Cet événement a eu lieu dans le cadre du Festival Virage 2023.
Intention
- Explorer l’idée des ruralités.
- Se donner le droit de déposer des ingrédients, de jouer avec.
- Se doter d'un espace pour se créer des hypothèses sans rancune.
- Se donner le droit de ne pas défendre une hypothèse bec et ongle.
- Faire le deuil et accepter que tout ne sera pas dit, que des choses importantes ne seront pas nommées, mais se faire confiance que les choses seront pertinentes.
Intervenant·es
Tout le monde a de la légitimé, personne n’a toute la légitimité. Il s’avère que plusieurs on des doutes sur leur légitimité. :)
Maude Prudhomme - Elle fait son gros possible. Elle vit en milieu très très rural depuis une quinzaine d’années et est impliquée dans les milieux écolos depuis 20-25 ans. Elle participe activement au Front commun pour la transition énergétique et Projet collectif.
Joël Nadeau - A vécu différentes phases de militantisme depuis 20-25 ans. Habite en ruralité depuis 15 ans, il est conseiller municipal à Saint-Camille.
Caroline Dufresne - Elle vient de l’Estrie et habite à Montréal. Elle est mère. Elle travaille avec 15 communautés rurales au travers les Ateliers des savoirs partagés avec une 15 de chercheurs qui échangent sur leur savoirs, leurs pratiques, pour raccourcir les temps d’action.
Corinne Asselin - Elle habite Petit-Saguenay depuis 3 ans. Elle vient d’Alma. Elle est allée militer dans la grande ville en 2012. Aujourd'hui, elle est directrice de dév. à Petit-Saguenay et termine un mémoire de maîtrise en sciences politiques sur la gouvernance à Petit-Saguenay. Elle aussi co-organisatrice de Virage 2023.
Qu'est-ce que la ruralité ?
Il existe plusieurs définitions :
- Ce sont des paysages agricoles, forestier, naturel, le silence, le calme, la nature, pas de machine
- Ce sont des paysages d’humains (nombre d’humain, les codes postaux)
- C'est ce qui n’est pas la ville
On parlera DES ruralités plutôt que de LA ruralité. On aura donc des discussions sur les différents angles des ruralités
Survol historique
- En France, destruction de la paysannerie
- En Europe, on assiste à une destruction de la paysannerie par une vision industrielle du développement.
- La ruralité est mise au service de la ville.
- On détruit un mode de vie fondé sur les communs, pour alimenter les besoins de production de la ville.
- Au Québec, destruction de l'habiter autochtone
- Au Québec, on a dé-terrioliser les autochtones, et on a mis en place une façon d’habiter le territoire en vue de nourrir les industries urbaines.
- En 1840 les municipalités sont créées, avant cela c’était surtout des ressources minières et forestières.
- Il y a une grande dépendance des municipalités aux insdustries extractivistes et mono-industrielle.
- Volonté de fermer les petits villages
- La faible densité des populations engendre des coûts de maintient des infrastructures trop élevés, on veut donc fermer 96 petites municipalités.
- Il se crée une grande mobilisation pour éviter la fermeture.
- La mobilisation réussie à limiter la fermeture à 10 villages, mais qui ont causé de nombreux traumatismes.
- Création des MRC et des CLD
- En 1979, on crée les MRC
- On assiste à la mise en place des CLD.
- Création de la Politique nationale de la ruralité
- Puis en 2001 la politique nationale de la ruralité est mise en place par le provincial pour dynamiser les communautés rurale et décentraliser les prises de décision et décentralisation des budgets.
- On assiste à la création du réseau des agents de développement rura. Solidarité rurale fait de la veille, etc.
- Défis démographiques
- Durant les années 2000, on assiste à un déclin de la démographie. Dans un tel contexte, comment conserver les écoles, l’accès à internet, etc. ?
- En 2014, survient un recule important
- Alors que la politique de la ruralité devait aller plus loin au travers la 3e mouture de la politique de Solidarité, on assiste plutôt à la fermeture de nombreux centres locaux de développement (CLD), des CRÉ et Solidarité rural perd son financement.
- Plus plusieurs, on a assiste à alors à un recule de 20 ans. Et on est depuis ce temps dans un vide.
Les défis actuels
Caroline, coordonnatrice des Ateliers des savoirs partagés (ASP), présente les principaux défis et questionnements auxquels sont aujourd'hui confrontées plusieurs petite municipalités rurales.
- Défi de se rencontrer, de créer des réseaux, de partager les récits et les bons coups
- Avant il y avait le réseau d’agents de développement, depuis leur disparition, on tente de combler ce vide.
- C'est une des raisons pour lesquelle on a créé les ASP.
- Comment sortir du modèle de dév. de la grande entreprise qui vient créer des emplois, mais en détruisant le territoire?
- Comment dépasser les conflits, les chicanes qui traversent les générations?
- On se retrouve avec des chicanes qui datent des années 80, mais dont on ne connait plus l’orgine.
- Comment éviter de "tuer" les initiatives des nouvelles personnes qui arrivent et qui sont confrontées à ces vieilles chicanes?
- Comment assurer la relève ?
- Dans les OBNL ou dans les conseils municipaux, on a plusieurs personnes qui partent à la retraite, comment assurer le le transfert de connaissance ?
- Comment mieux partager le leadership ?
- Comment créer des projets inclusifs ?
- Comment éviter la gentrification des villages ?
- Comment créer des dialogues et conserver l‘ouverture ?
- Tous ces défis sont des symptômes de problèmes plus structuraux
- Les défis liés à l'alimentation, à l'accès au logement ou à la pénurie de main d’oeuvre sont les mêmes qu’en ville, mais avec des couleurs particulières.
- Ces défis constituent des symptômes d’enjeux qui nous dépassent.
- De là l’idée d’avoir une conversation entre la ville et les milieux ruraux pour résoudre ensembles la causes à ses crises qui sont systémiques.
- Le nerd de la guerre : L’argent
- Tous les programmes de financement d’expérimentation en milieu rural ont été détruits.
- Aujourd’hui ce sont des fondations privées qui financent la majorité des expérimentations. Cette situation crée une dépendance aux fondations.
- Mais sans le financement privé, tout ça repose sur l’huile de bras (et risque l'épuisement).
Récit pratique
Corinne directrice de développement à Petit-Saguenay présente son parcours personnel et les raisons qui l'ont amené à venir habiter en milieu rural.
Qu'est-ce qui l’a amené à déménager à Petit-Saguenay ?
- La volonté de développer son esprit critique
- Auparavant elle vivait beaucoup de colère qui se canalisait par sa participation à des manifestations.
- Sur le long terme, c’est cependant une approche qui épuise.
- Sa lecture de Sylvia Federici
- La prise de conscience de la destruction des solidarités des communautés par le capitalisme.
- La prise de conscience que l'urbanité n’est pas innée, qu’il est possible dans une vie d’expérimenter différents milieux de vie en ville et en ruralité.
- Ses origines rurales
- Ses deux familles viennent de villages ruraux, mais elles ont dû partir en ville à la recherche de travail.
- Une volonté de vivre à échelle humaine
- Volonté de faire partie d’une communauté
- Initialement, elle avait la volonté de faire partie d’une communauté intentionnelle. Puis en y réfléchissant, quel est l’intérêt de démarrer un nouveau projet from scratch alors que les villages sont actuellement à la recherche de relève.
- L’intégration à un village appelle à apprendre à composer avec les gens qui sont là.
- Elle a appliqué à un poste ouvert à la municipalité
- Elle était le public cible pour ce poste: elle venait de la ruralité, habitait en ville et avait envie de revenir vivre en ruralité.
- Elle avait envie de retourner dans des milieux où il y a de l’espace, des besoins et une volonté d’avoir une relève.
- Les ainé·es sont bien heureux de voir les jeunes arriver!
Son expérience en tant que co-organisatrice de Virage 2023
- Beaucoup de non dits
- Dans les dernières semaines, tout n’était pas nommé, mais elle a senti beaucoup d'appréhensions, de craintes, de préjugés, de peur du débordement, des gauchistes, des coké·es :)
- La pression de bien recevoir les invité·es
- Dès la première journée, quand tout s'est mis en place, que tous les bénévoles se sont mobilisé·es, organisé·es, une grande partie de cette pression est tombée.
- Les habitant·es sont vraiment extrêmement content·es de voir les gens gentils, les gens propres, les gens ouverts!
- Tout le monde apprécie la qualité et la diversité des spectacles.
Quelques hypothèses pour la suite du monde...
Joël de Saint-Camille
La crise climatique qui est très réelle pour les agriculteur·trices de Saint-Camille
- Prise de conscience de nos vulnérabilités.
- Elle est où notre autonomie, notre capacité à transformer le modèle agricole ?
Les coûts de maintien des infrastructures explosent
- Ce qui survenait aux 10 ans, survient désormais annuellement, et même 3 fois dans une semaine cet été.
- On voit bien que ce n’est plus soutenable.
L'essoufflement de la participation citoyenne dans les conseils municipaux
- Les modifications de lois amènent toujours + de responsabilités dans la cours des municipalités.
- Peu importe la grosseurs des municipalités, on a les mêmes charges.
- Est-ce qu’on se regroupe pour certains dossiers ? Est-ce qu’on repense la gouvernance ?
Grandes fragilités des projets
- Les projets domiciliaires, les sauvegardes des écoles sont toujours à recommencer
- Etre obligé à innover constamment, c’est essoufflant
- La transformation de l’église via une Coop, a fonctionné, mais ne fonctionne plus
On a besoin
- de repenser la démocratie municipale
- de mieux faire circuler l’information, les ressources, la mutualisation entre les milieux
- de repenser notre rapport au vivant
- de se redonner un « Solidarité rurale » pour recréer ces espaces de dialogues, de partage
- de se soutenir entre les milieux ruraux, mais aussi entre ville et ruralité
- de faire émerger de nouveaux récits pour se projeter d'autres imaginaires
Caroline, des ASP
La question de l’autonomie
- Comment faire avec ce qu’on a: des gens motivé, intelligents, instruits, qui ont envie de vivre sur place ?
- Ce qui nous reste au bout de tous ces projets, ce sont les liens qui se construisent, la communauté qui s’enracine. On approfondie ensemble nos collaborations pour se préparer aux évènements qui s’en viennent.
- La question de la confiance comme filet de solidarité pour les obstacles qui s’en viennent.
La collaboration avec la recherche
- La question de la légitimité: la présence des professeur·es apporte une vision théorique pour mettre des noms sur ce qui se passe.
- Le rêve que les ASP deviennent des lieux de créativité pour les chercheur·es qui n’en peuvent plus des milieux académiques sous pression.
Les appels d’offres
- On a besoin de revoir et d’adapter les règlements pour permettre de faire affaires avec le garage du coin sans aller en appel d’offres.
Corinne, de Petit-Saguenay
La gentrification rurale
- Les ruralités sont relativement très homogènes, très blanches, hétéronormatives, famille mononucléaire.
- Elle s’est crée un saferspace pour pouvoir discuter de féminisme, de réalité queer en milieu rural.
- On a besoin d’avoir des espaces de discussion public pour aborder ces enjeux là.
- On parle d’immigration en terme économique - ce qui est très déshumanisant - on n’a pas les infrastructures pour accueillir adéquatement ces populations.
- Ça serait peut-être à VIRAGE de créer ces espaces d’échanges.
Maude, du FCTÉ
La diversité de classe
- On a besoin de forme d’inclusivité qui permet de communiquer avec des populations qui ne lisent pas.
- On a besoin de créer des liens sur la base du savoir-faire, de la débrouillardise, du pentantage.
- On a besoin de travailler sur des jokes douteuses
- Nous-qui-ne-sommes-pas-capable-de-réparer-notre-machine et notre posture de « on veut habiter autrement le monde »
Période de questions
On essaie de se mettre en relation avec ce qui a été dit préalablement. Montrer qu’on a écouté ce qui a été dit et se positionner par rapport à cela.
Besoin de réfléchir le financement autrement
- En lien avec les réalistées des personnes queer, le financement public est réfléchi de manière capitaliste: x nombre de $ pour x nombre de personnes. Ce qui fait que tous les services sont dans les milieux urbains, donc on a besoin de réfléchir au financement autrement
La ruralité permet une plus grande inclusion sociale
- En ville, il est facile de se retrouver qu'avec des personnes de sa classe sociale. En milieur rural, quand il y a une activité, tout le village y va, et on se retrouve alors avec une grande mixité sociale (aîné·es, jeunes, néo, natif, etc.)
Besoin d'apprendre à travailler ensemble
- En ruralité, il y a une mixité sociale dans nos projets, car on vit ensemble. Il faut apprendre à travailler ensemble quand ça va pas trop mal. Apprendre à développer notre capacité de collaboration. On a besoin de se donner des espaces de dialogues
Pour trouver des solutions, il faut essayer et accepter de se tromper
- C’est nécessaires de faire des erreurs. Il faut apprendre de nos erreurs. Il faut être indulgent envers nous-mêmes.
On milite beaucoup en ville, ça veut dire quoi militer en milieu rural ?
- Il y a beaucoup de militantisme en région. Les gens se mobilisent contre la fermeture d'école, de guichet automatique, de bureau de poste, des projets miniers, ... Les communautés autochtones luttent pour protéger les territoires.
- Militer en milieu rural, c'est une autre game parce que tout le monde ce connaît.
- Ça crée des chicanes à la cantine. C'est tout aussi important de prendre soin de nous.
- Dans une mobilisation contre un projet minier, on a dû ralentir, car le tissus social s'effritait trop.
En tant que retraités néo-ruraux, comment peut-on contribuer ?
- Vous arrivez avec du temps, des compétences, des expériences.
- Vous faites d’excellent·es bénévoles!
Comment les urbain·es peuvent contribuer à la souveraineté alimentaire ?
- Pourrions-nous arrêter de travailler dans nos bureaux l’été ?
- Comment recréer des la fluidité entre ville et région ?
- Comment recréer le contact à la saisonnalité ?
- Peut-on réfléchir à un nomadif saisonnier ?
Les Compagnons maraîcher·ères : pour porter mains fortes de façons ponctuelles sur des fermes écologiques de proximité