Je ne suis pas encore habitué à publier sur Praxis et j'ai oublié d'y faire suivre mes trois derniers billets de blogue. Je vous les offre donc ici en rafale !
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lundi, 19 août 2024
Gros billet de retour de vacances : ils sont arrivés !
Bon eh bien ça y est, comme le prouve la photo, j’ai une copie du livre entre les mains ! Il s’est écoulé cinq semaines entre l’image de sa couverture encore dans le logiciel de mise en page du dernier billet et cette photo de l’objet réel reçu mercredi dernier, non sans émotion, je dois l’avouer. Pendant ces semaines estivales, j’en ai pris deux pour décrocher complètement des derniers mois plutôt intenses avant l’envoi à l’imprimerie. Et les autres à retravailler et mettre en ligne les 15 sections enlevées par manque d’espace que vous pourrez donc lire sur le site web du livre dont l’adresse sera bientôt dévoilée. Tout comme d’ailleurs l’identité de mon co-auteur dont mes doigts ont malencontreusement caché le nom quand j’ai pris cette photo… De même que le nom de la formidable maison d’édition qui m’a accompagné dans cette aventure, Écosociété (ce qui prouve bien que cela était un accident!). Et gros coup de chapeau ici en passant à David Murray, mon éditeur et ami, qui m’a soutenu tout au long de cette saga !
J’ai d’ailleurs un sentiment un peu irréel depuis que je l’ai entre les entre les mains. Première constatation : il n’est pas si lourd et un bras humain peut très bien le supporter ! Ajouter à ça une netteté et une précision des schémas et dessins que le papier rend tellement mieux que les écrans, et le fait qu’il est rare que l’on ouvre une page au hasard sans y voir un élément graphique qui dynamise les colonnes de dialogue (intertitre, citation en exergue, schéma technique, grand dessin de début de rencontre, dessin de relocalisation, dessin éditorial caricatural, etc.). Et en prime, il paraît qu’il y a aussi un peu de contenu dans ses 560 pages et ses 2800 références (!) qui tentent une synthèse des choses que je pense avoir comprise un peu depuis les deux décennies que je lis sur le vaste domaine des sciences cognitives…
Phénomène étrange aussi : à chaque fois que je vais voir quelque chose dans le livre, je me prends systématiquement à lire ce qui suit, puis un autre passage, puis un autre, de sorte que je ne m’en tire rarement en bas de 5 ou 10 minutes. Ça se soigne, docteur ? ;-P Comme si la pause estivale m’avait fait un peu oublier des enchaînements de répliques que j’ai pourtant lus et relus, mais que je les redécouvrais dans le livre mis en page (cette dernièrer s’est quand même effectuée rapidement dans les derniers mois, grâce au travail efficace de Jolin Masson, ce qui est relativement bref comparé aux presque quatre ans d’écriture dans d’horribles fichiers Word). Et peut-être aussi parce que ce support papier est tellement plus réel et concret pour « un singe avec du linge qui se creuse les méninges » comme nous, et comme le dit si joliment Margaret Tracteur, découverte au Festival Virage en juin dernier. Bref, j’ose croire que c’est plutôt bon signe, et que vous y trouverez le même plaisir quand vous l’aurez entre les mains.
Chose qui pourrait se passer dès le 1er octobre, date à partir de laquelle il sera disponible dans les librairies du Québec (25 octobre en Europe). Ou encore mieux, à partir du 3 octobre à 19h, date et heure du lancement que je vous invite à mettre dès maintenant à votre agenda qui se remplit souvent plutôt vite à la rentrée ! Ça se passera à l’endroit même où tout a commencé, au bar les Sans-Taverne, dans ce Bâtiment 7 de Pointe-St-Charles, à Montréal, que mon complice aime tant. C’est là que je l’avais appâté pour l’inciter à me suivre lors de la douzaine de rencontres qui ont servi de base au bouquin.
Pour l’instant, histoire de vous laisser avec un peu de contenu « neuro » parce que c’est quand même beaucoup de ça dont le livre parle et que ça fait un bout qu’il n’y en a pas eu ici, je vous laisse avec l’un de ces « fun facts », comme les appelle un peu ironiquement Olyvier, qui m’a demandé d’en sortir une dizaine de l’ouvrage pour le communiqué de presse à venir et les médias sociaux. En voici donc un premier à la fois sur ces médias électroniques devenus si importants dans nos vies, et à la fois sur l’approche évolutive qui traverse tout l’ouvrage :
« C’est par le « recyclage neuronal » que le « bricolage de l’évolution » a pu développer de nouvelles fonctions complexes de manière beaucoup plus économe que de tout réinventer chaque fois à partir de rien. On a par exemple la réutilisation probable des différents types de neurones de l’hippocampe, une structure cérébrale associée à la navigation dans l’espace, pour la formation de cartes mentales de nos réseaux sociaux. Qui sont mes ami.es proches, qui est au-dessus ou en dessous de moi en termes de hiérarchie sociale ? Toute cette cartographie sociale complexe serait facilitée par le travail des mêmes régions hippocampiques que celles qui nous permettent de dresser également une carte biographique de notre vie, une carte conceptuelle de nos connaissances et, à la base, une bonne vieille carte pour s’orienter dans l’espace ! »
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lundi, 26 août 2024
Dévoilement du co-auteur de « Notre cerveau à tous les niveaux » !
À un peu plus d’un mois de la parution de mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » (Écosociété), il est temps de dévoiler l’identité de mon complice qui, par sa répartie et ses questions sans détour, m’a poussé à clarifier le plus possible des notions souvent pas évidentes sur le cerveau humain. Je lui en suis d’autant plus reconnaissant que le défi lancé était assez engageant : une douzaine de rencontres de plusieurs heures chacune, à chaque semaine de l’été 2022, qui ont a parfois mis notre patience mutuelle à rude épreuve. Mais notre amitié de longue date nous a permis de tenir le coup ! Au final, ça donne des dialogues vivants et incarnés, avec une préoccupation constante pour les conséquences concrètes des avancées des vingt dernières années en sciences cognitives dans la vie des gens.
C’est donc avec grand plaisir que je mets fin aujourd’hui au petit suspense concernant l’identité de mon co-auteur (qui aurait pu se terminer la semaine dernière, n’eut été d’un doigt mal placé sur la couverture du livre…). J’ai cependant pensé que ça le ferait sourire que je le fasse « à sa façon », c’est-à-dire en essayant d’utiliser ce langage qui lui est si cher, celui du cinéma ! Voilà donc une petite vidéo de trois minutes sans prétention pour exprimer toute ma gratitude à ma vieille branche et lui redire à quel point c’est grâce à lui que cette aventure a pu prendre la forme particulière que j’avais imaginée. Non seulement a-t-elle permis de nous revoir, mais aussi de ME revoir « de plus loin que moi », pour reprendre les beaux mots du poète Gaston Miron.
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Je vous donnerai plus de détails sur la bio de mon co-auteur la semaine prochaine (et si vous le connaissez, merci de laisser aux autres le plaisir de découvrir ce truculent personnage au fil des pages du bouquin…), mais pour l’instant, question de continuer à distiller un peu de contenu du livre, je vous offre un deuxième extrait de la série « fun facts » inaugurée la semaine dernière. Par exemple cette histoire, qui avait pas mal stimulé mon collègue :
« Le primatologue Robert Sapolsky a suivi pendant des années au Kenya un groupe de babouins. Vers le milieu des années 1980, les mâles dominants les plus agressifs de cette bande vont faire des razzias près d’un lieu touristique et mangent de la viande avariée qui finit par tous les tuer. Ainsi débarrassée des individus les plus agressifs, le reste de la troupe devient plus paisible. Il y a encore une hiérarchie, mais elle est devenue beaucoup plus relaxe, et ce, même si au bout de 10 et même 20 ans, les mâles de la troupe étaient tous de nouveaux individus venus d’autres troupes comme le veut l’exogamie reproductive chez cette espèce. Ces nouveaux mâles n’avaient plus besoin d’être agressifs dans cette « culture » particulièrement apaisée de babouins, des animaux que les livres d’éthologie décrivaient jusqu’alors comme foncièrement agressifs ! On peut alors se demander ce qui arriverait si les humains les plus dominants et agressifs à la tête des empires actuels mourraient tous soudainement, d’une indigestion de caviar, par exemple… On rigole, d’accord, mais l’expérience naturelle avec les babouins permet de remettre en question bien des dogmes au caractère soi-disant inéluctable dans nos sociétés humaines. »
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mardi, 3 septembre 2024
Une « 4e de couverture » qui présente plusieurs facettes d’un livre atypique
J’aime bien l’expression « neuro-atypique » pour décrire une personne schizophrène, autiste, bipolaire ou synesthète. Parce qu’elle met l’emphase sur le fonctionnement différent de leur cerveau, et moins sur leurs problèmes ou leur souffrance. Et nous invite, nous, les banals « neurotypiques », à reconnaître cette différence, à essayer de la comprendre et d’apprendre à vivre avec eux. Un peu comme si on « renversait le fardeau de la preuve ». Ce que nous aident à faire les autistes qui nous décrivent malicieusement, nous les neurotypiques, comme atteints d’un « « trouble neurobiologique caractérisé par un souci de préoccupations sociales, des délires de supériorité et l’obsession de conformité » !
Cela dit, il n’y a pas deux neurotypiques identiques, et les aléas de notre histoire de vie ont tôt fait de nous « atypiciser » considérablement ! Alors imaginez un livre issu de la conversation entre un vulgarisateur scientifique et un cinéaste militant : ce qui en ressort ne pouvait qu’être assez atypique ! Il est donc évidemment impossible de réduire les 560 pages de contenu de Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale à une seule phrase. Mais si on m’obligeait à le faire un fusil sur la tempe, je crois que je renverrais à la première de la page qui présente mon livre sur le site d’Écosociété, et qui se lit comme suit :
« Voyage interdisciplinaire captivant qui fait le pont entre questions scientifiques et enjeux sociopolitiques et rappelle à quel point cerveau, corps et environnement forment un système indissociable. »
Les trois paragraphes qui suivent sur cette page sont ceux que l’on retrouve aussi sur la 4e de couverture de l’ouvrage. Ça n’a pas été facile d’en arriver à ceux-là et je ne vous cacherai pas qu’il y a eu plusieurs aller-retour entre la maison d’édition et moi pour écrire ce tout petit texte. Mais bon, on en arrive à ça pour décrire et, je l’espère, donner le goût de lire notre OVNI !
Et comme j’ai dévoilé la semaine dernière l’identité de mon co-auteur qui est nul autre que mon vieil ami Yvon D. Ranger, je peux donc aujourd’hui reproduire ici sa courte biographie qui est sur le 4e de couverture du livre, tout comme la mienne d’ailleurs.
Militant anticapitaliste, Yvon D. Ranger est journaliste et cinéaste. Il a coordonné de 2002 à 2014 le mensuel indépendant satirique Le Couac, tout en réalisant une vingtaine de courts métrages, cinq longs métrages et une web série, tous à saveur politique.
Détenteur d’une maîtrise en neurobiologie de l’Université de Montréal, Bruno Dubuc est vulgarisateur scientifique. Depuis 2002, il anime le site web Le cerveau à tous niveaux, une référence tant auprès du milieu scientifique que du grand public. Il fait aussi partie depuis 2014 du collectif derrière l’Upop Montréal, dont les activités s’inscrivent dans le sillage des universités populaires.
Il y a enfin, toujours sur la 4e de couverture du livre, deux brefs commentaires sur le livre (les anglo-saxons parleraient de « praises »), l’une de Mathieu Landry, neuroscientifique de l’Université de Montréal, et l’autre d’Yves-Marie Abraham, sociologue et auteur de Guérir du mal de l’infini. Je vous les recopie aussi ici, très heureux et flatté que ces deux personnes que j’estime y aient vu tant de belles choses…
« Un exercice très ludique et détaillé qui met parfaitement en lumière les conceptions actuelles de l’esprit humain en relation avec leurs différents substrats physiologiques. Un bel équilibre. » – Mathieu Landry
« J’ai longtemps cru pouvoir faire des sciences sociales sans m’intéresser au cerveau humain. Non seulement le chef d’oeuvre de Bruno Dubuc m’a convaincu que j’avais tort, mais il fournit aussi tout ce qu’il faut pour commencer à corriger cette erreur. » – Yves-Marie Abraham
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Je termine encore une fois, comme j’en ai pris l’habitude il y a deux semaines, avec un petit « fun fact » tiré du livre, question d’en distiller un peu de contenu sur ce blogue pour vous mettre l’eau à la bouche.
« Pour mieux comprendre notre pensée, ce livre adopte une perspective résolument évolutive. Par exemple, on ne va pas seulement montrer qu’on a des biais cognitifs, mais surtout pourquoi on les a. C’est sûr que c’est plus long à expliquer, mais quand on voit mieux d’où ils viennent, on est plus en mesure de comprendre que les biais cognitifs ne sont pas juste des « défauts » de la pensée, comme on nous les présente souvent, mais bien au contraire, les racines profondes de notre pensée ! Ou en tout cas des choses qui ont eu leur utilité au cours de notre longue histoire évolutive. Comme le fameux « biais de confirmation » qui nous a toujours aidé à offrir une réponse rapide souvent nécessaire, en favorisant des savoirs qui ont déjà prouvé leur efficacité dans des environnements ancestraux stables. Et dont on ne s’en affranchira probablement complètement jamais, comme toutes nos prédispositions biologiques, car ils sont « hard wired » dans notre cerveau. Mais en comprenant plus profondément d’où ils viennent, on peut mieux les identifier et les contourner. »