Depuis 5 ans, la bibliothèque parisienne de La Canopée se "positionne sur la question environnementale" : grainothèque, fonds écologie et groupe projet bibliothèque verte. Son guide paru en 2021 témoigne bien de ce qui se fait en bibliothèque publique. Illustré avec soin, il a le mérite de séparer clairement - comme le fait Tim Schumann à Berlin - actions effectivement entreprises et actions à l'état de projet. Écocivisme et activités éducatives y sont toutefois très classiquement mélangées sous l''étiquette" bibliothèque verte". Les activités éducatives, dispersées dans l'ensemble du guide, sont minoritaires par rapport à celles qui engagent la responsabilité de l'institution (écocivisme). Les voici :

  • Activités éducatives effectives : Fonds écologie créé en 2019 et signalé depuis 2020 par un logo spécifique ; collection de documents sur le monde des sourds ; prêt de liseuses ; grainothèque ; boîte à troc de livres ; Cours de couture et de tricot ; Évènements en ligne "Osez la recup" en partenariat avec la Bibliothèque Publique d'Information (BPI) ; Recettes anti-gaspi dans la cuisine du Centre Paris-Anim. ; Sensibilisation à l'environnement d'une classe d'élèves avec réalisation d'un film en stop-motion ; Concours de dessin jardinage pour les plus-petits ; visites de jardins partagés du quartier ; présentation de ressources documentaires, jeux et grainothèque lors d'évènements comme la Fête de la nature , la Fête des jardins ou la République verte .
  • Activités éducatives en projet : Troc de plantes et de boutures ; panneau d'échange de recettes zéro déchet ; création d'un jardin partagé et d'un meuble à semis ; Présence d'un fermier de famille (AMAP en France) à la bibliothèque ; Collecte de jouets pour les donner ensuite à des asssociations humanitaires ; sculptures de livres desherbés en partenariat avec l'organisme les Résilientes et exposition de celles-ci ; Visites pédagogiques sur la biodiversité urbaine ; exposition de photos sur l'environnement ; Accueil de conférences Tedx sur l'enjeu climatique et environnemental ; cours de jardinage avec des classes ; atelier d'art topiaire avec des artistes paysagistes ; fabrication de nichoirs ; sensibilisation à la protection des abeilles avec l'installation de ruches ; sensibilisation au compost ; festival en partenariat avec "l'Académie du climat" ; concours photos sur les réseaux-sociaux sur le thème de l'environnement ; cycle d'idées type "fun facts" sur les sujets environnementaux.​
  • Activités inclassables (mais peut-être une innovation ?) : "Plant-sitting" des plantes des usagers pendant les vacances ;

Cette énumération confirme l'observation déjà notée à Montréal d'un très faible lien de ces activités avec les enjeux socio-environnementaux propres au territoire. Ces actions semblent remarquablement limitées surtout lorsqu'on se souvient que le thème de leur engagement environnemental est mondialement à l'ordre du jour des congrès professionnels des bibliothèques depuis cinquante ans.

Il y a également ici absence de mention d'un bon nombre d'activités sans doute réalisées par ailleurs par la bibliothèque mais considérées - à tort du point de vue de l'éducation relative à l'environnement - comme non pertinentes comme le soutien à la découverte du patrimoine historique (comme reconnexion au milieu de vie qui est aussi social) ou le soutien à l'expression créative sous toutes ses formes - comme creuset du développement de l'agentivité - par exemple. Des pans entiers sont manquants ce qui dénote sans doute un certain manque de clarté dans la capacité à se représenter ce que l'on fait et pourquoi on le fait.

Environnement, biodiversité, écologie... Le mot développement durable est introduit dans le guide, "au-delà de l'écologie", uniquement pour y qualifier l'ambition de "réduire les inégalités entre sourds et entendants". Il semble donc y avoir un certain flottement de termes pour décrire ce qui est visé. Ce que l'on cherche à transformer reste à lire entre les lignes et il n'est bien sûr pas question ni de "théorie du changement", ni d'objectifs éducatifs et encore moins d'évaluation de son impact à cet égard.

Enfin, il est particulièrement interessant d'observer - comme on peut le noter aussi à Montréal avec la multiplication de nouveaux lieux comme les Ateliers de la transition ou le Campus de la transition - la création, parallèlement aux institutions bibliothèques, de nouveaux lieux - ici "L'Académie du climat" - visant "à former les jeunes parisiens aux enjeux environnementaux" et à les "accompagner dans l'élaboration de projets transversaux autour de l'écologie et de la biodiversité". Cette nouvelle institution "rassemble tous les partenaires de la bibliothèque" et on s'y associe le temps d'un festival.

Faut-il y voir le constat que les bibliothèques ne pourraient pas accueillir en leurs murs des projets maniant partenariats, apprentissages par le faire, apprentisage par les pairs et apprentissage dans la communauté ?

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Observations bibliothèques en transition 2020-2023
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Intégré par Pascale Félizat, le 3 avril 2023 21:08

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Publication

8 mars 2022

Modification

30 juillet 2023 09:54

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