État d’âme sur l’intelligence artificielle (IA) dans nos communautés et nos organisations

Comme je l’ai fait pour la transition et le réchauffement climatique , je relaie ici un tir groupé de quelques articles et audios découverts ces derniers mois autour de l’intelligence artificielle.

LES VILLES INTELLIGENTES

Ça ne fait qu’une dizaine d’années (2010) que des villes tentent réellement de créer et d’appliquer des politiques en ce sens.

Est-ce un concept ou un nom à la mode pour impressionner un auditoire? Tout dépend des priorités et des définitions qui se cachent derrière.

Une première définition est apparue : la ville intelligente ajuste son fonctionnement en temps réel, en s’adaptant aux données recueillies. On change ainsi de paradigme en passant de politiques municipales bâties sur une idéologie collective, dont on mesure ultérieurement l’incidence des décisions, à des politiques définies selon ce qui se passe sur le terrain, en temps réel.

Dans cet article : “ Le plan numérique de Montréal” (cscience), Emmanuel Delacour nous apprend que le concept de ville intelligente a amené son lot de déconvenues partout à travers le monde, surtout quand la mise en place du concept impliquait des entreprises privées qui, contrairement aux municipalités, ne sont pas là pour servir les citoyens, mais pour se développer.

De plus, le rapport de juin 2021 (Montréal numérique) note que les centres de contrôle n’ont pas rendu les villes plus sûres, que les systèmes de circulation intelligente peinent à démontrer des résultats convaincants et que l’omniprésence de la technologie, notamment dans la prise de décision, soulève des questions d’éthique et menace la confiance du grand public.

Dans la genèse (manifeste) de son plan numérique, Montréal a pris le parti de mettre le citoyen au centre de toute initiative, reléguant l’intelligence artificielle au rang de simple outil.

Une deuxième définition apparaît : une ville intelligente est une ville qui souhaite améliorer la qualité de vie des citoyens au quotidien en mobilisant l’intelligence collective et en créant de l’innovation. Elle souhaite :

  • privilégier les utilisateurs finaux plutôt que les cas d’usage théoriques,
  • favoriser la disponibilité d’une présence humaine empathique avant l’utilisation exclusive d’outils numériques,
  • encourager le respect des principes éthiques, économiques, sociaux et environnementaux sur le développement rapide de solutions numériques.

Bon, là j’embarque!

D’ailleurs, Montréal a remporté le concours Défi des villes intelligentes du Canada en mai 2019. Sa collaboration avec la ville de Nantes (France) a permis aux deux communautés de se doter d'une charte métropolitaine de la donnée , et d’une déclaration pour le droit numérique des citoyens . Le projet de ville intelligente s’est aussi traduit par la création du Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal .

Attention cependant, aux angles morts. Pour l’IRIS, l’intelligence artificielle peut contribuer à lagentrificationdes quartiers de Montréa l. En voulant devenir un centre mondial de l’intelligence artificielle (IA) , l’accueil d'entreprises de l’IA dans certains quartiers se fait au détriment d’une délocalisation de leurs citoyen·ne·s.

L'IA ET LES ORGANISATIONS

En 2018, Cécile Dejoux , professeur des Universités en gestion au Cnam et ESCP Europe, parlait de la transformation numérique et de l'intelligence artificielle comme de deux révolutions que les entreprises ne devaient pas manquer.

La transformation numérique n’était alors qu’une transition visant à préparer l’étape suivante : l’intelligence artificielle, vouée à remplacer, assister et augmenter les collaborateurs et surtout les gestionnaires dans la réalisation de nombreuses tâches à faible valeur ajoutée pour l’être humain, du moins dans les premiers temps.

Pour un gestionnaire, embarquer dans la transformation numérique pour créer de nouvelles sources de valeur ajoutée, c’est s’obliger à se former aux compétences numériques , d’agilité et de conception créative, afin de fournir des données de qualité, d’éduquer, de contrôler, de développer et de mettre les systèmes d’IA en relation avec des tâches humaines. À leur tour, chaque gestionnaire devra former des groupes (métiers multidisciplinaires) d’employés, de gestionnaires et de partenaires extérieurs pour mener une réflexion :

  • sur les tâches à faire à l’IA (remplacer),
  • sur celles qu’il faut faire avec elle (assister),
  • sur les nouvelles tâches à faire faire grâce à elle (augmenter).

En bref, ces groupes devront repenser le contenu des différentes tâches en intégrant l’IA comme un nouvel axe de productivité . C’est à cette condition que les employés et les gestionnaires accepteront la transformation de leur travail, de leurs responsabilités et de leur contrat social. Plus leur implication et leur adhésion seront sollicitées pour repenser leurs métiers, plus la relation homme-machine au travail pourra être envisagée sereinement et de façon constructive.

L'IA ET L'HUMAIN

On ne peut parler d’IA sans évoquer la crainte qu’elle remplace totalement l’humain. Est-ce possible? Cette question en soulève une autre : l’IA peut-elle penser? . Benoît Leblanc, directeur de l’École nationale supérieure de cognitique de Bordeaux (France) donne une réponse négative puisque l’IA :

  • n’a pas de capacités extra-sensorielles,
  • n’a pas la compréhension (la conversation suppose une réflexion et une adaptation à la situation),
  • la sémantique (étude du sens) est hors du champ accessible aux machines,
  • la conscience pourrait seulement être le fait du vivant.

POUR DÉCOUVRIR L'IA AVEC HUMOUR ET RAPIDEMENT

Si vous souhaitez mieux appréhender l’IA (tenants et aboutissants de toutes les problématiques autour de l’IA), voici la série de 7 courtes capsules vidéos humoristiques de l’été 2021 : “Allô Lél’IA” , dont la prescription est une nouvelle capsule par semaine, quand vous voulez, jusqu’au 12 septembre.

Dans la 1ère capsule , Lélia Nevert (l’animatrice rigolote de chaque capsule) parle de sécurité . L’IA a des avantages, notamment de détecter et prévenir les crimes, de détecter des comportements suspects sur les réseaux sociaux tout en protégeant nos données, mais elle a aussi des inconvénients : générer des fausses preuves, pirater des systèmes, usurper des identités, manipuler, escroquer, corrompre les données...

Dans la 2e capsule , on comprend que l’apprentissage automatique (machine learning) est une science permettant de faire des prédictions. Ce sous-domaine de l’IA la rend plus efficace. Nous assistons à une généralisation rapide de l’apprentissage automatique dans de nombreux domaines : des bandeaux publicitaires sur les réseaux sociaux au secteur médical (reconnaissance de tumeurs sur imagerie, diagnostics…). Le seul frein à la rapidité de cette généralisation est la capacité collective à repenser le fonctionnement et les tâches dans les organisations.

Dans la 3e capsule , on se demande si les robots peuvent être stupides.

La capsule 4 aborde l'impact de l'IA dans la création de richesse notamment par l'augmentation de la productivité et la réduction des coûts. Cette création de richesse devra être redistribuée afin de réduire les inégalités sociales.

La capsule 5 aborde la responsabilité des robots. Sur ce point, le droit international ne converge pas encore.

En complément sur Passerelles plusieurs publications (voir aussi leurs commentaires) :

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Intégré par Équipe En commun, le 12 avril 2023 09:03
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Intelligence artificielle (IA, ChatGPT, ...), Réfléchir et analyser

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27 juillet 2021

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26 septembre 2023 08:50

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