Cette note résume des concepts soulevés lors de la 2e phase du processus de recherche-action « Aller du bord de l'exclusion » effectuée par COSMOSS entre 2013 et 2015, dans le but de proposer des moyens et outils pour mieux rejoindre les personnes vulnérables et éloignées des services de soutien.

Toujours en lien avec l’approche de proximité, il devient important de se faire connaître pour devenir un élément familier de l’environnement des personnes, en fréquentant les mêmes lieux ou en s’impliquant dans des comités. Pour transmettre de l’information sur des services offerts, il convient de se déplacer en personne dans les milieux plutôt que d’utiliser des modes de communication impersonnels. Le « bouche-à-oreille » devient également un moyen intéressant pour la diffusion d’information, qu’il soit libre ou contrôlé.
Appliquer la stratégie de la boule de neige
L’intervenant trouve une personne qui a les caractéristiques souhaitées. Celle-ci utilise son réseau social pour recruter des participants similaires. Après qu’elle ait aidé à recruter des répondants, ces derniers recrutent eux-mêmes de nouveaux participants et ainsi de suite, amorçant alors un processus analogue à une boule de neige dévalant une colline.
Pour favoriser le « bouche-à-oreille », la réputation de l’organisme souhaitant rejoindre les personnes doit être positive. Dans cet ordre d’idée, chaque organisation devrait être au courant de toute stigmatisation attachée à ses services ou à son établissement et envisager des stratégies de représentation ou revoir l’image qu’il projette afin d’atténuer ces préjugés. La renommée et la nature des liens qu’il entretient avec les autres organismes constituent également des facteurs facilitants.
Se faire connaître
Il s’agit de devenir un élément familier de l’environnement et de s’intégrer au paysage par l’implication dans des comités et dans des tables de concertation, par exemple, ou par une présence assidue dans les lieux fréquentés par les personnes.
En outre, « un moyen super important de se faire connaître » consiste à axer sur la transmission de « messages clairs », la « circulation de l’information » et « l’éducation populaire » pour parvenir à rejoindre les gens :
💬 « Plus on va arriver à mettre notre message, à planter notre graine partout, plus ça va donner des résultats, parce qu’une personne comme coordonnateur d’un projet comme ça, tu peux pas être partout. Tu as du temps à donner, faut que tu le partages, ton temps, entre tout ce qu’il y a à faire, t’associer, être là pour donner l’info. Que l’info soit le plus accessible possible. C’est ça qu’on peut faire ». (Entrevue 12)
💬 « Quand on a fait le projet [nom], on est allées dans les municipalités […] on s’est donc fait connaître […] On se fait connaître de plus en plus depuis qu’on a une animatrice sociopolitique. Depuis qu’on a ouvert ce volet-là, on a plein de demandes, c’en est presque épeurant ». (Entrevue 1)
Effectuer des tournées auprès des conseils municipaux et à l’intérieur des municipalités, aller dans les milieux ruraux, se présenter dans les organisations, planifier des conférences et des séances d’information ou les tenir sur demande, entrer en contact avec les organismes partenaires font partie des stratégies évoquées par les répondants pour mieux se faire connaître. Un répondant précise également que la préparation du terrain en vue d’un nouveau projet en facilite l’accueil.
Développer sa crédibilité
Non seulement est-il nécessaire de se rendre visible dans la communauté, mais encore faut-il que la connaissance qui s’ensuit soit jugée positivement. Pour intervenir dans un milieu « très tissé », il faut « vraiment être à l’affût de ce qui peut se passer pour être conscient de notre manière d’agir » afin de ne pas nuire à sa « réputation ». À l’inverse, quand la connaissance engendre le développement de sa crédibilité, cela génère des effets positifs, en regard notamment de la « confiance » envers les répondants ou de leurs organisations, de la « consolidation du partenariat », et des « demandes » pour offrir des activités et des services :
💬 « Maintenant, je pense qu’eux viennent plus nous voir pour avoir nos services. Je pense qu’on est plus connu depuis… comme on est partout. On a gagné à être connu, et reconnu. Les clients font un très gros travail, nos partenaires aussi. Faut pas les oublier ». (Entrevue 8)
💬 « C’est le préfet qui est venu me chercher : « si [ce programme] marche avec [telle population cible], ça pourrait peut-être marcher avec nos communautés rurales, qui sont elles aussi laissées de côté et mal développées ». (Entrevue 6)
Compter sur le bouche-à-oreille
Tant pour « faire en sorte que le bouche à-oreille sur des activités se propage », ou pour recruter des gens « car je connais des personnes qui y sont allées, et cela leur a fait du bien », que pour être référé par une personne ayant bénéficié du soutien de l’intervenant et qui va « penser à parler de moi à sa cousine », le bouche-à-oreille facilite la transmission de l’information.
Par ailleurs, des répondants rapportent que des personnes visées deviennent parfois des agentes actives de recrutement quand elles sont intégrées à des démarches ou fréquentent leur ressource :
💬 « Ils sont fiers de dire qu’ils participent à cette démarche-là, et qu’il y a des actions qui s’enviennent, pour améliorer le transport, ou pour […] Ils en parlent à du monde, et des fois, c’estcomme ça que des citoyens en sont arrivés [à la table]. Ce sont eux qui ont commencé à enramener dans les comités. Ça a fait boule de neige ». (Entrevue 9)

En savoir plus
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