Bloc 3 : Les enjeux de l'habiter

Cette note présente le compte-rendu et les apprentissages du bloc thématique sur les enjeux de l'habiter, du Forum international des ASP - Les défis d'une nouvelle ruralité

Enregistrement du bloc 3

Présentation de Kirsten Koop, Université Grenoble Alpes (France)

📢 Co-habiter autrement : Zoom sur les initiatives citoyennes dans les territoires ruraux montagnards français

Suivi des interventions de :

• Chantale Lavoie, MRC de La Matapédia
• Hugo Asselin, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

Résumé de la conférence

📢 Co-habiter autrement : Zoom sur les initiatives citoyennes dans les territoires ruraux montagnards français

Notre dernière conférencière invitée, Kirsten Koop, enseignante-chercheuse à l’Université de Grenoble Alpes (France), nous amène à réfléchir sur l’habiter : notre manière d’être dans l’espace, de construire ces lieux, du sens que l’on donne à nos territoires dans un contexte de changement climatique et d’épuisement des ressources naturelles. Ainsi, elle nous pose la question suivante : comment habiter autrement pour mettre en pratique une transition socioécologique ?

Kirsten Koop présente Transformont, un projet à grande échelle, en France. Ce projet recense et étudie, par la recherche-action, des centaines d’initiatives d’innovations sociales en milieu rural montagnard qui proposent de nouvelles façons de s’alimenter, de se soigner, de se loger, de se déplacer, d’apprendre et de participer dans l’habiter. La conférencière nous permet de réfléchir à notre rapport à la nature, à la définition de la ruralité, aux défis et aux maillages qui existent au sein d’un territoire.

Résumé des interventions

Chantale Lavoie, préfète pour la MRC de La Matapédia, et Hugo Asselin, professeur titulaire à l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abiti-Témiscamingue profitent de l’occasion pour discuter de ce qu’est l’habiter pour eux. Pour Chantale Lavoie, l’habiter se dégage par le sentiment d’appartenance et la fierté que l’on ressent par rapport à l’endroit où l’on vit. Hugo Asselin réfléchit aussi sur la définition de ce concept et du sens que le concept de ruralité peut prendre. Il termine en faisant le point sur les responsabilités et les actions à entreprendre dans le contexte de transition socioécologique pour et par les territoires ruraux pour faire face aux nouveaux défis liés aux dérèglements climatiques et à la raréfaction des ressources naturelles.

Période de discussion

Question posée aux groupes pour lancer la discussion sur chacun des sites:

❓ Comment favoriser les modes d'habiter qui soient porteurs de nouvelles ruralités?

UQAR :

• Concept de l’habiter : revoir les lois et politiques (Lois sur le territoire agricole) qui freinent l’attractivité et le développement d’un milieu et le zonage pour faciliter la construction de maison pour lutter contre la crise du logement (favoriser des modes de co-habitation comme les coopératives). 
• Concept de la ruralité : conserver l’identité et les spécificités associées à la ruralité (conservation du patrimoine), mais accepter la complémentarité entre les milieux ruraux et urbains et sortir du modèle région-ressource.
• Autonomie alimentaire : développer des projets autour de la sécurité alimentaire.
• Aspirations d’une nouvelle ruralité : réduire le clivage entre les natifs (Anishinaabe) et les néo-ruraux (allochtones) en créant des espaces informels. + Trouver un projet rassembleur pour mobiliser la population. + lutter contre les l’épuisement des bénévoles sur le terrain, repenser et valoriser l’engagement bénévole. Créer des liens grâce à l’action communautaire et l’implication.

UQAT :

• Concept de l’habiter : notion qui a évolué dans le temps : habiter, habitant. Dégradation de la qualité du terme, connotation devenue péjorative. Déconnexion du lien entre l’habitant et l’habitat. Renouer avec le territoire permettrait d’augmenter : la fierté, l’engagement et la passion.
• Concept de la ruralité : autosuffisance, distinction de la ville de par sa capacité à produire des ressources naturelles et premières, vit au rythme des saisons.
• Souveraineté alimentaire : peu d’efforts pour l’autonomie alimentaire en milieu rural, beaucoup de pression sur les maraîchers (revoir le modèle de production, hybrider les modèles) + autosuffisance.
• Aspirations pour une nouvelle ruralité : Révision de certaines lois en lien avec la protection du territoire agricole et la loi sur les mines, ainsi qu'apprendre à se distinguer du modèle capitaliste dans la production et le développement des collectivités.

UQAC :

• Concept de la ruralité : ne peut être un concept généralisé, il doit prendre en compte les spécificités d’un territoire. Il faut explorer le lien entre les milieux ruraux, les différents milieux et les dynamiques de territorialisation. Repenser le développement de façon polycentrique afin d’éviter une concentration excessive dans les zones urbaines.
• Aspirations pour une nouvelle ruralité : éliminer les défis liés à l’accueil et l’intégration des immigrants, ainsi qu’à la crise du logement. Encourager la transition socioécologique par une approche inclusive, ouvrir les débats, confronter l’altérité, encourager la cohabitation entre les différents milieux, reconnaissance de l’utilité des différentes initiatives portées par différents groupes sociaux, démocratie participative, améliorer le rapport à la nature (modèle autochtone).

Le Camillois :

• Concept de l’habiter :
  • Importance de développer l’attachement, la relation, le sentiment d’appartenance au territoire par le biais d’activités (exemple : marché local).
  • Revoir les politiques et contraintes légales qui imposent des cadres à différents niveaux qui empêchent un habité différent.
  • Remise en question de l’aménagement actuel (propriété privée) et encourager le développement d’espaces à partager (jardins, etc.).
  • Avoir un senti de vécu dans son rapport à l’habiter, accepter que les territoires changent et évoluent.
  • Comprendre les différents éléments qui impactent les milieux ruraux (externes et internes).
• Concept de la ruralité : Le rural et l’urbain doivent être perçus comme des compléments plutôt que des opposés. 
• Souveraineté alimentaire : opposition entre modernité et rationalité (repenser notre façon de vivre, notre façon de produire et de consommer en partageant les savoirs ancestraux et le savoir-faire.
• Aspirations pour une nouvelle ruralité : autonomie régionale autant dans la production que dans la vente des matières premières (produire pour soi) + briser le tabou du transport (améliorer et accepter les nouvelles formes de mobilité comme le travail à distance). Encourager les changements dans un modèle qui prône la bienveillance et le respect des autres.

Prise de notes : Isabelle Lasserre, Nicolas Beaulieu-Perrier, Pascale Charlebois, Diallo Bocar Harouna

Rédaction : Isabelle Lasserre

Photos : Sylvain Laroche