Amorcé en 2018-2019, le projet coordonné par le RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal (le RÉSEAU) dans le cadre de Montréal en commun (MeC) a été durement touché par la pandémie de COVID-19 (pour en savoir plus, consultez cette autre note sur le projet). Une situation qui a forcé ses artisan·es à redéfinir le projet en fonction des besoins réels exprimés par les organismes autochtones dans la métropole.
Après une pause de 2020 à 2022, il a été relancé selon deux axes principaux :
- la création de l’INDex, une base de données des services disponibles pour la communauté autochtone à Tiohtià:ke/Montréal;
- le déploiement du volet de gouvernance urbaine autochtone, visant le renforcement des capacités organisationnelles des organismes autochtones.
1) L’INDex : répertorier et indexer les services disponibles
Dans sa version initiale, le projet devait mener à la création d’un pôle de données autochtones en rapatriant des données sociales sur la communauté autochtone à Tiothià:ke détenues par différentes entités publiques. La pandémie et les besoins qu’elle a fait naître a poussé l’équipe du RÉSEAU à opter pour la création d’un répertoire des services offerts aux Autochtones à Tiohtià:ke. La plateforme est nommée l'INDex (IND signifiant Indigenous) et prend la forme d’une base de données communautaire disponible sur le site web du RÉSEAU.
La mise en œuvre de l’INDex a d’abord nécessité de répertorier l’ensemble des services culturellement adaptés disponibles pour les membres de la communauté autochtone à Tiohtià:ke. Chaque organisme offrant ces services a été rencontré individuellement par le RÉSEAU pour réaliser cet inventaire. Cette étape a permis de réaliser que les organismes offraient, dans les faits, un bien plus large éventail de services qu’indiqué sur leurs sites web respectifs. Grâce à la catégorisation nécessaire à l'indexation sur la plateforme, chaque organisme a ainsi pu dresser un portrait plus précis de son offre de service.
Déjà disponible en ligne en version préliminaire, l’INDex est appelé à évoluer après différentes phases de tests menés notamment par des membres de la communauté autochtone et des intervenant·es de première ligne. Une mise à jour constante est également prévue, grâce à l’engagement des organismes partenaires. En ce sens, le fait d’avoir tissé des liens et établi une relation solide avec chaque organisme contribue directement à la pérennité de l’outil et du projet.
2) Renforcer la gouvernance urbaine autochtone
Ce deuxième volet de la nouvelle mouture du projet s’incarne par la mise sur pied d’une Table de consultation des organisations autochtones (TCOA), afin de faciliter la collaboration entre les organisations sur différents enjeux liés à la gouvernance. Un des objectifs est de créer une boîte à outils destinée au renforcement des capacités des organismes autochtones à Tiohtià:ke.
Une des hypothèses que ce volet souhaite vérifier est la suivante : les organismes autochtones à Tiohtià:ke font face à des défis de gouvernance et de financement qui leurs sont particuliers et qui requièrent des solutions collectives.
Selon l’équipe du RÉSEAU, les différentes consultations menées auprès des partenaires et les premières rencontres de la TCOA ont rapidement permis de valider cette hypothèse. Tant sur le plan de la gouvernance que des valeurs et des capacités organisationnelles, les organisations autochtones ont des besoins particuliers, et un travail de concertation pour y répondre se révèle déjà essentiel.
La création de la boîte à outils vise à relever ce défi, en développant des outils d’aide à la gouvernance et à la gestion (en ressources humaines, administration, comptabilité, recherche, etc.) adaptés culturellement aux multiples réalités des organismes autochtones. Les organisations de la communauté autochtone à Tiohtià:ke ont en effet des profils très variés, tant sur le plan culturel que sur le plan organisationnel (selon leur secteur d’activité, leur taille, leur historique, etc.).
La décolonisation de la recherche, toujours un enjeu
Dans la première mouture du projet, la boîte à outils devait être destinée à fournir des balises éthiques aux allochtones qui souhaitent mener des activités de recherche en collaboration avec des membres de la communauté autochtone à Tiohtià:ke. Si la vocation du projet a changé après la pandémie, c’est d’abord en raison des besoins encore plus urgents auxquels ont dû faire face les membres du RÉSEAU – et non parce que les problèmes éthiques liés à la recherche en milieu autochtone urbain se sont réglés d’eux-mêmes. Si certaines institutions de recherche ont pu progresser dans leur cheminement vers la décolonisation de leurs pratiques de recherche, il demeure que c’est loin d’être la majorité. Le rapport extractif aux populations et communautés autochtones demeure bien présent, et la faible proportion de personnes autochtones parmi les rangs des chercheurs·euses ou des comités d’éthique, entre autres, reste un enjeu.
La nouvelle mouture de la boîte à outils du RÉSEAU comprendra tout de même – entre autres outils – des balises sur la recherche en milieu autochtone urbain. Cet outil sera toutefois destiné aux organismes autochtones plutôt qu’aux chercheur·euses allochtones. Le but est d’aider les organismes à évaluer, en fonction de critères adaptés à leur réalité, les nombreuses sollicitations qu’ils reçoivent de la part de chercheur·euses issu·es de la colonisation.
En savoir plus
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