Cette note présente un compte-rendu de la visite tenue à Saint-Camille et au Parc régional du Mont-Ham, le 2 mai 2024, dans le cadre du Forum international des ASP - Les défis d'une nouvelle ruralité.
Période d’échanges au P'tit Bonheur de Saint-Camille
Le 2 mai 2024, la communauté de Saint-Camille recevait la chercheure et professeure Kirsten Koop, ainsi qu'une délégation des communautés partenaires du groupe des 9. L'accueil s'est fait au P'tit Bonheur de Saint-Camille en fin d'avant-midi. Un tour de table pour faire connaissance a également permis d'identifier des pistes de solution pour favoriser le maintien des jeunes en région:
- Créer des moments de rencontre collective
- Cultiver un esprit d’ouverture
- Nourrir des valeurs de collaboration et de solidarité
- 2 éléments permettent la mobilisation : 1) Une crise 2) La fête/la célébration (Musique, Nourriture, Arts)
Une diversité de sujet en lien avec l'historique de mobilisation à Saint-Camille ont ensuite été abordés :
Tensions entre la société civile et la municipalité
On ne retrouve pas de tension à ce niveau, au contraire, les élus ont presque toujours accompagné et soutenu les initiatives de la société civile. Un citoyen a même brigué la mairie pour garantir le soutien de celle-ci au projet du Rang 13.
Gestion des conflits
Parfois, les choses avancent trop rapidement et nous devons ralentir pour consolider les projets. Le leadership à Saint-Camille est polycentrique et décentralisé, par conséquent les espaces de rencontres informels constituent un élément important pour l’atténuation et la prévention des conflits. Une résidente donne l’exemple des "midis-pizza" qui constituent des moments propices pour échanger et apaiser les conflits éventuels entre différents projets ou membres de la communauté.
Rôle de l’agent de développement et de la Corpo de développement
Kirsten est émerveillée par l’existence du rôle d’agent de développement dans une municipalité de 550 habitant·es. Pour Olivier Brière, de la Corporation de développement de Saint-Camille, un autre élément distinctif est le fait que l’agent de développement est hébergé par une OBNL autonome. Cette autonomie lui permet de se concentrer sur les besoins émanant de la société civile, sans être détourné par d’autres tâches bureaucratiques qui pourraient provenir de la municipalité s’il y était salarié.
La Corporation de développement joue un rôle de facilitateur dans la réalisation des projets. En effet, en restant à l’affût des opportunités de financement, l'agent de développement surveille activement les possibilités de financement et facilite la mise en lien des différents projets. Par exemple, en connectant des acteurs en agriculture, en éducation, en culture ou au niveau municipal pour une demande de financement particulière.
Disponibilité de l’espace
Kirsten souligne que les gens ont souvent besoin de temps et d'espace pour développer des projets collectifs. Elle se questionne si Saint-Camille est confronté à un manque d'espace.
Effectivement, on indique qu'il existe une contrainte au cœur du village : peu d'espace disponible. À l'extérieur du cœur du village, il explique que la communauté est confrontée à une explosion de la valeur des terres. Cette spéculation foncière rend très difficile, voire impossible, de démarrer par exemple une entreprise agricole en dehors des modèles productivistes industriels tels que le maïs et le soya.
Activités au Parc régional du Mont-Ham et marche dans le Sentier Waban-Aki
La relation entre la communauté Abénakise et le Parc régional du Mont-Ham
Une présentation est réalisée par Frédérick Therrien, directeur du Parc régional du Mont-Ham ainsi que Valérie Laforce et Sonia Fiset de la communauté d’Odanak.
PRÉSENTATION DU PARC RÉGIONAL HAM
Partenariat entre la MRC des Sources et le Grand Conseil Abénaki W8banaki
La MRC des Sources a approché le Grand Conseil Abénaki afin de développer un partenariat entre le Parc régional du Mont-Ham et la communauté abénakise. Le Grand Conseil W8banaki est constitué de membres du conseil d'administration des conseils de bande de Wôlinak et d’Odanak et compte une centaine d’employé·es. Il s'agit d’un conseil apolitique qui s'occupe principalement de questions liées aux services sociaux, à l’ingénierie et au territoire.
Interactions entre le Parc régional et le Grand Conseil W8banaki
Le Parc régional explique qu’il consulte le Grand conseil pour valider des idées de projets qu’ils aimeraient mettre en place, ainsi sur les façons de mettre en valeur la culture abénakise.
Accès au territoire et ressourcement communautaire
La question du manque d’accès au territoire se vit également pour les Abénakis, qui ne que peu d’accès à leur territoire ancestral. Afin de redonner un accès au territoire, une entente a été conclue entre le parc régional et les communautés de Wôlinak et d’Odanak pour leur offrir un accès gratuit au site. Cet accès permet aux deux communautés d’organiser, une fois par an, une grande fin de semaine de ressourcement communautaire.
Ce grand ressourcement est l’occasion pour les Abénakis de se retrouver et de reconnecter les deux communautés. Pour l’occasion une œuvre collective est produite et différentes activités permettent de nourrir la réappropriation culturelle. En effet, la culture des Abénakis s’est grandement perdue avec la colonisation. C’est pourquoi les deux communautés sont actuellement en processus de réintégration de leur culture, et ce, notamment à travers leurs actions quotidiennes.
Processus de réappropriation et gouvernance
Si certaines communautés autochtones expérimentent un retour à des formes de gouvernance plus traditionnelles, ce n’est cependant pas le cas pour Wôlinak et Odanak qui s’inscrivent encore aujourd’hui dans un modèle de gouvernance colonial (conseil de bande). Cependant, Valérie et Sonia observent toutes les deux que chez les jeunes il y a une forte volonté de réappropriation culturelle et notamment d’une gouvernance traditionnelle.
Recommandations de lecture - Le double regard de Etuamunak
Suite à l’échange avec Sonia et Valérie, nous avons eu la chance de confectionner un petit baluchon. Regroupant 4 herbes sacrées, il était traditionnellement porté par les autochtones lorsqu’ils partaient en forêt et constituait leur petite “pharmacie”.
- Le cèdre est considéré comme un arbre sacré et est utilisé pour des cérémonies de purification, pour des fins médicinales et lors de cérémonies de sudation.
- La sauge est utilisée pour repousser les énergies négatives, lors de cérémonies ou de rassemblements, notamment pour fixer l’intention de la rencontre.
- Le tabac est le premier médicament. Il est utilisé comme offrande pour prier ou exprimer sa gratitude.
- Le foin d'odeur est utilisé pour des fins médicinales ou pour la purification. Il nous rappelle notre lien avec la Terre Mère.
Extrait du document explicatif fourni par N8wkika.
Marche dans le Sentier Waban-Aki avec Sonia Fiset et Valérie Laforce
Par la suite, nous avons parcouru le sentier Waban-Aki où nous avons pu observer les 8 lunes représentant 8 moments importants de l’année pour les Abénakis. Les lunes ont été réalisées par des enfants des communautés abénakis.
Prise de notes et rédaction : Marie-Soleil L'Allier
Photos : Sylvain Laroche