Ce texte provient de l'infolettre Sous la loupe de l'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) qui suggère de viser 50/50 entre le préventif et le curatif dans notre système de santé.
Éradiquer la maladie ou en tirer profit
Cette semaine, la Coalition québécoise pour la réduction de la maladie, qui regroupe 57 organisations du secteur de la santé, a dévoilé son plan stratégique visant à réduire la prévalence des maladies au Québec. Le document a été produit en vue d’une consultation que tiendra prochainement le ministère de la Santé pour définir sa stratégie en matière de prévention. Une des propositions de la Coalition est de consacrer plus de 5% du budget de la santé à la santé publique. Cette proportion s’élevait à 3,1% en 2022-2023.
L’IRIS a aussi proposé dans une récente publication de bonifier l’enveloppe qui est dévolue à la santé publique (et donc à la prévention). Notre proposition était cependant plus ambitieuse, puisque nous suggérions de « viser à moyen terme une répartition 50-50, soit 50 % des dépenses de programme en santé publique et dans la première ligne, et 50 % dans la médecine spécialisée, les hôpitaux, l’hébergement et la réadaptation. »
Cette proposition s’appuie notamment sur l’idée que les dépenses en prévention et pour les services de première ligne permettront, à plus long terme, de réduire les dépenses globales en santé et services sociaux, mais aussi de diminuer les dépenses assumées par les individus pour des soins privés. Elle découle également du constat que le réseau de la santé ne connaît pas de sous-financement, mais est mal financé, trop de fonds étant dédiés à la rémunération médicale, aux hôpitaux et l’achat de médicaments.
D’ailleurs, l’industrie pharmaceutique profite directement de la maladie, notamment en raison des dépenses croissantes que les ménages québécois consacrent aux médicaments. Les entreprises du secteur, dont les 10 plus grandes accaparaient près de 50% des ventes au Canada en 2022, peuvent depuis longtemps compter sur l’appui financier de l’État québécois. Un soutien qui prend entre autres la forme de crédits d’impôt ou de subventions et qui est au rendez-vous même pour les entreprises qui font de l’évitement fiscal.
Les entreprises multimillionnaires qui tirent d’importants revenus de la maladie n’ont sans doute pas intérêt à ce que le gouvernement investisse massivement dans la prévention; la population, elle, oui.