
Ce colloque se tiendra les 14 et 15 mai 2024 dans le cadre du 91e Congrès annuel de l’ACFAS à l’Université d’Ottawa. Plus de détails suivront.
« Les communs sont partout ! » observaient déjà plusieurs auteurs et autrices au tournant du 21ᵉ siècle (Dardot et Laval, 2014; Federici, 2019). Le constat de l’utilisation du terme « communs » dans divers contextes, allant de la guerre de l’eau à Cochabamba au mouvement altermondialiste, ainsi que lors d’occupations de places comme à Wall Street et à Ghezi à Istanbul, a suscité l’intérêt de la recherche sur ce thème. Il y a déjà plus d’une décennie, George Caffentzis (2012) recensait des milliers de publications sur les communs et cette littérature n’a fait qu’augmenter de manière exponentielle depuis. Parmi ces travaux, nous retrouvons différentes compréhensions et définitions des communs, qui se revendiquent souvent de traditions théoriques fort distinctes, menant parfois à des analyses contradictoires du même phénomène. De plus, différentes organisations font usage du terme dans des contextes qui en déforment passablement le sens, comme lorsque la Banque mondiale expulse des peuples traditionnels de leurs territoires au nom du « patrimoine commun de l’humanité » (Federici, 2019). Dans ce contexte, il devient de plus en plus pressant de prendre la mesure de ces enjeux et de cartographier les différentes approches des communs pour tenter d’y voir plus clair, notamment par rapport à certaines thématiques que ce colloque entend prioriser.
Selon la définition proposée par le Collectif de recherche sur les initiatives, transformations et institutions des communs (CRITIC) qui organise ce colloque, les communs sont des ensembles de pratiques sociales ancrés dans des collectivités autodéterminées et des formes de communalisation. Ils répondent à différents besoins et aspirations à travers des valeurs de partage, de soin, de participation, d’inclusion, de soutenabilité et de convivialité. Promouvant le droit d’usage et le devoir de responsabilité, les communs préfigurent une alternative à la propriété privée et constituent un processus d’apprentissage collectif.
Cette définition affiche une volonté explicite de situer les communs dans un contexte socio-historique, politique et économique plus large que simplement des études de cas, afin de les comprendre dans leurs dynamiques relationnelles avec les systèmes économiques et les normativités politique, sociale et culturelle dans lesquelles ils s’insèrent. Or, les travaux portant sur les communs n’ont pas tous cette même ambition. Certains se concentrent davantage, voire exclusivement, sur le mode de gouvernance, d’autres sur les aspects juridiques ou de propriété, d’autres encore sur la dimension relationnelle.