Réduire le stress et la charge mentale, pour soi et son équipe

Pourquoi tout le monde est-il plus fatigué qu’avant? Quelle est la solution pour se sentir moins épuisé.e, moins frustré.e et plus satisfait.e? C’est quoi la solution pour que ça roule? Pour que les gens au travail soient de bonne humeur, positifs, responsables? C’est autour de ces questions que notre communauté de pratique en santé/mieux-être au travail en Côte-Nord s’est rencontrée, en août dernier. Pour nous aiguiller et guider dans notre réflexion, nous avons accueilli Julie Tremblay-Potvin, co fondatrice de De saison. À travers cette entreprise, elle s’est donné pour mission de rassembler et d’outiller ceux qui souhaitent travailler et vivre d’une façon qui soit saine et porteuse de sens. Au menu, une transformation sur le plan personnel et dans la culture du travail en faveur de la santé durable.

« Avant la pandémie, 60% des 18-34 ans avaient déjà vécu un épuisement professionnel ou avaient senti des symptômes d’épuisement professionnel dans un degré élevé »  

« 35% des employés expriment qu’ils pourraient quitter leur emploi pour raison de santé mentale »

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère. La culture de croissance et de méritocratie, telle qu’on l’a longtemps valorisée, n’est pas un modèle soutenable, ni pour l’environnement, ni pour les humains. Avec une augmentation constante de notre conscience, de nos connaissances, de l’information, des outils technologiques et de nos attentes, notre vitesse d’exécution ne cesse de croître. Ce rythme effréné ne permet malheureusement plus la régénération des ressources et ces statistiques le démontrent bien. La fatigue constante et l’épuisement touchent actuellement beaucoup trop de personnes.

Il faut prendre conscience que notre désir de performance s’exerce dans tous les aspects de nos vies. Notre définition et celle de la société (#pression) de ce qu’est un bon parent, un bon employé, un bon conjoint, un bon ami ou même une bonne personne (se développer et prendre soin de soi) est de plus en plus exigeante. Dans ce contexte, il est difficile de respecter ses propres limites et de ne pas être propulsé.e.s par la peur de ne pas réussir ou ne pas être assez. Nous aimerions toujours faire plus et mieux. Dans l’incapacité de répondre à ces exigences élevées, notre discours intérieur se teinte d’insatisfaction. « Il faudrait que je fasse ceci. Je n’ai pas eu le temps de faire cela. Pourquoi je n’y arrive pas comme tout le monde? ». Notre charge mentale s’alourdit et notre niveau de stress peine à redescendre. Nous croyons souvent à tort que la charge mentale concerne davantage les femmes que les hommes. Mais les compagnies d’assurance déclarent que les femmes tombent plus souvent en arrêt de travail, tandis que les hommes ont un plus haut taux de suicide. Il y a lieu de s’en inquiéter.

Une stratégie prometteuse serait de passer de la culture de performance traditionnelle (croissance), qui a évolué en une culture de superformance (épuisement des ressources), à une culture de saine performance (permettant la régénération des ressources). En organisation et dans nos vies, la saine performance peut se développer et se cultiver. Nous sommes heureux.ses de constater que plusieurs entreprises emboîtent le pas dans cette direction. Nous n’avons jamais vu autant d’entreprises offrant les vendredis après-midi de congé pour la période d’été ou qui ferment leurs portes pendant la période des vacances pour offrir un vrai repos à leurs employés. Les jours de congés « bien-être » sont également de plus en plus répandus. À l’heure où la pénurie de main d’œuvre bat son plein, la saine performance peut devenir un élément clé pour mieux fidéliser ses employés.

Voici quelques façons d’y travailler, et du même coup, d’alléger le stress et la charge mentale.

Revoir notre définition du succès

Un des premiers éléments à considérer est de revoir notre définition du succès. Sommes-nous en mesure de réduire nos attentes? Comment définissons-nous ce qui est assez, et satisfaisant? Nous pouvons travailler à nous satisfaire autrement, de façon à déployer une quantité d’énergie plus soutenable, responsable, et se fixer des objectifs plus réalistes. C’est en fait à nous de définir ce que nous considérons être une réussite. Et cette réussite ne réside pas seulement dans l’atteinte des objectifs, mais aussi dans le processus, le chemin pour y parvenir. Au travail, d’autres indicateurs pourraient être pris en compte pour évaluer la performance. Comment se sent l’équipe? Est-ce que les partenaires et les usagers sont satisfaits? Réussir ne devrait pas se faire au profit de la santé des individus. Cela devrait plutôt y contribuer.

Adopter une approche de leadership bienveillant

En entreprise, le leadership bienveillant permet d’agir de façon proactive pour répondre aux besoins de l’organisation et des individus. Un leader bienveillant fait preuve d’éthique, encourage la recherche de solutions en équipe, et favorise le sentiment de communauté. Malgré la résistance (normale!) des employés en télétravail, se voir plus souvent en personne, dans un contexte social est une bonne façon de diminuer le stress. On axe sur le relationnel davantage que sur le transactionnel.

Faire place à la disponibilité mentale

La charge mentale est composée de la charge informationnelle, cognitive et émotive. Chaque personne navigue à travers son propre niveau de charge mentale, affecté par les différentes sphères de sa vie. Chacun est confortable avec un certain niveau de charge mentale, qui peut différer d’une personne à l’autre et varier à travers le temps. La disponibilité mentale sera uniquement possible si l’on parvient à bien doser sa charge mentale, selon ses besoins personnels. Cela demande une planification quotidienne réaliste et exige de se mettre des balises saines. En milieu de travail, il peut être intéressant de promouvoir et enseigner les bonnes pratiques de la gestion de l’espace mentale. Le simple fait de comprendre ce que c'est, d’en parler en équipe et de normaliser le sujet est un grand pas en avant. Il faut aussi savoir que gérer cette charge mentale demande du temps en soi. Offrir de l’espace et du temps pour faire la gestion de la charge mentale, individuellement et en équipe, peut faire une grande différence. 

Du temps de recharge  

Ajuster sa charge est important, mais il faut porter attention à un autre facteur fondamental de la santé durable : la récupération. Celle-ci est cruciale pour pouvoir durer dans le temps. La récupération devrait idéalement se faire à travers chacune de nos journées, lorsque l’on commence à sentir de la fatigue, plutôt que lorsque l’on est complètement vidé.e.s. L’objectif est de viser un équilibre au quotidien, et se donner régulièrement le droit de prendre des pauses. L’intégration de temps blanc à son agenda pour reconnecter à soi ou à la nature peut être grandement bénéfique. Ce sont de petites pochettes de temps que l’on protège pour prendre soin de ses besoins. Autoriser son équipe à le faire, et prendre le temps, en tant que gestionnaire, de le faire aussi, peut devenir très payant. Aussi, il peut être intéressant de prendre l’habitude de planifier des rencontres plus courtes, pour avoir le temps de se lever et respirer entres les rencontres. Si l’intégration de pauses n’est pas possible au travail, prendre un moment avant ou après sa journée de travail pour reconnecter à soi et se réguler serait également une bonne pratique.

Bien qu’il soit normal d’avoir des périodes de stress plus intenses, ou certaines journées très remplies, il est important que celles-ci soient suivies de périodes de repos suffisamment importantes pour bien se recharger avant repartir vers une nouvelle mission, sans quoi, nous risquons l’épuisement.

Lorsque l’on n’en a pas l’habitude, ces moments de pauses et de repos peuvent nous sembler vides ou ennuyants. Certains éprouvent même du stress à ralentir, le voyant comme du temps perdu, et se projetant dans ce qu’ils ont d’autres à faire. Apprendre à ralentir est un art qui s’apprivoise graduellement et qui est nécessaire au maintien de la santé. Il se cultive à l’année, et non seulement pendant nos quelques semaines de vacances. De toute façon, personne n’a envie de transformer ses semaines de vacances en semaines de convalescence!

Nous sommes conscients que la saine performance, la réduction de la charge mentale et l’introduction de plus de temps de repos puisse mener à des inquiétudes importantes pour les entreprises au sujet de la compétitivité et de l’efficacité. Comment faire face à la concurrence qui continue d’avancer à vive allure, comme s’il n’y avait pas de lendemain? Nous croyons fermement que les entreprises qui n’osent pas revoir leurs pratiques pour un modèle plus sain fonceront inévitablement dans un mur, dans une échelle de temps plus ou moins longue. Il faut trouver d’autres entreprises prêtes à s’allier avec nous pour dicter un nouveau rythme. Des entreprises qui accepteront de travailler de manière différente, de prendre le temps nécessaire pour avoir une approche plus stratégique et faire de meilleurs choix. C'est dans ces milieux que nous verrons apparaître plus d’innovation, de créativité et surtout, des employés motivés et engagés.

Ressources :

https://desaison.ca/

https://adamgrant.net/

diversity_3Organisation(s) reliée(s)

padding Carnet(s) relié(s)

file_copy 53 notes
Boîte à outils : Développement professionnel, résolution de conflits et...
file_copy 53 notes
person
Intégré par Benjamin J. Allard, le 6 septembre 2023 22:19
category
Gestion horizontale et gouvernance, Ressources en santé mentale (Climat de travail toxique), Se comprendre, Pleins d'idées (Boites à outils, livres et blogue)
file_copy 22 notes
SMET-CN - Ressources
file_copy 22 notes
person
Intégré par Valérie Savoie, le 5 septembre 2023 10:37

Auteur·trice(s) de note

forumContacter l’auteur·trice

Communauté liée

Santé/mieux-être au travail en Côte-Nord

Communauté Passerelles

Profil En commun

forumDiscuter de la note

Publication

5 septembre 2023

Modification

18 septembre 2023 18:27

Historique des modifications

Visibilité

lock_open public