Question d'expérimentation n°4 : Comment s'entraider pour sortir des sentiers ?

Cette note est issue d'une production collective dans le cadre du laboratoire entrACTE. 

Le travail que nous décrivons dans ce laboratoire consiste, en grande partie, à «sortir de nos sentiers » (collectifs et personnels). Si une partie de ce travail peut se faire dans notre « bulle », l’autre partie requiert de l’entraide et de la coopération avec une diversité d’allié.e.s. Comment s’entraider pour sortir des sentiers ?

CONTEXTE ET DÉFIS

Le travail que nous décrivons dans ce laboratoire consiste, en grande partie, à « sortir de nos sentiers » (collectifs et personnels). Sortir de nos sentiers, cela veut dire nous défaire de certaines habitudes, automatismes, manières d’être et manières de faire. Cela veut aussi dire nous défaire de certaines règles, protocoles, conventions et structures. Une partie de ce travail peut se faire dans notre « bulle » (en solo ou avec les gens proches de nous). Mais pour avancer sur la durée, pour tenir le coup, pour ouvrir d’autres horizons radicalement différents de ceux que l’on connait aujourd’hui ; cela requiert de l’entraide et de la coopération avec une diversité d’allié.e.s.

Actuellement, plusieurs choses limitent cette entraide :

• On se tourne peu vers les autres lorsque l’on rencontre une situation difficile, soit par héroïsme soit car on estime que l’espace n’est pas suffisamment sécuritaire ; ou encore parce qu’on vit de l’isolement. On a tendance à prendre beaucoup sur nos épaules. On a tendance à sortir de notre bulle uniquement quand on a « accompli » quelque chose (au moins un premier pas) ou quand on a les idées claires, pas avant.
• Certaines limites organisationnelles nous empêchent d’explorer les possibilités d’entraide car nous devons « défendre » des intérêts organisationnels, des positions, des égos, etc. Parfois, notre chapeau organisationnel nous empêche d’explorer des relations et des conversations authentiques sur ce qui nous préoccupe vraiment, et sur les potentielles stratégies d’action collective, les potentielles complémentarités.
• Nous portons aussi nos propres préconceptions autour du changement social, particulièrement autour « changement radical » (c’est-à-dire un changement profond, aux racines de nos croyances et nos systèmes). Ce manque de compréhension commune peut freiner l’entraide et la complémentarité, par exemple entre les institutions et les citoyens. On voit que les possibilités de coopération pour "bifurquer" sont ainsi limitées. C’est cela qui nous intéresse ici : Comment trouver la puissance d’agir suffisante pour « sortir de nos sentiers », et ce, à travers la coopération et l’entraide ? Comment pouvons-nous apprendre à compter les uns sur les autres (et se passer le relai parfois) dans cette tâche ardue qui consiste à (littéralement) créer d’autres mondes ?

PISTES IDENTIFIÉES

Dans notre démarche, 5 pistes ont été identifiées jusqu’à présent :

1. Trouver des occasions de décloisonner les milieux, briser les silos (urbain et rural, penseurs et praticiens, professionnels et citoyens, autochtones et allochtones, etc) pour favoriser la rencontre, la mise en dialogue des savoirs, les points de jonction.
2. S’entourer de deux types d’allié.e.s : des allié.e.s qui vivent les mêmes défis que nous (expérience partagée, motivation collective) ; et des allié.e.s qui n’ont pas les mêmes barrières que nous et qui peuvent nous aider (rôle complémentaire, liberté de parole et d’action, etc.). Dans les deux cas, l’important est de pouvoir nommer nos préoccupations et nos stratégies avec nos allié.e.s, en toute transparence.
3. Envisager le changement à travers une « synergie territoriale » : un réseau d’acteurs qui utilisent leurs forces et leurs positions de manière complémentaire et qui, en même temps, incarnent une autre vision du monde, une autre façon de faire territoire ensemble.
4. Reconnaître et faire reconnaître la contribution d’une diversité de rôles dans la transformation sociale, dans l’ouverture des possibles. Démontrer de la solidarité envers les luttes politiques et citoyennes qui font bouger les lignes là où cela paraissait bloqué.
5. Contribuer à faire émerger, soutenir et diffuser de nouveaux récits dans un contexte où l’on est nombreux à être à la recherche de sens, dans un monde de plus en plus insensé.

MISE EN ACTION

À partir de là, on se demande quelles sont les premières actions que l'on souhaite prendre pour s'entourer d'une diversité d'allié.e.s ?

À quoi pourrait ressembler la mise en action dans nos milieux de pratique ? Quelles petit pas concret pouvons-nous poser dans cette direction ? 

Nous invitons les membres du Lab à contribuer à ce carnet, à travers plusieurs possibilités :

• Référencer des ressources existantes, utiles pour l’action (outils, guides pratiques, exemples, étude de cas)
• Créer des nouvelles ressources spécialement adaptées pour votre milieu (« traduire », adapter ou décliner certains contenus ou pistes dans un langage et un format plus adapté à votre milieu de pratique)
• Créer des notes de pratique : partage d’un vécu ou d’une perspective personnelle, documentation d’une expérimentation menée dans votre milieu