JDSO 2023 - Dialogue sur les universités populaires

Cette note est un témoignage de Caroline Dufresne et Marie-Ève Lavoie (co-coordonnatrices des Ateliers des savoirs partagés) réalisé suite à leur participation à la Journée des savoirs ouverts 2023. Pour voir l'ensemble des témoignages, accédez au carnet Témoignages des participant·es à la Journée des savoirs ouverts 2023.

Caroline : Habituellement, le jeudi matin, j’ai un cours. Mais en ce jeudi 30 novembre, je choisis de sauter la séance pour me consacrer au travail final de mon autre cours. Puis finalement, comme ce travail porte sur les pédagogies engagées et émancipatrices, je décide d’aller assister à la première séance de la Journée des savoirs ouverts, qui parle des universités populaires. 

J’ai bien fait! Non seulement ça a été l’atelier que j’ai préféré de toute la journée, mais ça m’a donné des idées pour mon travail de session et ça m’a inspiré pour mon travail…comme dans ma vie professionnelle!

Je retiens que l’histoire des universités populaires est riche, qu’elle remonte à loin et qu’elle est beaucoup liée à des époques troubles qui ont généré des occasions de résistance. 

Je retiens les valeurs communes aux diverses expériences : la gratuité, l’accessibilité, l’autonomie, l’émancipation par le savoir et le développement de la pensée critique. Cette dernière est importante, c’est en quelque sorte le fondement des universités populaires, l’hypothèse de base : apprendre permet de développer un esprit critique. Ça résonne avec Paulo Freire, mais aussi avec bell hooks et Patricia Hill Collins.

J’ai trouvé l’article dont Gustavo Gonçalves nous a parlé (« La mise en oeuvre d’un projet d’université populaire et pluriépistémique au Brésil », de Gustavo B. Bicalho Gonçalves et Corina Borri-Anadon). C’est vraiment intéressant!

En le lisant, j’ai pensé à plusieurs éléments des ASP 1.0 et j’ai eu le sentiment que ce qu’on avait imaginé à ce moment-là était dans l’esprit des universités populaires. En repensant à ce qu’on souhaite développer maintenant, à l’intérêt pour les acteurs terrain d’avoir des occasions d’apprentissage continu, mais aussi à la nostalgie de plusieurs personnes pour l’Université rurale québécoise (URQ) et au vide laissé par la disparition de cette organisation, je me demande si on ne devrait pas envisager de créer une Upop ruralité. Ou des Upop ruralités, puisqu’il y a plusieurs ruralités… ;-) 

Qu’est-ce que t’en penses Marie-Ève?

Marie-Ève : Je suis bien d’accord avec toi Caroline, je pense que l’on peut identifier plusieurs similarités entre le modèle et les approches proposées par les universités populaires et l’approche des Ateliers des savoirs partagés. Après les 3 heures de déplacement en train pour me rendre à la Journée des savoirs ouverts, je me sentais bien prête à écouter et réfléchir sur la question de la démocratisation des savoirs. Voici les quelques parallèles et liens que j’ai pu dresser entre les ASP et les présentations sur les universités populaires.

Premièrement, j’ai été interpellée par la notion de rencontre des savoirs (Encontros de saberes) et de reconnaissance d’une diversité de savoirs. Dans le cas de l’Université du Sud de Bahia, selon ce que j’en ai compris, le concept est d’inviter un·e sage ou un·e représentant·e d’une communauté pour animer une séance de cours et partager un savoir-faire. Ce qui favorise un dialogue interculturel et un échange entre les savoirs des communautés et les savoirs académiques. Dans le cas des Ateliers des savoirs partagés, on parle de croisement des savoirs académiques, d’expériences et de vécus. On souhaite que les ateliers et activités que les communautés des ASP organisent, en collaboration avec les chercheurs, permettent la rencontre des savoirs de la recherche et des savoirs des communautés. Selon nous, cette approche, qui accorde une place importante à la création de liens et au dialogue entre personnes et organismes d’horizons variés, facilite les processus d’innovation sociale et de créativité au sein des communautés. 

D’autre part, je pense que l’idée d’éducation citoyenne préconisée par certaines universités populaires rejoint l’un des objectifs des ASP, celui de renforcer les capacités d’agir des leaders locaux. C’est-à-dire que les espaces de partage et d’apprentissage en continu qu’offrent les ASP permettent de renforcer la capacité des membres d’une communauté à se mettre en action collectivement. Ce qui favoriserait l’émergence de projets à portées collectives et sociales dans ces milieux. 

Bref, j’aime bien ton idée de création d’Upop des ruralités, mais, en même temps, je pense que les ASP jouent un peu ce rôle (à sa façon). Comment pourrait-on s’inspirer des universités populaires pour bonifier notre approche? 

Caroline : C’est une excellente question et une très bonne piste pour la suite! Déjà, peut-être qu’on pourrait inviter Émilie Paquin à présenter cette histoire aux ASP? Ça pourrait être une base de discussion intéressante, surtout si des profs connaissent d’autres exemples, ailleurs dans le monde et ont le goût de les mettre au jeu. 

Bref, les Upop sont un bel exemple, parmi d’autres, qui pourrait nous inspirer pour aller plus loin dans notre volonté d’apprentissage collectif en continu. 

Marie-Ève : Tout à fait!

En tout cas, je pense qu’on peut conclure qu’on est ressorties de cet atelier sur les Upop, et plus largement, de la Journée des savoirs ouverts avec des idées plein la tête! Il est toujours pertinent, selon moi, de prendre le temps de participer à ce type d’événement. Ça nous permet de connaître et d’explorer ce qui se fait ailleurs/autrement, ça nous permet aussi de nous questionner sur ce qu’on fait. Peut-être même qu’une ou des idées potentiellement applicables aux ASP naîtront des éléments qui ont résonné en nous lors de cette conférence sur les universités populaires.