
Afin de promouvoir la transition écologique de nos systèmes alimentaires, la reterritorialisation par les circuits courts et la gouvernance locale sont souvent évoquées. Cet article évalue l'impact environnemental du projet alimentaire territorial (PAT) de Mouans-Sartoux, en France. L'étude comprend un diagnostic du système alimentaire local, une analyse de l'évolution des pratiques des acteurs territoriaux sur une période de cinq ans, et une évaluation environnementale systémique des changements observés. Une analyse du cycle de vie (ACV) est réalisée pour quantifier la contribution des changements initiés par le PAT à la transition écologique du territoire. Les indicateurs environnementaux mesurés dans cette ACV sont le changement climatique et la consommation de ressources fossiles.
Les résultats montrent que les changements impulsés par le PAT génèrent des bénéfices environnementaux notables, en grande partie grâce à l’évolution des habitudes de consommation. Ce sont les actions qui influencent directement les pratiques alimentaires des ménages qui présentent le plus fort potentiel d’impact. Deux tiers des résidents déclarent avoir modifié leur régime, réduisant la consommation de produits ultra-transformés, de boissons sucrées et de viande, au profit de produits frais, biologiques et d’alternatives végétales. Bien que l’autonomie alimentaire du territoire reste limitée, l’offre de produits biologiques et locaux y est supérieure à la moyenne nationale. Mais l’étude révèle aussi que les circuits courts ne sont pas systématiquement plus performants sur le plan environnemental que les circuits longs, ces derniers bénéficiant souvent d’une logistique optimisée, notamment via le transport maritime. Cependant, l’impact des livraisons des agriculteurs locaux demeure marginal, représentant moins de 0,1 % de l’empreinte environnementale globale du système alimentaire du territoire. Si la reterritorialisation ne garantit pas à elle seule des avantages environnementaux directs, elle constitue néanmoins un levier important pour réduire les impacts. L’étude souligne enfin le rôle central de la gouvernance locale dans la transition écologique, en intégrant l’alimentation dans les politiques publiques et en accompagnant l’évolution des pratiques des ménages vers un approvisionnement plus durable.
Les enseignements
La ville de Mouans-Sartoux s’est fait connaitre il y a plus de 20 ans déjà pour avoir été la 1ère à mettre en œuvre une régie municipale agricole afin de produire, en régie biologique et sur un terrain communal, les 24 tonnes de légumes servis annuellement dans la restauration scolaire de la ville. Cet article montre que les efforts de la ville se sont poursuivis et souligne le rôle clé que peuvent jouer les politiques publiques locales pour favoriser la transition écologique du système alimentaire local. Les résultats mesurés dans cet article dépassent largement le seul cas des approvisionnements alimentaires de la cantine scolaire, mais mettent en évidence l’effet de levier qu’a pu avoir cette stratégie sur les pratiques agricoles et sur les comportements alimentaires des ménages. Au Québec, cette réflexion rejoint les débats sur la souveraineté alimentaire et sur le rôle que peuvent jouer les systèmes alimentaires territorialisés (SAT). À l’image des PAT français, des initiatives comme les plans de développement de communautés nourricières renforcent la mobilisation de l’ensemble des acteurs du système alimentaire local, en faisant la promotion d’une approche systémique agissant sur l’ensemble des composantes du système alimentaire local.
pdf N°37, fiche n°3 – février – mars 2025
Rédaction : Marilou Ethier, Patrick Mundler
Ce bulletin vous est offert avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)