Cette note est un témoignage de Ève Chevalier réalisé suite à sa participation à la Journée des savoirs ouverts 2024. Pour voir l'ensemble des témoignages, accédez au carnet Témoignages des participant·es à la Journée des savoirs ouverts 2024.
Le 24 octobre dernier, j’ai franchi les portes du Conseil des arts de Montréal en tant que nouvelle « élève » des savoirs ouverts et de la mobilisation des connaissances. À mon arrivée, j’anticipais ma posture de visiteuse, plutôt témoin des savoirs des autres personnes qui constituaient la foule. Ce doute provenait certainement de ma réorientation professionnelle récente : je suis encore aux prémices de mon arrivée dans cet univers fascinant de la collaboration ouverte, de la mise en commun et de l’accès à l’information.
Qu’aurais-je donc à partager ? Quelles connaissances mettre de l’avant afin de créer des liens solides et novateurs entre différents milieux ?
Au fil de mes rencontres, c’est ma curiosité qui s’est dévoilée être ma plus belle expertise lors de la JDSO, imprégnant le reste de mon expérience et me permettant des échanges marquants avec d'autres participant·es. Cet événement a d’ailleurs été décisif pour ma réorientation : j’ai véritablement le sentiment d’avoir trouvé ma place. J’y ai fait l’expérience d’une profonde connexion par ma simple soif de savoir, plutôt qu’en cherchant une posture de savante. L’ignorance serait donc une force, et la mobilisation des savoirs accessible à tous·tes : elle est citoyenne, collective, intersectorielle et loin d’être intimidante, finalement.
Bibliothèque, démocratie et épiphanie
Guidée par l’énergisante Louise Guillemette-Labory, la première heure d’atelier m’a plongée au cœur d’un débat captivant sur le monde des bibliothèques (et des tiers-lieux), un domaine que j’aspire à intégrer depuis plusieurs mois avec un curriculum tout propre de compétences transversales et de qualités humaines.
Sous la direction de cette grande doyenne, la séance a été enrichie par des participant·es passionné·es. Cet espace de dialogue m’a appris qu’il y avait, à ce jour :
- d’importants enjeux de censure en bibliothèques;
- que l’esprit critique et l’autodidactie ne sont pas à négliger dans les processus d’apprentissage;
- qu’il est nécessaire d’honorer le concept de proximité, essentiel à la mission des bibliothèques.
À mon plus grand étonnement, j'ai découvert que de nombreux·ses professionnel·les engagés·es partageaient des préoccupations similaires quant à des visions innovantes pour le milieu « coincées dans le fantasme ». Mes perspectives se sont multipliées : le secteur des bibliothèques est encore à réinventer, pour plus d’inclusion, d’accessibilité et d’opportunités d’émancipation. J’étais, au cœur de cet échange, en mode éponge. Les points de vues se transformaient d’un·e intervenant·e à l’autre ; j’absorbais de nouvelles notions, des savoirs tacites issus du savoir-faire des invité·es. Une extension de la notion de bibliothèque vivante en pleine effervescence, les documents certainement sortis de leur paradigme, un concept qui a naturellement émergé dans la pièce et s’est invité dans chaque activité de la journée.
Les savoirs transformateurs
J’ai quitté l'événement avec un grand sentiment de richesse et, dans mon coffre au trésor, des réflexions qui continuent de m’habiter. De nombreuses questions ouvertes ont émergé au cours de ces huit heures de partage. J'ai désormais en main des pistes plus que pertinentes pour avancer dans mon parcours professionnel et, surtout, pour favoriser la cohésion des communs. Quelques-unes d'entre elles :
- Qu’est-ce qui nous motive à apprendre ? Est-ce pour avoir ? Est-ce pour être ? Laquelle de ces motivations définit une société apprenante ?
- Pour déconstruire l'approche méritocratique de l'apprentissage et de l'éducation, ne devrait-on pas revenir aux objectifs et aux symptômes du système dans lequel nous vivons — le capitalisme — et envisager la fin du capital pour favoriser une meilleure accessibilité aux savoirs et, ainsi, une véritable émancipation humaine ?
Je constate, au fil de ces questions, que les conversations autour du savoir et de l’apprentissage, pour une société réellement apprenante, peuvent inspirer la reconsidération de tout un système économique ! Un vaste projet utopique pour notre milieu et le bien-être collectif.