
Un texte de Delphine Pouchain et Emmanuel Petit pour Reporterre.
Face à la crise climatique, l’écoanxiété peut devenir un moteur d’engagement, écrivent les auteurs de cette tribune. Les émotions, dont la colère, peuvent prendre une réelle tournure politique.
Delphine Pouchain est maîtresse de conférences en sciences économiques à Sciences Po Lille. Emmanuel Petit est professeur de sciences économiques à l’université de Bordeaux.
En 2021, un article du Lancet révélait que, sur 10 000 jeunes de 16 à 25 ans interrogés dans dix pays, la moitié déclarait que le changement climatique les rendait tristes, anxieux, en colère, impuissants et coupables.
Presque la moitié considérait que leurs sentiments à propos du changement climatique affectaient négativement leur vie quotidienne, et beaucoup ont fait état de pensées négatives en relation directe avec l’état de la planète. Ces émotions, et notamment la colère, sont fortement corrélées à l’idée selon laquelle les gouvernements ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux environnementaux actuels ; ce qui s’accompagne alors d’un sentiment de trahison et d’abandon.
Ce sentiment est lui-même générateur de colère, comme en témoigne l’exemple bien connu de Greta Thunberg. La jeune activiste suédoise est souvent présentée comme l’égérie de la lutte contre le réchauffement climatique. Parallèlement, elle cristallise les critiques, notamment parce qu’elle ferait trop étalage de ses émotions. On lui reproche par ailleurs de chercher à susciter les émotions de son auditoire par le biais de formules choc.