Grâce au pétrole, chaque terrien a en moyenne à sa disposition l’équivalent de 200 esclaves qui travaillent pour lui en permanence. Au Canada, ça serait plutôt 1100 esclaves*. Cette image fait réfléchir. La planète peut-elle soutenir ce train de vie effréné sachant que toute l’énergie que nous ne produisons pas nous-mêmes est retiré à notre mère la terre et que tout cela a bien évidemment ses limites ?

Nous ne sommes pas en effet ces êtres égoïstes uniquement intéressés à maximiser leur profit comme veut toujours nous le faire croire l’idéologie néolibérale dominante mais bien des êtres sociaux dont la prospérité – et la survie en tant qu’espèce - dépendent de la capacité à coopérer pour inventer de nouvelles solutions à leurs problèmes. Notre richesse c’est avant tout ce stock de solutions mises au point patiemment au fil des siècles. Nous dépendons des autres, non seulement des autres humains mais aussi des autres êtres-vivants qui alimentent en permanence la biosphère sans laquelle aucune vie n’est possible. L’inclusion et la participation – de l’ensemble des êtres-vivants - créent la prospérité au lieu de l'entraver.

Nous avons donc l’intérêt bien compris en même temps que le devoir de partager. « Ensemble hommes et femmes et autres genres, nous avons le devoir de regarder, le devoir de sentir, le devoir d’écouter, le devoir de partager » comme le rappelait en 2020 notre regrettée Lorraine Guay .

Diffuser dans tous nos tiers-lieux tout ce qui pourrait nous redonner le sens de la mesure et du partage devient une urgence.

Plusieurs sont à l’œuvre pour nous aider à actualiser nos fausses représentations. Ainsi la suédoise Anna Rosling Rönnlund avait tellement de difficulté à expliquer à ses étudiants qu’ils faisaient bel et bien partis des nantis, qu’elle a travaillé pendant 15 ans à mettre en place la base de données mondiale de photos de la vie quotidienne à différents niveaux de revenus « Dollar street ». Cette base de données a pu témoigner que, riches ou pauvres, nous ne sommes finalement pas si différents dans nos besoins essentiels. Et ceux-ci peuvent être certainement satisfaits sans l’emploi au quotidien de milliers d’esclaves.

Il y a-t-il d’autres initiatives du genre à faire connaître ?

Mesurer notre empreinte carbone ne suffit pas, il faudrait aller plus loin peut-être même jusqu'à revisiter avec courage notre passé colonialiste et esclavagiste comme l'a fait le journaliste canadien Andrew Nikiforuk en reprenant à son tour le vieux concept d' esclave énergétique dont il est question ici.

Cette notule pour faire de ces actions de sensibilisation une catégorie à part à collectionner activement en raison de son pouvoir transformateur : « Comment pourrait-on sensibiliser à notre surconsommation et aux enjeux de justice sociale et environnementale qu’elle implique »? Des suggestions pour l’alimenter ?

* : Illustration et données sont tirées du travail du polytechnicien français Jean-Marc Jancovici, fondateur du Shift-Project. Ce travail a été superbement vulgarisé et illustré par Christophe Blain dans la BD Le monde sans fin, paru en 2021.

Sur ce sujet, Bruno Detuncq, professeur à la retraite de l’École Polytechnique de Montréal et spécialiste en thermodynamique et en combustion conseille ces 3 références :

" Ces trois livres sont des incontournables pour comprendre les enjeux énergétiques et la problématique des ressources à l'avenir" . Bruno Detuncq.

Titre :  « L'énergie des esclaves - Le pétrole et la nouvelle servitude »
Auteur :  Andrew Nikiforuk, journaliste albertain
Éditeur :  Écosociété,  pour la version en français, 2015

En 2012, "The Energy of Slaves : Oil and the New Servitude" a fait valoir que l'institution de l'esclavage a façonné notre utilisation négligente des combustibles fossiles. Ce traité radical a été largement salué et appelle à une révolution morale dans nos attitudes envers la consommation d'énergie.


Titre :  « Pétrole, le déclin est proche »
Auteur :  Matthieu Auzanneau,  journaliste français et directeur du 'Shift Project'
Éditeur :  Seuil, 2021

Titre :  « Le grand pillage - Comment nous épuisons les ressources de la planète »
Auteur :  Ugo Bardi, professeur à l'université de Bologne et membre du Club de Rome
Éditeur :  Les petits matins,  2015

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Réflexions d'une bibliothécaire qui veut en faire plus pour la transition
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Intégré par Pascale Félizat, le 15 mai 2023 13:42

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12 juillet 2022

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11 juillet 2023 10:13

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