Penser l'Après à partir de 175 textes

Si le bilan de la gestion de la crise reste à faire, des constats émergent déjà et permettent de réfléchir aux suites.

• La solidarité pour la survie de l’humanité
  Félix Gadoua avance l’idée que : « C’est cette thèse (de la sélection naturelle) qui semble guider certains décideurs qui préconisent une stratégie fondée sur l’acquisition d’une immunité collective rapide, quitte à accumuler les mortalités, plutôt qu’une approche cherchant d’abord à protéger les plus vulnérables en s’assurant de pouvoir offrir des soins adéquats. Ce « néolibéralisme de l’épidémiologie » nous confronte aux limites de la solidarité dans une société valorisant d’abord l’individualisme. »
• Pour que plus jamais…
  Dans le cadre de la crise actuelle, Maria De Koninck dénonce l’impréparation du gouvernement, le fardeau imposé au personnel de la SSS et aux personnes vulnérables, la centralisation des pouvoirs décisionnels au détriment des gens de terrain… Elle considère qu’à l’avenir, il sera capital que les décisions soient prises «de façon collective pour mettre à profit les savoirs de toutes les catégories de travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux, des organismes communautaires et des communautés elles-mêmes ».
• Et si on faisait le pari du long terme ?
  Djéllil Bouzidi considère qu’un pays comme la Corée du Sud a su mieux résister à la crise grâce à son rapport au temps long : « C’est dans ce rapport au temps long que se bâtit la résilience. Mieux vaut comprendre, apprendre, gérer ses risques et s’adapter, qu’optimiser et privilégier l’efficience et l’immédiat. »
• La promesse d’un changement?
  Selon C. Roux-Dufort, « Dans une crise, on n’a pas d’outils. On est en zone inconnue et c’est déstabilisant pour les gestionnaires. » Carole Lalonde ajoute : « Ce qui complique les crises consensuelles (plus faciles que celles conflictuelles), c’est que nous avons tendance à oublier les populations marginalisées. » Pour Thierry Pauchant, il faut adopter « une gestion préventive, qui encourage la préparation mais qui est très difficile à défendre politiquement. (…) au lieu de constituer des stocks qui risqueraient de ne pas être les bons, il serait préférable d’échafauder un système capable (…) de produire l’essentiel selon les circonstances. »
• Le coup de gueule du philosophe André Comte-Sponville sur l'après-confinement
  Comte-Sponville affirme : "C'est une société, une civilisation qui demande tout à la médecine. En effet, la tendance existe depuis déjà longtemps à faire de la santé la valeur suprême et non plus de la liberté, de la justice, de l'amour qui sont pour moi les vraies valeurs suprêmes. »
• Vers une politique pour les personnes âgées
  Après avoir retracé l’évolution des CHSLD, Claude Castonguay formule 2 propositions pour l’après-pandémie : 1) se préparer aux prochaines crises : « Il sera notamment nécessaire d’identifier les actions prises dans les pays et les juridictions démocratiques qui ont réussi à contrôler l’étendue de l’épidémie et limiter les dommages. »; 2) développer les services à domicile et, en parallèle, « réorienter les CHSLD vers leur mission hospitalière de traitement des personnes aux prises avec une perte d’autonomie. De reconfirmer les CLSC dans leur mission première(..). De favoriser le développement de centres de jour. De reconnaître le statut des aidants naturels et leur droit à une rémunération financière... »
• Sortie de crise et nationalisations: où trouver l’inspiration?
  Pour Philippe Hurteau, “en aucune circonstance, un centre d’hébergement ne devrait être laissé entre les mains d’un promoteur privé et, souhaitons-le, l’actuelle catastrophe sera mise à contribution afin de régler cette aberration.” Selon lui, un projet de nationalisation d’entreprises doit notamment être accompagné d’une démocratisation interne.

Les gouvernements ont amorcé la relance, dans un contexte où les marges de manoeuvre sont réduites.

• Naomi Klein analyse la crise du coronavirus : "L’austérité sera la facture à payer."
  Klein pense que le scénario de 2008 va se répéter. Après la crise financière, « ce sont les classes moyennes qui ont payé la facture. Nous devons profiter du confinement pour préparer la mobilisation et un autre modèle économique. »
• Le repli n’est pas la solution
  J.R. Sansfaçon prend position : « Ce que l’on peut prévoir, c’est qu’à cause de l’augmentation extraordinaire des dettes publiques, le débat acrimonieux qui oppose la droite et la gauche ressurgira avec vigueur. Ceux qui s’imaginent que la presque nationalisation de l’économie en ces temps de crise est le présage d’une société plus solidaire risquent d’être déçus ».
• Thomas Piketty : «Pour faire face à la crise du Covid, il faut créer un nouvel impôt sur la fortune»
  Pour une relance qui réduit les inégalités et de finance la transition écologique, il faudra plus que les sommes déjà annoncées, et cela passe par une “taxation lourdement progressive des hauts revenus, des patrimoines, mais aussi des émissions carbone”, selon Thomas Piketty
• Redémarrer l’économie : l’heure des choix approche
  Jérôme Lussier propose 3 visions du rôle de l’État face à la relance économique : le statu quo, la relance du marché ( i.e. «faire des choix — mais de faire dépendre ceux-ci de critères économiques et comptables… le gouvernement abdique (alors) son rôle de gardien de l’intérêt public pour lui substituer celui d’investisseur», ou la relance durable qui ajoute des critères sociaux et environnementaux à ceux purement économiques.
• Investissement public: jamais plus comme avant… vraiment?
  Les projets d’infrastructures sont accélérés au nom de la relance. C’est un autre bon exemple de "fuite en avant" selon Gérard Beaudet, qui propose un changement de cap, notamment au travers la remise en état des bâtiments et des infrastructures.
• Chantiers pour reconstruire l’économie
  Julia Posta précise le contenu de 3 chantiers qu’elle propose pour l’après-pandémie : Reconstruire le filet social; rebâtir l’économie sur de nouvelles bases; mettre la finance au service de l’économie. Puis elle critique François Legault car il « aurait mis sur pied une « escouade » dédiée à la relance économique, laquelle serait composée de (4 ministres à vocation économique). Le fait que le ministre de l’Environnement et la ministre de la Santé et des Services sociaux ne fassent pas d’emblée partie de ce groupe en dit long sur la vision de l’économie qui anime le gouvernement de la CAQ. »
• Philip Mirowski : «L’après ne sera pas favorable à une société de gauche, mais à une accélération des mesures néolibérales»
  Mirowski se montre sceptique quant à l’avènement d’une société plus écologique, plus juste, etc. En effet selon lui « les industries se préparent à mettre les bouchées doubles pour combler le retard, annoncent qu’il va falloir travailler plus et demandent des subventions colossales. » La fortune cumulée des milliardaires américains aurait augmenté. De plus, « les crises focalisent notre attention sur des problèmes urgents de court terme à gérer, permettant aux néolibéraux mieux organisés de mettre en place le modèle de société qu’ils souhaitent : un marché moins régulé, devenu une institution autonome. »
• Gauche et droite en temps de coronavirus
  Après avoir vertement critiqué divers gouvernements autoritaires (chinois, russe, hongrois, israélien, bolivien, etc.), Mariano Schuster relève certains défis propres aux pays d’Europe de l’Ouest. Il insiste sur le haut potentiel d’une approche socialiste réinventée : « celle qui pense en termes d'État et de bien-être dans la démocratie, faisant appel à des sociétés civiles solides, capables de produire un nouveau contrat social global afin de faire face à la peur ».
• Pour une forme renouvelée de coopération internationale
  Afin de réagir positivement à la crise actuelle, Louise Arbour recommande : « … le Canada devrait mettre sur pied une Commission multipartite destinée à redéfinir et à promouvoir un multilatéralisme ambitieux et réaliste. »

Chacun se sent interpelé et les pistes d'action sont nombreuses (voir les prochaines sections).

• Etienne Klein : "Et si l'idée de fin du monde n'existait plus ?"
  Etienne Klein "décrypte les paradoxes qu'induit le Covid-19 "quant à notre rapport au temps, à l'urgence, aux avancées médicales comme au monde de demain : "tout d'un coup, chacun est invité à penser le monde de demain et c'est peut-être la seule chose qu'on peut mettre au crédit positif du virus : en quelques semaines, par une sorte d'effet paradoxal de la catastrophe en cours, le coronavirus a renversé la flèche du temps."
• Anaïs Barbeau-Lavalette : Ça suffit !
  Voici 3 citations de A.B. Lavalette tirées d’une entrevue : «… le vrai courage politique, le temps de s’inscrire dans l’histoire, c’est maintenant. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est à la portée des politiciens (…), pour assurer la survie non seulement de l’espèce humaine, mais de ce qui nous entoure. »; « C’est l’ère de la désobéissance civile. Ça va devenir une obligation. Si on obéit, on ne s’en va pas dans le bon sens »; « peut-on être à la fois mère et révoltée ? (oui…) L’un peut nourrir l’autre. Il faut jute inventer comment? »
• Le bonheur est dans l’après
  Nicolas Martin désire « mettre en avant quelques automatismes psychologiques qui (…) sont néfastes à notre bonheur personnel et au bien commun: l’avidité, l’animosité, les convictions et la construction sociale. » L’auteur s’exprime sur chacun d’eux.
• Cent ans de crise - Yuk Hui
  « C’est l’un traits singuliers de cette « crise du coronavirus » que chacun y voit la confirmation de ce qu’il a toujours pensé : la gauche qu’il faut donc urgemment sauver le service public, les néo-libéraux que la bureaucratie étatique ne sert à rien même pour gérer pareille crise, les écologistes qu’il fallait arrêter de détruire la nature sous peine de catastrophe, les fous de technologie que l’unique solution consiste à accélérer pied au plancher dans la virtualisation et le contrôle cybernétique de tout…» À lire par les amoureux de philosophie.

Un tel bouleversement amène à réfléchir à la santé des démocraties.

• Lettre ouverte au Premier Ministre du Québec
  Le Réseau québécois de développement social, il est temps “de mettre en place des incitatifs qui invitent au renforcement du travail ensemble, à sortir du travail en silos et à repenser la place du social au sein de notre économie.” À preuve, les milieux les plus résilients sont “là où existe une concertation intersectorielle en développement social”.
• L’après-COVID-19 au Québec - Faut qu’on se parle
  Daniel Boyer, Jacques Létourneau, Sonia Ethier et Luc Vachon demandent que la relance s’appuie sur “un véritable dialogue social avec l’ensemble des acteurs concernés”, pour s’assurer par exemple de bonifier le filet de sécurité sociale et d'assurer la nécessaire formation continue.
• Demain, retour à la loi de la jungle ? Nature humaine ou condition humaine
  “Notre réflexion, plus que jamais, devrait être dirigée vers la condition humaine et les possibilités d'une commune humanité”, écrit Jean-Louis Laville. “Si la diversité est une condition élémentaire pour la santé d'une société démocratique, il faut reconsidérer la valeur des différentes initiatives de solidarité qui refont surface à l'heure actuelle. Elles dessinent les contours d'une transition nécessaire en termes de nouveaux modèles d'organisation socio-économique, mais elles doivent trouver un soutien de la part des pouvoirs publics.”
• Démasqués
  Élisabeth Valet s’inquiète de la montée en puissance des théories du complot, des milices locales, des groupes antigouvernementaux, etc. aux États-Unis. Elle ajoute que « En cette année électorale, l’érosion concomitante de la légitimité des institutions américaines est donc susceptible de générer une spirale de tensions dont il est bien difficile de prévoir l’issue. »
• L’art des conversations impossibles
  N. Baillargeon constate : « La question, difficile, me semble d’autant plus urgente que notre société est de plus en plus polarisée sur de nombreux sujets (religion, laïcité, nationalisme, immigration, économie), et pas seulement sur ceux dont parlent les conspirationnistes. Il faut pourtant pouvoir se parler de tout cela. »
• Liberté de presse et pandémie ne font pas bon ménage
  Pour Anne-Gabrielle Ducharme « Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette dégradation généralisée (de la liberté de presse). À l’ère de la COVID-19, les lois dites « anti-désinformation » semblent jouer un rôle important. »
• La consultation publique et l’engagement citoyen à l’heure de la COVID-19
  Si les consultations en ligne sont devenues essentielles, elles exigent de contrer l’obstacle provenant de la fracture numérique. Dominique Olivier nous apprend : « Nous (l’Office de consultation publique de Montréal) avons redécouvert que plusieurs méthodes issues des pratiques de l’éducation populaire, sont les meilleurs moyens de faire entendre la voix des personnes qui traditionnellement participaient peu et que les plus grandes innovations, celles qui créent de l’équité entre les personnes, sont rarement technologiques. »
• Peut-on concilier covid-19 et démocratie municipale?
  Si les droits des citoyens sont limités par les moyens techniques utilisés lors de certains conseils municipaux, d’autres municipalités innovent en protégeant ces droits et en élargissant leur auditoire, selon Rémi Bourdillon.
• Un appel de Vincent Lindon : « Comment ce pays si riche… »
  V. Lindon se présente comme « une simple voix citoyenne » (critique virulente d’une haute tenue littéraire) pour dénoncer « ce que la pandémie révèle du pays qui est le nôtre, la France, sixième puissance mondiale empêtrée dans le dénuement (sanitaire), puis le mensonge (gouvernemental) et désormais la colère (citoyenne). » Il recommande notamment d’instaurer des contre-pouvoirs, de responsabiliser les élus, de sanctionner les dérives. (VIDÉO)

Plusieurs constatent à quel point la pandémie agit comme révélateur des inégalités sociales.

• Crise sociale : la politique de l’autruche n’est pas une option... et pourtant !
  Pour A.C. Husson-Traore, en France, « …la crise sociale, conséquence inévitable de la crise sanitaire et économique, couve et elle sera terrible pour tous ceux, nombreux, qui n’ont pas de filet de protection. Les alertes se multiplient sur la nécessité de prévenir les dérives en tous genres, justifiées par la protection de l’emploi. »
• Boris Cyrulnik : "On est dans la résistance, pas encore dans la résilience"
  Selon B. Cyrulnik, « Ceux qui, avant le trauma avaient acquis des facteurs de vulnérabilité : maltraitance familiale, précarité sociale, mauvaise école, mauvais métier, petit logement, le tout étant associé. […] Et quand le confinement sera terminé, ils seront plus traumatisés qu’avant. Donc il y a une inégalité sociale qui existait avant le traumatisme et qui sera aggravée. »
• « Québec, who cares ? »
  “S’il y a une chose que nous apprenons avec la crise sanitaire actuelle, c’est qu’il n’est plus possible de continuer à ignorer collectivement les inégalités systémiques”, écrivent Marlihan Lopez et Laity Fary Ndiaye, pour qui il est nécessaire “d’interroger les discours que nous choisissons de valoriser en étant attentifs à la division sexuelle et raciale du travail et à la façon dont elle affecte des travailleuses”.
• Vieillir en famille: un choix de société
  Au Québec, “nos parents et grands-parents aboutissent dans les CHSLD plus qu’ailleurs dans le monde” a rappelé François Legault. Catherine Dorion propose une allocation pour encourager le maintien à domicile des aînés. La Converse raconte l’histoire de personnes qui ont décidé de vieillir en famille. “C’est un gros autobus qu’il faut changer de bord, ce n’est pas évident”, résume Gina Bravo.
• S’en souviendra-t-on?
  « La pandémie changera-t-elle le regard que l’on porte sur tous ces citoyens issus de l’immigration, surreprésentés parmi les travailleurs des services essentiels ? » Rima Elkouri considère la question pertinente au vu de commentaires xénophobes qu’elle a entendus.
• Féminisme et coronavirus : que faire maintenant ?
  A. D’Asti prend position : « même si la crise actuelle dévoile l’importance du système sanitaire pour la reproduction sociale, la crise prouve que les secteurs qui ne génèrent pas de profits pour les capitalistes, comme la prophylaxie ou les soins de santé primaires, sont désinvestis pendant que ceux qui en rapportent, sont privatisés (…) les femmes sont toujours perdantes. »
• Les femmes exclues de la relance économique
  Véronique De Sève dénonce un plan de relance conçu par des hommes et pour les hommes : "on ne peut se limiter à des mots bienveillants en temps de crise et à des augmentations de salaire ponctuelles pour souligner l’apport crucial des femmes à la société. Il est temps de reconnaître enfin qu’elles sont un maillon déterminant pour des services publics dignes de ce nom."

Les changements drastiques dans les habitudes ouvre un champ de réflexion sur la manière d'habiter les villes.

• L'après COVID-19 : « c'est comme si on vivait dans un laboratoire »
  “Il va falloir que les villes se remettent en question”, selon Maria Neira, qui prône une planification urbaine beaucoup plus humaine et qui prédit un certain exode vers des régions moins peuplées.
• L'après-COVID-19 : « Une occasion sans précédent de réinventer nos villes »
  La crise est une occasion de réinventer les villes, pour Janette Sadik-Khan, et de revoir les espaces gaspillés : “aujourd'hui, avec les rues vides, on voit ce qui est possible… Ce qu'on ne voyait pas parce que c'était caché par la circulation.”
• Changeons nos villes pour le mieux
  Christian Savard propose de « miser dès maintenant sur la ville de la sobriété, de la proximité et de l’efficacité, par diverses mesures dont voici quelques exemples » : freiner l’étalement urbain; valoriser les déplacements actifs; préserver le tissu commercial de proximité; planter des arbres; construire des logements abordables et de qualité…
• À quoi les villes ressembleront-elles après la pandémie?
  Plutôt que de poursuivre les projets tel qu’ils sont amorcés, Serge Filion croit que nous devons profiter du contexte pour “lancer de nouvelles opportunités comme l’électrification des transports, la mise aux normes des patrimoines immobiliers en matière de consommation d’énergie ou encore la fin immédiate de l’inutile étalement urbain.”
• Repenser la mobilité à la faveur de la crise
  Doit-on financer à coups de milliards des infrastructures comme le troisième lien? On doit “privilégier les options qui vont nous amener vers la mobilité durable”, selon Étienne Grandmont, alors que la crise sanitaire a mis au jour notre dépendance aux transports en commun. Jean Dubé croit que la crise servira de "déclic provoquant un changement d’habitudes".
• « Toutes les conditions sont réunies pour un retour irréversible de la suprématie de la voiture individuelle »
  Trois consultants, dont Joel Hazan « craignent que la peur de la contagion et la baisse des budgets publics ne fassent délaisser transports en commun et la mobilité douce ». Sans compter que « Les acteurs privés, constructeurs et acteurs des nouvelles mobilités en tête, devront lutter pour leur survie et ne pourront plus investir les milliards prévus dans des nouveaux services de mobilité. »
• S’inspirer de l’urbanisme tactique pour adapter les villes à la distanciation physique
  Mathieu Chassignet et Eric Vidalenc réfléchissent aux adaptations rapides dans la ville par des “aménagements temporaires qui utilisent du mobilier facile à installer”. Cet urbanisme tactique permettrait de “tester une organisation nouvelle de la ville”, notamment pour s’attaquer à “l’hégémonie spatiale actuelle de la voiture”.
• Cinq idées pour la relance de Montréal
  Les maires de 11 grandes villes énoncent 5 idées pour un redressement social et économique post-pandémie, dans le contexte de la lutte contre les changements climatiques : relancer les artères commerciales et le commerce de proximité; favoriser les transports actifs; renforcer l’autonomie alimentaire; construire des logements sociaux; et accélérer le verdissement.
• Montréal annonce un plan sans précédent pour vélos et piétons
  Montréal a justement annoncé que plus de 1200 kilomètres de voies seront réservés; « Il s’agit d’un des plans les plus imposants au monde », selon Valérie Plante.
• Télétravail: la pandémie refaçonnera le centre-ville de Montréal
  Selon Jean-Marc Léger, comme 58% des salariés québécois souhaitent continuer de travailler à domicile après la pandémie, « Plus de gens en télétravail veut dire moins d’afflux vers les grands pôles d’emploi, ce qui aura forcément une «conséquence directe» sur le centre-ville de Montréal, où la plupart des tours à bureaux et des grands employeurs se trouvent. »

Ces changements questionnent également note manière d'habiter le territoire ainsi que sur les liens entre les villes et le monde rural.

• À la reconquête des territoires
  “Les régions renaissent”, selon Bernard Vachon. Les modèles connus risquent d’être bouleversés en raison de crises comme la pandémie, “coup d’accélérateur pour une réappropriation des territoires”. La reconquête des territoires est stimulée par le télétravail, la qualité de vie, le cadre de vie et l’autonomie alimentaire. “Le défi qui va se poser sera d'endiguer cette déferlante en termes d'orientations et de règles d'aménagement et de développement du territoire”.
• Et si la pandémie donnait un nouvel élan aux régions?
  Des agents de migration de Place aux jeunes constatent une hausse des migrations en région, la pandémie ayant servi d'élément déclencheur. "Avec tout l’engouement autour de la souveraineté alimentaire, de l’occupation du territoire, ce sont des éléments qui ouvrent encore plus la réflexion", selon Martin Poirier.
• Après la crise en France, un exode urbain ?
  Joseph Hanimann observe qu’en France « Un nouveau mode de vie se dessine pour les classes privilégiées qui ont les moyens et le genre de métier leur permettant de travailler à distance… 200 000 ménages pourraient choisir de déménager hors des villes (en un an) …. Les clients ne recherchent toutefois pas des maisons de vacances à la mer ou à la montagne mais plutôt des vieilles fermes, des gares désaffectées, des granges, des chapelles ou d’anciens monastères pour habiter à la campagne, sans être trop loin de la ville. »
• Cri du coeur pour nos coeurs de villes et de villages
  La situation des cœurs de village “était déjà préoccupante avant la COVID-19” et ils ont “payé cher la mise sur pause du Québec”, selon la Coalition Cœurs de villes et villages, qui demande de “mettre sur pied, à l’échelle nationale, un plan spécifique, partie intégrante de la relance solidaire, prospère et verte”, incluant le soutien aux activités culturels et la restauration des bâtiments.
• COVID-19 : l’UMQ présente une déclaration de solidarité avec Montréal et les régions du Québec
  Suite à quelques tensions dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’UMQ a publié une déclaration de solidarité avec Montréal et les régions du Québec : “Les régions ne sont pas dos à dos, elles sont coude à coude, unies et interdépendantes sur tous les plans. C’est ensemble que nous reviendrons à la normale. Il y a un seul Québec qui se relèvera de cette catastrophe sans précédent.”

En fait, c'est tout notre rapport à la proximité qui doit être réfléchi : la résilience, les circuits courts, les réseaux locaux d'action...

• L’après-COVID-19: miser sur la démocratie de proximité
  Pour relancer l’activité post-pandémie, les villes forment un palier gouvernemental efficace dans plusieurs domaines (urbanisme, santé et services sociaux, culture, développement économique, logement, etc.), et ce, en vertu de leur proximité avec les acteurs locaux et avec leurs citoyens. Mais elles auront besoin du soutien financier des deux autres paliers de gouvernement. Benoît Morissette conclut : « En particulier, les réponses qu’apportera le gouvernement du Québec à leurs demandes révéleront la solidité du socle sur lequel repose leur autonomie récemment acquise. »
• Mieux soutenir les réseaux d’action collective locale
  Déjà nombreux et très actifs au Québec, les réseaux locaux d’action collective devront faire partie de la solution post-crise puisqu’ils sont en mesure d’« élaborer des solutions pragmatiques et novatrices aux problèmes qu’ils jugent prioritaires. » selon Nassera Touati. Leur rôle serait accru sous certaines conditions comme : l’implication des municipalités, un financement des organismes communautaires moins axé sur les projets, une reddition de comptes incluant les interdépendances…
• Virginie Maris: «Créer des territoires plus autonomes, plus résilients»
  Virginie Maris invite à l’humilité face à la nature, à “s’affranchir du désir de contrôle” et au développement de territoires autonomes, résilients et solidaire : “Ce qui reste à inventer, selon moi, ressemble à un enchevêtrement d’autonomie à l’échelle des territoires et de solidarité entre les territoires et entre les communautés”, en mettant de l’avant l’auto-organisation, l’autogestion et “l’émergence de systèmes à taille humaine”. Elle espère que les États abandonneront leur “folie autoritaire et centralisatrice” pour accompagner cette transition.
• L'après-COVID-19 : « Il ne faut pas gaspiller cette crise »
  François Delorme affirme : « Si on veut être efficace et aller tout le monde en ville, oui on devrait délocaliser. Mais la relocalisation, ça va à l'encontre d'une efficacité à tous crins. Si c'est moins efficace, en économie ça veut dire que ça va coûter un peu plus cher. Mais est-ce qu'il y a des gains non économiques à avoir une diversité régionale ? Moi je dis que oui. ». La relocalisation exigera donc l’intervention de l’État car il est le seul acteur économique à viser le bien commun.
• Des lendemains sous influence
  La pause et “l’expérience différente du monde” qu’elle offre est une opportunité à saisir pour nos collectivités, selon Sophie Michaud. Elles mettent en évidence “la pertinence de la proximité, de la capacité d’agir, de prendre soin, de considérer la nature”, autant d’éléments à transformer maintenant en “capacité d’agir”.
• La marge de manœuvre
  Après les ajustements ponctuels “sonnera l’heure des réformes pour une relance qu’on voudra durable, moins conjoncturelle, inspirée des nouveaux paradigmes”, écrit Laval Gagnon, ce qui passe par une décentralisation des services et de régionalisation de la gouvernance, question de “(re)donner avec confiance la marge de manœuvre nécessaire aux intervenants régionaux et locaux de la société civile avec les outils et les ressources financières pour agir avec un maximum d’efficience.”
• Panier bleu: achat local ou seulement de proximité?
  Fabien Durif fait remarquer que le Panier bleu répertorie 17 500 entreprises québécoises— que leurs produits, eux, soient d’ici ou non. Or, pour les consommateurs québécois, c’est surtout la fabrication locale qui compte. Manon Massé recommande que le gouvernement donne l’exemple par ses politiques d’achat et par la création d’une certification « Fabriqué au Québec ».
• Les monnaies locales, de soutien à la consommation à moteur de transition ?
  O. Lafuente-Sampietro prône la création de monnaies locales : « Ces dispositifs communautaires pourraient être une solution intéressante parmi d’autres pour éviter la fuite des revenus de la relance hors des économies locales. » Des projets en ce sens auraient déjà cours au Québec. Elle précise : « Les unités de monnaies nationales échangées en monnaie locale sont dans les modèles existants souvent placées auprès de banques communautaires ou s’accompagnent d’engagements éthiques forts. »
• Aurélien Bernier : "Personne ne parle vraiment de démondialisation"
  Aurélien Bernier constate que « Depuis quelques années, plus personne ne croit que la mondialisation sera heureuse pour une majorité de la population. Les classes populaires la rejettent car elles savent qu'elle est synonyme de délocalisations, de chantage à l'emploi et d'austérité. Les classes moyennes sont partagées : les plus favorisés continuent d'en tirer un avantage, mais ils représentent de moins en moins de monde ; les autres ont tendance à rejoindre l'avis des classes populaires. Mais ce rejet de la mondialisation ne s'est pas encore réellement matérialisé. »
• Préconisations de sécurisation des populations communales en secteur rural
  Voici un texte extrêmement fouillé d’un lecteur anonyme du Yggdrasil Magazine qui propose différents scénarios post-pandémie en fonction : du degré de confiance (très optimiste à très pessimiste), de l’échelle géographique (internationale, française et communale) et du secteur (sanitaire, économique, social, géopolitique). Ainsi, un scénario optimiste à l’échelle internationale dans le domaine social pourrait être : « La mise en difficulté d’une économie vitale avec des ruptures régionales de logistique alimentaire, énergétique, hospitalière ou sécuritaire peut générer des zones de chaos individualiste ou d’insurrection partielle où une immensité de scénarios locaux sont possibles allant des plus résilients aux plus dramatiques.»

La résilience des systèmes alimentaires, aux échelles nationales et locales, est particulièrement discutée.

• De cette crise, que ferons-nous?
  “Si nous profitions de la pandémie pour réinvestir notre alimentation, ce serait déjà un immense pas vers plus de durabilité”, écrit Geneviève Giasson. Le moment est propice selon elle, puisque “jamais nous n’aurons la chance d’avoir autant d’écoute, d’esprits ouverts au changement et de gens prêts à une certaine transition écologique.”
• COVID-19 : occasion ou menace pour la résilience des systèmes alimentaires ?
  Françoise Ruby résume une analyse de l’International Panel of Experts on Sustainable Food Systems, selon qui la pandémie “fait ressortir les failles du système alimentaire mondial actuel, tout en ouvrant la voie à sa transformation profonde”. Il nous faut 1) agir immédiatement pour protéger les plus vulnérables, 2) bâtir des systèmes alimentaires agroécologiques résilients, 3) rééquilibrer le pouvoir économique en faveur du bien commun et 4) réformer la gouvernance internationale des systèmes alimentaires.
• Le moment est venu de réclamer la souveraineté alimentaire
  La Via Campesina manifeste : « Les États doivent garantir l’accès de leurs populations à une alimentation saine et culturellement appropriée et prévenir les pénuries. Ils doivent (…) pour mettre fin à toutes les formes de spéculation sur les produits de base pratiquées par les monopoles transnationaux de l’agroalimentaire. (…) il est urgent d’investir dans l’agriculture paysanne et de soutenir les marchés paysans locaux. »
• Le rat des villes et le rat des champs
  Christian Bégin fustige le modèle actuel : « Il faut savoir pourquoi on est passé de 80% d’autonomie alimentaire à plus ou moins 30% en 50 ans et pourquoi c’est grave »; « … toute cette business d’exploitations agricoles dont on nous a fait croire qu’ils allaient assurer notre subsistance (…) partout sur la terre, n’a fait, entre autres, que nous appauvrir collectivement, nous déposséder d’un savoir millénaire, nous priver d’un patrimoine semencier, d’une biodiversité agraire, de cultures multiples et d’une agriculture écologique vraiment nourricière… »
• Sur notre difficile souveraineté alimentaire
  Patrick Mundler offre 4 enseignements sur l’agroalimentaire québécois : 1) « le Québec est plutôt bien nanti en terres agricoles relativement à sa population. 2) le Québec produit presque deux fois plus de calories que ce que consomme sa population. 3) le gros de notre production agricole sert à nourrir des animaux, et une partie tout de même significative sert à nourrir nos automobiles. 4) excepté les productions sous gestion de l’offre, l’agriculture québécoise n’est pas organisée et structurée dans l’objectif de nourrir sa population…. L’agriculture du Québec est un gros paquebot et personne ne pourra le faire virer d’un coup de baguette magique. »
• Covid-19 : « C’est tout le système alimentaire qu’il faut réimplanter sur le territoire »
  Pour rendre notre système alimentaire “durable et sûr face aux chocs à venir”, Félix Lallemand et Arthur Grimonpont proposent de relocaliser les chaînes d’approvisionnement et de transformation, d’abandonner l’ultraspécialisation, d’organiser une coopération entre les territoires, d’internaliser les coûts réels et de mettre en place un système de sécurité sociale alimentaire.
• Quelques idées pour faire germer la souveraineté alimentaire
  Trois auteurs dont Alexandre Béland explorent les idées grand public qui circulent actuellement comme : « le fameux rabais d’électricité, l’achat local et les circuits courts; une majoration de 4$/h par rapport au salaire de base pour les travailleurs et travailleuses agricoles. Puis ils analysent des termes couramment utilisés dans les médias, à savoir « sécurité, autonomie et souveraineté alimentaire ».
• "Et si on se réappropriait le bon sens paysan ?" : un jeune éleveur défend une agriculture familiale, résiliente, productive et durable
  Un agriculteur français témoigne : La résilience « passera par l’autonomie énergétique, des matières premières, mais aussi par l’économie de nos ressources. Il faut d’ores et déjà arrêter d’importer ce que nous sommes capables de produire sur notre sol, aussi bien pour notre ferme que pour nos consommateurs. (…) Il faut que notre agriculture soit, comme elle le fut longtemps, une agriculture nourricière. Qui dit nourricière dit anti-gaspillage. »
• Lutter contre la pandémie exige de repenser la production alimentaire
  W. Bello constate que la crise accentue la faim dans le monde et rappelle que les migrants sont le maillon faible de la chaîne alimentaire mondiale. À ce propos, « La crise alimentaire de 2007-2008 et la crise financière mondiale de 2008-2009 auraient dû montrer aux agences multilatérales la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales – du système alimentaire dans le cas du premier et du système industriel dans le cas du second, lorsque le la crise financière a provoqué une récession mondiale qui a fermé de nombreux sous-traitants industriels mondiaux en Chine. »
• La pandémie, un terreau fertile pour l’agriculture urbaine?
  Selon Eric Duchemin, qui croit aussi que la pandémie rappelle l’importance de l’autonomie alimentaire, l’agriculture urbaine peut nourrir plus de 12% de la population de Montréal (contre 5% actuellement). Il espère que davantage de recherches et d’interventions soient réalisés sur le sujet après la crise.
• Sécurité alimentaire en temps de pandémie
  « À Montréal, les jardins collectifs, communautaires, pédagogiques, institutionnels ou en entreprise ainsi que les potagers domestiques fournissent, en légumes frais, 100 000 à 250 000 personnes (...) pendant la période estivale. » Éric Duchemin décrit des projets de fermes urbaines menés par l’AU/LAB.
• Coronavirus: Another chance to transform the global food trade
  Rhonda Ferguson examine le commerce international de produits alimentaires notamment sous l’angle des pays du Sud. Par exemple, « if zoonotic spillover concerns are used to erect new food safety barriers, they’ll impact exporters in the Global South who are already disproportionately burdened by food safety standards set by the north”.

Le secteur de la culture est durement touché et les artistes subissent de plein fouet la crise.

• Quelle relance pour le secteur des arts ?
  Selon Simon Brault « Les fondements des modèles de création, de production et de diffusion culturels qui prévalaient avant la pandémie sont profondément touchés par l’interdiction des rassemblements, les mois de confinement, le contrôle des déplacements et la quasi-fermeture des frontières. Le choc brutal ne fut toutefois pas le naufrage appréhendé….Les habitudes de consommation et de participation culturelles ont changé énormément et, peut-être, pour longtemps encore. »
• Le milieu des arts vivants invité à se mobiliser
  Si la culture doit se réinventer, Martin Faucher demande à l'État de se réinventer également, "dans sa manière de consulter et de prendre des décisions". Le milieu aurait mieux résisté avec un meilleur soutien, ajoute-t-il : "on a fermé les yeux, comme on l’a fait pour l’éducation, les écoles pleines de champignons, les CHSLD. Le Québec s’est fermé les yeux en se disant qu’il est prospère."
• Culture: pourquoi c’est gratuit?
  Clément Laberge affirme « Il y a encore trop de monde qui n’ont pas compris qu’il ne s’agit plus de faire « des projets culturels numériques » mais bien de planifier une transformation en profondeur des modèles économiques dans le domaine de la culture — parce qu’il est devenu indispensable de tenir compte de la transformation des pratiques culturelles… qui sont là pour rester, pandémie ou non. » Il entre autres conteste le modèle d’affaire des GAFA « basé sur la gratuité et la mise en valeur de la nouveauté »
• Le milieu culturel mis en danger par une trop grande gratuité
  Agnes Pedrero cite l’ONU : « Avec la pandémie, la gratuité des produits culturels — livres, films ou concerts — s’est répandue. Mais cette entorse à la propriété intellectuelle n’est pas sans danger pour un secteur déjà fragile ».
• Que vaudra la culture après la pandémie?
  Francis Faubert avoue : « J’ai de la peine parce que j’ai l’impression qu’on est en train de perdre le peu de dignité qui nous restait en se faisant avaler par les Facebook Live de ce monde, en diffusant notre précieux travail pour peu ou pas de cachet en retour ».
• Développement durable et culture, selon Louise Sicuro
  "La conjoncture actuelle crée à la fois une obligation urgente et une formidable occasion de renforcer les liens entre la création artistique, le développement culturel et les préoccupations quotidiennes de nos concitoyens", écrit Louise Sicuro, en lançant six propositions pour intégrer la culture dans la relance.

Ici comme ailleurs, le "solutionnisme technologique" apporte plus de questions que de réponses.

• Déclaration à signer - Le traçage numérique n'est pas un remède à la crise de santé publique
  La ligue des droits et libertés invite le lecteur à signer en ligne une déclaration intitulée : Le traçage numérique n’est pas un remède à la crise de santé publique : "nous avons besoin de véritables mesures de prévention, de soins de santé et de services sociaux à la hauteur du défi et non de dispositifs de surveillance inefficaces, liberticides et socialement nuisibles".
• Face au coronavirus, les « solutions » technologiques renforcent les systèmes de surveillance de l’État
  Evgeny Morozov dénonce l’idéologie qui façonne désormais la vision de nos dirigeants et qui veut que « faute d’autres possibilités (ou de temps, ou de financement), le mieux que nous puissions faire est de mettre des pansements numériques sur les dégâts. »
• Arundhati Roy: Notre mission est de couper le moteur
  Exemples concrets à l’appui, Mme Roy déplore la montée des gouvernements autocratiques qui menacent les droits et libertés, l’environnement, les personnes les plus vulnérables. Elle ajoute qu’il s’agit de la première pandémie de l'ère numérique. « Nous assistons à la convergence entre les intérêts des autorités nationales et ceux des capitalistes et des explorateurs de données internationaux. »
• Surveillés et dociles?
  Alex Klein dénonce la généralisation des mesures de contrôle social : « Après les drones équipés de haut-parleurs qu’on a vu rappeler des citoyens récalcitrants à l’ordre en Chine puis à Paris, ce sont maintenant des dispositifs de pistage qui fleurissent un peu partout à travers le monde. (Or), les décisions prises en temps de crise sont (trop) souvent devenues les fondements du monde d’après. »
• How coronavirus set the stage for a techno-future with robots and AI
  Amanda Turnbull critique des innovations fondées sur l’IA comme les robots désinfecteurs d’espaces ou ceux conçus pour soigner les aînés. De plus, “unregulated facial recognition in the United States affects almost 120 million adults, with no independent testing for biased error rates” sans compter l’impact majeur de l’IA sur l’emploi.

Certains continuent d'explorer les liens entre notre mode de vie et l'émergence du virus.

• Les coronavirus sont-ils inhérents à notre mode de vie actuel ?
  Le Programmes des Nations Unies sur l’environnement publie ici un texte de vulgarisation scientifique sur la progression des zoonoses, due à de nombreux facteurs comme : la perte des zones tampons entre l’animal et l’homme, la résistance des parasites aux médicaments anti-microbiens, la perte de diversité génétique, etc. Solution : s’attaquer aux causes premières, à savoir « l’impact des activités humaines sur les écosystèmes ». Pour ce faire, la PNUE a lancé une initiative intitulée Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030 , de même que, avec la collaboration des dirigeants mondiaux, le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020.
• COVID-19 et pollution atmosphérique : des liens inquiétants
  Plusieurs études scientifiques indépendantes rendent plausible (au niveau des populations) l’hypothèse suivante : « la pollution de l’air semble corrélée à une plus grande concentration de cas de COVID-19 et à une plus forte mortalité ». Deux phénomènes entreraient en jeu : le transport du virus par les particules en suspension et « l’inflammation chronique des poumons qui augmenterait la sévérité des symptômes ».
• Dominique Bourg: «Ce virus est un avertissement de la nature, très salutaire»
  Dominique Bourg affirme : « Pour la planète, en cette période de néolibéralisme décérébrant, de petits gestes ne suffiront pas, mais ils sont importants. Nos décisions individuelles, nos modes de vie redeviennent quelque chose de fondamental. Et cela nous renvoie au sens de la responsabilité. »
• Philippe Descola : "Face au monstrueux choc épidémique des grandes conquêtes, les peuples amérindiens ont utilisé la dispersion pour survivre"
  P. Descola dit : « Je forme le vœu que le monde d’après soit différent du monde d’avant. La pandémie nous donne un marqueur temporaire. Cette transformation, je la vois avec intérêt se dessiner et qu’elle aboutisse à ce que des liens avec les non humains soient à nouveau tissés. Il faut vivre avec une mentalité non destructrice de notre environnement."

La crise sanitaire est-elle un avant-goût de la crise climatique?

• Chomsky : « On se remettra de la pandémie, pas de la fonte des glaces »
  Plusieurs forcent luttent présentement sur ce front et le sort du monde dépendra de la manière dont ces forces émergeront, ajoute Noam Chomsky.
• Entrevue avec Karel Mayrand: la crise sanitaire, un avant-goût de la crise climatique
  Karel Mayrand constate que durant la pandémie « quand les élus ont le courage de l’expliquer, les gens suivent parce qu’ils trouvent que c’est légitime ». Il devrait en être de même pour les changements climatiques.
• Un avant-goût du choc climatique
  “L’abîme dans lequel un coronavirus a précipité de nombreux pays illustre le coût humain de la négligence face à un danger pourtant parfaitement identifié”, écrivent Philippe Descamps et Thierry Lebel. “Bien davantage encore que le Covid 19, le défi climatique conduit à remettre en cause notre système socio-économique. Comment rendre acceptable une évolution aussi radicale, un changement à la fois social et individuel ? Tout d'abord en ne confondant pas la récession actuelle - et délétère - avec la décroissance bénéfique de nos productions insoutenables : moins de produits exotiques, de passoires énergétiques, de camions, de voitures, d'assurances; plus de trains, de vélos, de paysans, d'infirmières, de chercheurs, de poètes, etc.”
• On écoute les experts pour la COVID-19, pourquoi pas pour les changements climatiques?
  Selon Jean-Pascal van Ypersele, "quand il y a vraiment la perception d’un danger imminent, alors là les décideurs prennent des décisions qu’on n’aurait jamais pu imaginer. Et pourtant, pour le climat, le danger est bien plus grand, même en morts ! Mais plus lointain."
• Une répétition générale pour la crise climatique
  Céline Campagna se demande si "canaux de communication resteront ouverts entre le politique et le scientifique". La notion d'urgence peut avoir une influence : "la COVID-19 ne nous a pas offert le luxe du temps ; l’urgence climatique, au contraire, nous en offre, peut-être même trop."

Plusieurs voient dans la relance une occasion d'effectuer enfin un virage vert, bien que les propositions soient très diversifiées (voir aussi la section "Post-capitalisme et post-croissance").

• L'ONU plaide pour "un avenir vert" après la pandémie, un changement de cap
  L’après-pandémie doit nous mener à un “changement de cap”, selon l’ONU, et à donner à la nature la place qu’elle mérite. “Repensons ce que nous achetons et ce que nous utilisons, adoptons des habitudes, des systèmes alimentaires et des modèles entrepreneuriat durables, préservons les espaces et la vie sylvestres qui existent encore, et engageons-nous à forger un avenir vert et résilient", écrit Antonio Guterres.
• Trudeau misera sur une «relance verte» après