Dans ce billet, Alexandra Pierre résume la vision décoloniale de l'écologie de Malcom Ferdinand.
Extrait
De quoi pourrait avoir l’air une écologie décoloniale, c’est-à-dire une écologie qui prend en compte tous les êtres vivants – incluant l’ensemble des humain-e-s et leurs rapports inégalitaires – et les non-vivants présents sur terre? Une écologie au-delà de la doctrine un geste à la fois, mais qui examine les dominations capitalistes, racistes et sexistes qui traversent notre monde postcolonial? Une écologie qui tient simultanément compte de l’impératif de justice (sociale, économique, épistémologique, etc.), de l’impératif environnemental et des inégalités actuelles et historiques qui en créent les contours?
Idées à retenir
- Un habiter colonial
- qui prend racine dans la colonisation
- "Cet habiter prend racine dans la colonisation qui débute dans les Caraïbes, avant de s’étendre à toutes les Amériques puis à la majeure partie de la planète."
- qui extermine et expulse celles et ceux déjà présent·es
- "L’habiter colonial prend ainsi possession de l’espace en exterminant, soumettant ou expulsant celles et ceux déjà présents. Génocides, vols de terre, instauration de la propriété privée et expulsions violentes sont au cœur de l’instauration de l’habiter colonial, de même que l’exploitation massive d’êtres humains – peuples autochtones/colonisés, esclaves, travailleuses et travailleurs engagés (coolies ou indentured workers, etc.). "
- qui met en place une organisation binaire et hiérarchique
- "Les nombreuses manières d’habiter la Terre et les relations qui en découlent sont ainsi reconfigurées, notamment à travers une organisation sociopolitique binaire et hiérarchique : humains/non humains, homme/femmes, centre/périphérie, blanc-he-s européens/racisés, à préserver/à exploiter, civilisés/primitifs, etc."
- qui prend racine dans la colonisation
- Un plantationocène: le régime des plantations agro-industriel
- qui provoque des destructions environnementales sans précédent
- "Par la déforestation massive, le défrichage et la monoculture, il entraîne une perte de biodiversité, un appauvrissement des sols et des écosystèmes déséquilibrés. Simultanément, des mondes physiques, culturels et politiques sont anéantis : périssent ainsi des pratiques agricoles, des cosmologies, des cultures et des économies enracinées dans des habitats et paysages spécifiques."
- qui critique le terme anthropocène
- " le concept d’anthropocène fait fi des rapports de pouvoir en grande partie issus de l’histoire coloniale. L’anthropocène raconte la Terre en effaçant une partie marquante de son histoire. Il impute implicitement les mêmes responsabilités à toutes les sociétés humaines et conçoit l’humanité comme apolitique et destructrice par nature."
- qui provoque des destructions environnementales sans précédent
- Une écologie maronne: l'écologie des esclaves
- qui repose sur une fine connaissance des écosystèmes