication.
Le 29 janvier 2025 17:42 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Contenu de la note et Date de publication.
Le 30 janvier 2025 15:07 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Contenu de la note et Date de publication.
Le 30 janvier 2025 15:41 par Marie-Soleil L'Allier
Note - Modification de Contenu de la note et Date de publication.
Licence
Attention : une partie ou l’ensemble de ce contenu pourrait ne pas être la propriété de la, du ou des auteur·trices de la note. Au besoin, informez-vous sur les conditions de réutilisation.
Visibilité
lock_open public
Pour citer cette note
Marie-Soleil L'Allier. (2025). Guide pratique pour construire une communauté solide et inclusive. Praxis (consulté le 16 février 2025), https://praxis.encommun.io/n/8ordQnNDZif0Sspt-gVC3g6CQHk/.