En décembre 2022, Montréal a eu l’opportunité d’accueillir la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15). Après douze jours de négociations, 196 pays, dont le Canada, ont adopté l’accord Kunming-Montréal et ses vingt-trois cibles. On compte parmi celles-ci la cible 3 : la conservation et la gestion aux moyens du système d’aires protégées d’au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines d’ici 2030. On vise aussi à restaurer 30 % des territoires dégradés en vue de renforcer la biodiversité (Cible 2). De façon concomitante, le gouvernement du Québec s’est engagé à atteindre ces cibles. Cependant, le système minier tel qu’il est, représente une menace pour l’atteinte de ces objectifs. Les minéraux critiques et stratégiques sont perçus comme indispensable à la transition écologique pour le gouvernement. Actuellement, le Québec fait face à un boom minier : les claims, titre d’exploration minière, sont de plus en plus présents. Toute personne peut devenir propriétaire d’un claim sur le territoire québécois. Ce morcellement du territoire restreint les gouvernements de proximité à aménager leur région et à créer des aires protégées. Les territoires incompatibles à l’activité minière (TIAM) sont un outil d’aménagement pour les municipalités régionales de comté (MRC), mais il s’avère déficient. Plusieurs projets d’aires protégées se sont vus être modifiés ou carrément annulés pour prioriser l’indusie minière : Parc national de Pingualuit (Grand Nord), forêt Piché-Lemoyne (Abitibi), parc national de la Gaspésie, réserve naturelle des Monts-Groulx (Laurentides) et autres.
Face à ce contexte contradictoire et une pluralité d’acteurs, notre question de recherche prend tout son sens : Par quels mécanismes juridiques, économiques, sociaux et environnementaux l’exploitation et l’exploration des ressources non renouvelables du sous-sol québécois sont-elles priorisées aux dépens de la conservation de la biodiversité ? Ce projet d’essai a pour objectif principal de réaliser une analyse critique sur la prédominance de l’exploration et de l’exploitation minière aux dépens de la conservation de la biodiversité. Ces mécanismes sont traités à l’aide de la littérature grise, des publications législatives, une revue de presse et des schémas d’aménagements. Il s’avère qu’au travers des mécanismes juridiques et économiques, le système minier est favorisé.
Bien que la superficie d’aires protégées soit plus élevée que celles des claims, les outils actuels favorisent l’exploration minière aux dépens de la conservation. La Loi sur les mines prédomine sur les autres lois et les importantes redevances économiques motivent l’État à prioriser cette industrie. Du côté des aires protégées, elles sont primordiales pour la protection de la biodiversité en plus des services écosystémiques offerts à la population. La mobilisation citoyenne est plus présente que jamais face aux actions gouvernementales. Le schéma d’aménagement et l’évaluation environnementale n’offrent pas assez d’encadrements pour limiter l’octroi des claims et les effets néfastes des mines abandonnées, présentes ou futures. Les gouvernements de proximité souhaitent obtenir plus de pouvoirs et d’outils de la part de Québec quant à la mise à la place des TIAM pour favoriser les projets d’aires protégées. pdf rivalite-entre-aires-protegees-et-claims-_laprise_b-23373 Brigitte Laprise 2024
