D'où vient l'eau que je bois ?

La semaine dernière, dans un simple entrefilet de presse, cette nouvelle qui démoralise : la pluie est impropre à la consommation partout sur la planète*. Lorsqu’elle sera assimilée de tous – c’est seulement une question de temps – quelque chose de très précieux sera brisé. Comment éduquer (Informer, communiquer, interpréter, animer, mobiliser, conscientiser, sensibiliser, former…) lorsque la cible est aussi gravement chargée ? Cette éducation est pourtant au cœur de ce qu’il nous reste plus que jamais à faire et au cœur des intentions de ce Collaboratoire : faire comprendre que nous devons contribuer en permanence à maintenir et entretenir la mince couche propice à la vie qui sous-tend notre existence.

L’eau c’est 99% de nos corps. Elle est au cœur de l’ensemble des occupations nécessaires de tous les êtres vivants et pour nous, les humains qui nous targuons d’être la seule espèce à nous occuper aussi de sens de l’existence, à la fondation de toutes nos significations, s’il en est.

Précisons ici, que de tous les humains potentiellement ravagés par cette nouvelle, ceux et celles qui ont contribué plus activement au désastre - et nous en faisons tous partie au Canada - le seront bien sûr d’une autre façon que d’autres. Même s’il s’agit, pour la grande majorité d’entre-nous, d’avoir contribué collectivement sans le vouloir à un résultat que nous ne voulions certainement pas voir advenir, nous ne pourrons pas ne pas en être tenus responsables.

Car l’homme le plus innocent de cette charge morale ajoutée, celui qui n'a rien, et qui, au bout d’une douloureuse et impuissante vie passée à courir sans répit les rues du Burundi regrette d’être sorti du ventre de sa mère, celui-ci ne pourra même plus espérer renaître à un destin moins funeste. Désormais nous sommes tous et toutes ces cancéreux condamnés à court terme et ceux et celles qui enduraient sans sourciller, dans le déni ou l'insouciance, et parfois depuis des siècles, de donner la mort à d’autres gouteront à leur tour à leur propre médecine. Elle est désormais, gratuitement et également disponible pour tous et toutes, humains et non-humains. Une justice sociale enfin rencontrée, mais par le bas et par les bons soins de notre mère la Terre.

Je n’ai pas de réponse à cette question difficile : Comment éduquer encore dans ces conditions ? Juste un fragile mantra légué par Ivan Illich, ses successeurs et bien d’autres : Espoir, Amitié, Surprise.

  • Espoir : la conviction que nous avons ici au Québec tout ce qu’il nous faut pour trouver des solutions permettant de limiter la casse au maximum et qu’il faut juste regarder avec attention pour reconnaître leur existence.
  • Amitié : s’il vous plaît faisons front commun c’est trop dur quand on est seul(e) pour affronter tout ça et nous aurons de toutes façons besoin d’amour et d’amitié pour surmonter nos différents et nous inspirer mutuellement.
  • Surprise : parce qu’en définitive, le monde se créé en permanence, que nous ne savons jamais rien avec certitude et que dans ces conditions tout reste possible à chaque instant. Peut-être que notre beau Fleuve lui-même, enfin ressuscité dans nos cœurs et nos consciences, nous aidera de sa majesté, qui sait ?

Un peu libérée de cet article cri du cœur, je m’en vais de ce pas et pour ma part adhérer à la Coalition « Eau Secours ! » en vous invitant à y adhérer vous aussi si ce n'est pas déjà fait.

Pour ce qui est des bibliothèques et autres tiers-lieux et leur engagement à soutenir cette éducation difficile mais nécessaire, tant reste malheureusement à faire. Mais nous sommes capables de beaucoup plus que nous le pensons et c'est toujours le temps de retrousser ses manches en se donnant cette fois des objectifs atteignables et évaluables !

Je propose cette première action de sensibilisation : des auto-collants « d’où vient l’eau que je bois ? » dans toutes les toilettes publiques avec un lien vers « Eau-secours ».

* : La contamination de l'eau de pluie, parfois 14 fois au-dessus des limites recommandées vient notamment des PFAS (substances per- et polyfluoroalkyles) communément appelés "produits chimiques éternels" parce qu'ils se désintègrent extrêmement lentement, initialement présents dans les emballages, les shampooings ou le maquillage. Les PFAS ont été associés à un large éventail de dommages graves pour la santé, notamment le cancer, les problèmes d'apprentissage et de comportement chez les enfants, l'infertilité et les complications de la grossesse, l'augmentation du cholestérol et les problèmes du système immunitaire.

Source :

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Publication

16 août 2022

Modification

29 août 2023 15:27

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