Quelles solutions pour distribuer la richesse créée par le marché de nos données personnelles?

Un article de l'an passé, mais encore pertinent aujourd'hui.

Le développement d’un marché des données personnelles suscite de nombreuses craintes : violation de la vie privée, abus de pouvoir et manipulation des comportements électoraux. Ces très importantes et pressantes considérations ont peut-être néanmoins contribué à évacuer l’analyse économique du marché des données personnelles et à esquiver la question de la distribution de la richesse créée par ces données, qui est concentrée entre quelques mains.

Les grandes compagnies technologiques ont créé de la valeur par l’accumulation de données personnelles sur les utilisateurs de leurs services. Le processus permettant de transformer ces données en profits – la chaîne de valeur des données – est toutefois mal compris des économistes. En effet, ces compagnies utilisent différents mécanismes et s’associent avec de tierces parties pour transformer la matière première (les données personnelles) en profits.

Les données personnelles sont également un bien particulier, ce qui fait que nous avons peut-être mal envisagé la meilleure approche en matière de règlementation. Les données ont les caractéristiques suivantes :

  • Elles peuvent être exclusives, mais elles ne sont pas rivales. Cela signifie qu’on peut interdire l’accès à des données, mais une fois que cet accès est accordé, les données sont non rivales et peuvent être utilisées par plusieurs personnes en même temps.
  • Si la valeur des données augmente par leur production de masse, les données sont loin d’être standardisées et homogènes. En effet, chaque donnée personnelle est une combinaison unique de caractéristiques individuelles.

Compte tenu de ces caractéristiques, comment distribuer la richesse créée par l’utilisation et la transformation de nos données personnelles?

L’auteure explore plusieurs avenues qui visent l’apport en données à ces grandes compagnies :

  1. la mise en place d’une taxe sur les données personnelles collectées;
  2. la mise en place d’un processus de négociation collective entre la société civile et les grandes compagnies technologiques.

Elle propose néanmoins une solution innovante du point de vue du droit : la reconnaissance d’un droit d’auteur sur nos données personnelles . Les grandes compagnies technologiques devraient donc être considérées comme des éditeurs ( publishers ) plutôt que des plateformes . Cela permettrait notamment de renforcer le contrôle des individus sur leurs données, fondé sur le principe de data dignity .

Cela ne remplace évidemment pas la nécessité d'encadrer les pratiques de collecte de données personnelles illégales associées à de la surveillance de masse. En témoigne cette semaine le rapport de ces commissaires à la vie privée du Canada et de certaines provinces sur les activités de la société technologique américaine Clearview AI .

https://voxeu.org/article/governance-models-redistribution-data-value?utm_source=Digest&utm_campaign=80ac2fcde1-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_d90a01c7ff-80ac2fcde1-87812322

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Intégré par Équipe En commun, le 12 avril 2023 09:23
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Résistance numérique, Gouvernance inclusive, fiducie, commun, Réfléchir et analyser, Transformer les institutions, Surveillance, données, vie privée et cybersécurité

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5 février 2021

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17 février 2023 09:12

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