n° 2 |(Re)découvrir les communs à travers mes lectures marquantes

Cette note est publiée dans le cadre du balado La Relance | Pour vieillir en commun, proposé par Présâges. Il s'agit d'une retranscription du 2ème épisode.
Nous vous invitons à prioriser l'écoute des balados puisque le contenu a été pensée spécialement pour ce format. 

Lien vers le balado (10min) : https://podcasters.spotify.com/pod/show/la-relance--pour-vieillir 

Dans l’épisode d’aujourd’hui, je vous partage mes lectures, mes extraits surlignés et les bonnes idées des autres!

J’avais en effet envie de vous partager quelques-unes des lectures qui m’ont le plus marqué, ainsi que les réflexions qui s’en sont suivies et qui sont à l'origine de la démarche La Relance | Pour vieillir en commun. Comme je le mentionnais dans le premier épisode, le concept des communs nous est d’abord apparu comme une impression d’avoir trouvé un bon filon. Après avoir composé la récolte, nous nous sommes dit que ça se tenait très bien comme proposition, mais je crois que c’est véritablement une fois le nez dans les livres, que j’ai eu la confirmation que nous avions mis le doigt sur une idée ayant beaucoup de potentiel! C’est pourquoi je souhaitais prendre le temps de bien vous présenter les communs à travers les différentes idées retenues lors de mes lectures. Pour vous montrer que les communs : ce n’est pas sorcier, ce n’est pas nouveau et c’est une façon de répondre à nos besoins et d’avoir un objectif collectif.

Les communs c’est quoi ou c’est pas mal plus commun qu’on le pense!

Je commence en vous relisant notre définition des communs inspirés par le travail d’Yves-Marie Abraham, pour vous rafraîchir la mémoire : Un commun, c’est d’abord un collectif de personnes qui tentent de satisfaire ensemble, par elles-mêmes et pour elles-mêmes un ou plusieurs de leurs besoins ou aspirations, comme se nourrir, se loger, se divertir, etc. Pour y arriver, elles vont mettre en commun les ressources nécessaires, décider ensemble et s’entraider. Les communs vous en avez sûrement déjà entendu parler mais à travers d’autres termes ou bien vous connaissez déjà le concept parce que vous vous impliquez dans un groupe comme ce que je viens de vous décrire. Sinon je suis au moins certaine que vous êtes déjà familier·es avec les valeurs au cœur des communs, comme celle que le Collectif de recherche sur les Initiatives, transformation et institution des communs, le CRITIC met dans leur définition : le partage, la participation, l’inclusion, la soutenabilité, la convivialité.

En bref, les communs c’est souvent un concept qui nous est plus familier qu’on le pense et bien que ce soit un mot que vous ne connaissez peut-être pas déjà, j’espère que vous avez tout de même envie d’en savoir plus.

Un autre élément important à souligner selon moi, c’est que les communs, c’est surtout quelque chose qu’on vit, qui est dans l’action. Je veux absolument éviter que certain·es finissent l’épisode en se disant que les communs c’est un beau concept utopique qui n’est pas assez concret. C’est un concept oui, mais c’est avant tout ancré dans le faire, comme le disent Yves-Marie Abraham et Ambre Fourrier : « Les communs c’est moins un état qu’un mouvement ou une tentative pour s’inventer des manières de vivre. » Et j’aime beaucoup cette idée de tentative que développe, entre autres, Louis Staritzy dans son livre sur la Sociologie des tentatives : « Tenter, c’est éviter de créer des empêchements là où il y a du possible, tout comme apprendre à créer du possible là où on ne voit que des empêchements. » Donc, oui les communs c’est un concept, mais c’est avant tout quelque chose qui se vit, ou du moins qui se tente!

Les communs c’est vieux ou comment ne pas réinventer la roue

Comme je viens de le mentionner, c’est peut-être la première fois que vous entendez parler des communs, mais ça n’a rien de nouveau. Et un des avantages des communs c’est : « qu’à l’opposé de certains projets révolutionnaires, le communalisme (c’est comme ça qu’on appelle faire des communs) n’implique pas de tout réinventer, mais plutôt de redécouvrir et de renouveler des pratiques qui sont parmi les plus répandues et les plus fréquentes dans l’histoire de l’humanité [...] ». Et ça, c’est Yves-Marie Abraham et Ambre Fourrier qui le mentionnent. En effet, on peut presque dire que les communs c’est la forme de vie sociale la plus répandue dans l’histoire. Tantôt quand je disais que les communs c’était concret, en voici un autre bel exemple.

Et quand on parle de ne pas réinventer la roue avec les communs, justement « on remarque qu’ils empruntent la plupart du temps des modes d’organisation traditionnels issus de l’économie sociale, soit les coopératives et les organismes à but non lucratif. » comme le proposent Jonathan Durand Folco et Dan Furukawa Marques.


En effet, si je prends le temps de vous donner des exemples de communs, on voit bien que leur forme est souvent assez connue. À Gatineau, par exemple, on retrouve la Bibli’outils, une bibliothèque d’outils, vous l’aurez deviné. C’est un lieu convivial qui permet des rencontres de toutes sortes, qui favorise l’entraide et qui permet à leurs membres de se partager les outils disponibles. Bref c’est un commun qui prend la forme d’une coopérative de solidarité à but non lucratif. À Montréal, on a le Bâtiment 7 qui est porté par le Collectif 7 à Nous, qui existe sous la forme d’OBNL. Dans le Bâtiment 7, on retrouve plusieurs projets qui empruntent aussi des formes juridiques assez connues, mais qui peuvent aussi parfois prendre la forme d’initiatives informelles.

Donc, oui les communs ça existe depuis longtemps, et pour le milieu communautaire ce n’est pas trop loin de ce qu’on connaît déjà, mais l’idée aujourd'hui, et entre autres avec la Relance | Pour vieillir en commun, c’est de redécouvrir et d’expérimenter les communs en les actualisant pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui.

Les communs pour répondre à nos besoins ou Laissez-nous faire, on va le faire

Une autre facette des communs, qui est importante à souligner selon moi c’est qu’il s’agit souvent de personnes ayant un besoin semblable qui vont se rassembler pour essayer d’y répondre. Il y a un bel exemple de ça à Tewkesbury où des retraité·es se sont parti·es une coopérative multiservices pour répondre aux besoins de menus travaux dans la municipalité. C’était une façon pour eux de s’assurer que les aîné·es puissent rester dans leur communauté. C’est exactement comme le souligne Louis Starizky : « lorsqu’on s’engage dans une tentative, lorsque plusieurs personnes se mettent ensemble pour créer collectivement les marges dont ils ont besoin, depuis des positions très différentes, c’est parce qu’il y a du commun, une cause commune, et, souvent, un malaise collectif. »

Les communs peuvent aussi être une avenue prometteuse pour répondre aussi à ces malaises collectifs justement, ou à des enjeux de société plus larges comme le proposent Marie-Soleil L’Allier et Jonathan Durand Folco : « Nous devons explorer de nouvelles avenues et créer de nouveaux imaginaires collectifs. Surtout, nous devons soutenir l’effervescence des initiatives et des luttes citoyennes qui se multiplient sur le territoire québécois et dans le monde. Comment transformer nos institutions pour reconnaître aux collectivités le droit de s’organiser pour répondre aux besoins sociaux pressants ? »

Finalement, les communs on en fait déjà, que ce soit parce que nous n’avons pas le choix, pour répondre à des besoins qui ne sont pas répondus autrement ou par pure aspiration. Dans tous les cas, nous avons peut-être besoin d’un coup de main pour que nous puissions continuer à en faire et que ça puisse devenir un projet de société.

Les communs comme plan de match ou Savoir où est-ce qu’on s’en va!

Finalement pour nous, les communs c’est une façon de se donner un objectif, un idéal qui nous inspire, vers lequel on souhaite tendre. Et comme le dit André Gorz, « il est temps de penser à l’envers : de définir les changements à réaliser en partant du but ultime à atteindre, et non les buts en partant des moyens disponibles, des replâtrages immédiatement réalisables. »

Pour nous, sans que les communs soient la solution du siècle, c’est un concept qui nous offre un parapluie de concepts qui nous interpellent, qui font sens pour nous et pour le milieu communautaire aîné. C’est un concept prometteur autour duquel on peut peut-être se rassembler pour réaliser les changements qu’on souhaite opérer. Et c’est pour toutes ces raisons qu’on vous lance l’invitation de La Relance | Pour vieillir en commun!  

Références

  • Yves-Marie Abraham et Ambre Fourrier, Mais vous êtes donc communiste? Complément d’enquête sur les communs, Article scientifique
  • Louis Staritzy, Pour une sociologie des tentatives, Article scientifique
  • Dan Furukawa Marques et Jonathan Durand Folco, Omnia sunt communia : un état des lieux des communs au Québec, Article scientifique
  • Marie-Soleil L’Allier et Jonathan Durand-Folco, Une société des communs, Article journal
  • André Gorz, Misères du présent, richesse du possible, Livre

En bonus :

  • Jonathan Durand-Folco, À nous la ville! traité de municipalisme, Livre
  • Marie-Soleil L’Allier et Jonathan Durand-Folco, Introduction aux communs, Vidéo

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Intégré par Camille Sanschagrin, le 20 mai 2024 17:39

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Publication

20 mai 2024

Modification

25 juin 2024 14:20

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Pour citer cette note

Camille Sanschagrin. (2024). n° 2 |(Re)découvrir les communs à travers mes lectures marquantes. Praxis (consulté le 6 juillet 2024), https://praxis.encommun.io/n/ZfTu83QZZeeQXbmU5AEaIBCMkxg/.

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