Israël et Palestine, où est donc le Canada?

Cette lettre a l’appui de plus de 275 professeurs parmi lesquels on compte des experts en droit international, en aide humanitaire et en droits de la personne comme François Audet, Maïka Sondarjee, Louis-Philippe Lampron et Christian Nadeau ; des philosophes et éthiciennes comme Ryoa Chung, Hasana Sharp et Naïma Hamrouni; ainsi que les professeurs émérites Gérard Bouchard et Charles Taylor.*

"Cessez-le-feu. En contexte de conflit armé affectant des populations civiles, ces simples mots nous renvoient à notre humanité partagée et à notre devoir de protection de la vie humaine. Ces mots devraient être reçus comme une injonction morale absolue. C’est généralement le cas. Mais l’appel au cessez-le-feu pour protéger la population civile palestinienne, totalement déshumanisée, fait exception : objet de débats pointilleux, de tergiversations et de manœuvres dilatoires, alors que chaque heure qui passe des vies sont pulvérisées. Nous ne pouvons nous y résigner.

Plus de deux millions de personnes piégées dans la bande de Gaza sont soumises à des bombardements massifs, à des déplacements forcés et à un blocus total empêchant tout accès à l’eau, à la nourriture, à l’électricité, aux produits sanitaires et au matériel médical, ainsi qu’à Internet et aux moyens de communication les plus élémentaires. Des hôpitaux sont détruits et des camps de réfugiés sont bombardés. Un tel siège total est interdit par le droit international humanitaire, comme l’a rappelé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

Condamnant sans ambiguïté les attaques contre les civils israéliens et palestiniens, le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a exhorté Israël et le Hamas à respecter les conventions de Genève qui protègent les populations civiles lors de conflits armés. Il a du même souffle rappelé à Israël qu’empêcher l’acheminement d’aide humanitaire pouvait constituer un crime de guerre.

Selon des chiffres publiés par le Conseil de sécurité de l’ONU — et qui sont malheureusement déjà obsolètes, des 8000 premières personnes tuées à Gaza par le gouvernement israélien de Benjamin Nétanyahou, 70% seraient des femmes et des enfants. Dès les premiers jours des bombardements israéliens à Gaza, des expertes et experts internationaux de l’ONU ont mis en garde contre un risque de génocide.

Depuis, un nombre grandissant d’universitaires et de spécialistes du droit international qualifient les actes militaires d’Israël contre les populations civiles palestiniennes de génocidaires. En seulement trois semaines, l’armée israélienne a largué 18 000 tonnes d’explosifs sur Gaza, un territoire de 360 km2. Le Secrétaire-général de l’ONU António Guterres a rappelé que rien ne saurait justifier un tel déferlement de violence. Un appel au cessez-le-feu immédiat est un appel à l’arrêt de ce massacre. Ni plus, ni moins.

Plusieurs États, un très grand nombre d’ONG et d’experts en droit international adhèrent à cet appel, et la société civile internationale se mobilise pour enjoindre tous les gouvernements à exiger un cessez-le-feu. Où est donc le Canada ? Nos gouvernements, tous paliers confondus, ont fait le choix implicite ou explicite de soutenir les positions et les actes du gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Nétanyahou qui pratique un régime d’apartheid en Israël-Palestine ayant fait l’objet de rapports accablants d’Amnesty International et de Human Rights Watch, et de dénonciations d’organisations juives et israéliennes pacifistes comme B’Tselem.

En tant qu’universitaires, nous affirmons haut et fort que nous refusons le silence et l’indifférence. Nous ne nous tairons pas et nous ne détournerons pas le regard. Nous assumons un parti pris clair en faveur du droit international et du droit international humanitaire. Nous demandons au Canada de prendre un leadership clair et d’appeler à un cessez-le-feu immédiat. Le Premier ministre Justin Trudeau doit tout mettre en œuvre pour que les États-Unis cessent d’abuser de leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU.

Nous appelons tout le milieu universitaire à se mettre en mouvement, en renouant avec son historique de mobilisation contre les grandes injustices mondiales. Nous devons être visibles et audibles pour dénoncer haut et fort, comme tant d’autres avant nous l’ont fait lors de la répression du mouvement des droits civils aux États-Unis, la guerre au Vietnam ou l’Apartheid en Afrique du Sud.

Sur nos campus universitaires et en dehors, nous appelons à soutenir et amplifier le travail courageux des organisations et collectifs qui se battent au Québec et dans tout le Canada pour infléchir la position du Premier ministre Justin Trudeau et obtenir un cessez-le-feu immédiat. Les initiatives de solidarité avec la Palestine sont cruciales et méritent d’être soutenues, notamment celles de Ceasefire Now, de Faculty4Palestine, et du War Crimes Project."

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Intégré par Équipe En commun, le 9 novembre 2023 10:36
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9 novembre 2023

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