Comment résoudre des problèmes d'isolation déficiente ?

Cette note est une composante du guide de rénovation lancée en 2007 par la Table des partenaires du développement social de Lanaudière, afin d'améliorer les conditions d'habitation des personnes à faible revenu aux prises avec des problèmes d'humidité et de moisissure.

Huit solutions pour isoler convenablement les différents types d'espaces

 

1. Isoler un vide sanitaire non chauffé ou un plancher en porte-à-faux

💡 Solutions proposées

  • Placer un pare-vapeur contre la face supérieure et du côté chaud de l’isolant. Normalement, on le pose sur le support de revêtement du plancher de la pièce au-dessus, car il est plutôt difficile de le poser sous le plancher en essayant de contourner les solives.

  • Pour empêcher l’air extérieur de s’infiltrer, calfeutrer les joints et ouvertures vers l’extérieur et ajuster l’isolant thermique contre toute la surface des solives de rive et de bordure et/ou couvrir leur surface extérieure d’un pare-air (pas de polythène).

  • Ajuster un isolant en natte R31 par friction entre les solives de plancher du vide sanitaire ou du porte-à-faux. Ne pas compresser l’isolant.

Vous pouvez combiner l’isolant en nattes et les panneaux rigides pour une meilleure valeur RSI.

  • Pour supporter l’isolant vous pouvez clouer sur les solives un treillis métallique, des soffites, de la broche à poules ou un matériau massif en autant qu’il soit perméable, afin de laisser échapper la vapeur d’eau qui pourrait traverser le pare-vapeur.
  • Si vous préférez isoler uniquement avec des panneaux isolants rigides (styromousse) :
  • Clouez les panneaux au-dessous des solives de plancher et sceller les joints avec du ruban adhésif.

Vous pouvez également isoler avec un isolant en mousse d’uréthane en autant qu’il ne se fera pas mouiller et que le vide sanitaire n’est pas humide. Faites pulvériser de l’isolant en mousse sur les murs et le plafond du vide sanitaire par un professionnel. Recouvrir d’un pare-feu.

📌 Recommandations

  • Aucun pare-vapeur n’est requis si on utilise un contreplaqué à joints serrés ou obturés.
  • L’isolant en natte ne doit pas être en contact avec le béton. Couvrir de papier noir, la surface du béton qui sera en contact avec l’isolant, pour éviter la formation de moisissures.
  • Un vide sanitaire chauffé est préférable à un vide non chauffé.
  • Il faut ventiler à l’année un vide sanitaire non-chauffé.
  • La solution recommandée pour les vides sanitaires est d’isoler les murs avec des panneaux rigides de styromousse, plutôt que le plancher et de chauffer la cave (voir isoler un vide sanitaire chauffé).
  • L’uréthane a été conçu pour les surfaces en acier et en béton. Il est déconseillé sur les surfaces en bois car l’uréthane n’est pas imperméable à l’eau. Lorsqu’il est humide il peut faire pourrir le bois.

 

2. Isoler un vide sanitaire chauffé

💡 Solutions proposées

Les murs de fondation séparant le sous-sol ou le vide sanitaire chauffé de l’extérieur doivent être isolés sur leur face intérieure jusqu’à au moins 24 po sous le niveau du sol tout en empêchant l’humidité de monter du sol.

  1. Calfeutrer les joints des solives de bordure et de rive.
  2. Couvrir de papier noir la surface du béton qui sera en contact avec l’isolant thermique.
  3. Isoler les solives de bordure et de rive avec de l’isolant en nattes R31.
  4. Coller les panneaux rigides de polystyrène extrudé (styromousse), de polyuréthane ou de fibre de verre sur la surface du mur de béton jusqu’au plancher en haut.
  5. Recouvrir d’un pare-vapeur du côté chauffé de l’isolant et sceller les joints avec du ruban adhésif.

📌 Recommandations

  • Appliquer l’adhésif en bandes grillagées sur toute la surface des panneaux pour éviter la prolifération de moisissures dans les poches d’air.
  • Vous pouvez aussi faire pulvériser de l’isolant en mousse d’uréthane sur les murs de béton (avec protection contre le feu) par un spécialiste. Éviter cette procédure si l’endroit n’est pas à l’abri de l’eau et de l’humidité excessive. Ne pas appliquer sur les solives en bois.

 

3. Isoler les murs du sous-sol de l'intérieur

Au-delà de 30% de la chaleur d’une maison se perd par le sous-sol car le béton est un piètre isolant. Les murs de fondation enfermant un espace chauffé doivent être isolés sur leur pleine hauteur.

💡 Solutions proposées

(Voir procédure précédente pour isoler le mur de béton).

  • Pour plus de confort dans les sous-sols habités, il est préférable de poser une deuxième couche d’isolant.
  • En combinant les panneaux rigides de valeur R10 avec des nattes R12, on obtient alors une valeur R22.

Nattes isolantes (laine minérale) :

  1. Monter une structure en 2X4 ou 2X3 aux 16 pouces appuyée sur les panneaux rigides de styromousse.
  2. Déposez les nattes ou matelas isolants (R12) entre les poteaux.
  3. Panneaux rigides de styromousse (polystyrène expansé ou extrudé) :
  4. On peut soit fixer la deuxième couche d’isolant rigide sur ou entre la structure de bois.
  5. Installer des fourrures
  6. Couvrir d’un pare-vapeur.
  7. Recouvrir d’un matériau de finition résistant au feu.

    ⛔ Éviter le gypse dans les sous-sols (matériel propice aux moisissures)

📌 Recommandations

  • Les murs isolés partiellement ou médiocrement peuvent augmenter le risque de dommages dus au gel/dégel dans les murs.
  • Les fourrures de l’ossature peuvent se poser à la verticale ou à l’horizontal. À l’horizontal, elles facilitent l’installation des canalisations de plomberie et d’électricité.
  • En isolant le mur intérieur, le mur extérieur est forcément plus froid. La vapeur d’eau qui s’échappe de l’intérieur ne doit donc pas rejoindre la cavité isolée entre le pare-vapeur et la membrane imperméabilisante.
  • Comme la laine minérale ne doit pas être en contact avec le béton. Il faut éloigner les éléments d’ossature à 3 ½ pouces du mur ou utiliser un isolant rigide comme intercalaire tel que le styromousse.
  • Si on utilise une membrane d’étanchéité en polyéthylène, on doit l’utiliser uniquement sous le niveau du sol pour que l’humidité qui aurait pu s’infiltrer dans le mur puisse s’échapper.
  • Il est recommandé de laisser un espace d’environ 2 pieds entre l’isolant en natte et le sol comme mesure préventive lors d’inondation.

 

4. Isoler les murs du sous-sol de l'extérieur

💡 Solutions proposées

Si vous faites des travaux d’excavation autour de la fondation vous pouvez poser un isolant rigide (polystyrène, fibre de verre ou polyuréthane) à partir de l’extérieur; ce qui est préférable.

  1. Appliquer un enduit bitumineux ou une membrane hydrofuge sur la paroi extérieure du mur de fondation jusqu’au niveau du sol (voir imperméabiliser les fondations).
  2. S’assurer que l’isolant est coté pour usage souterrain et que le drain fonctionne.
  3. Coller des panneaux rigides ou semi-rigides en polystyrène extrudé (styromousse), en fibre de verre ou en polyuréthane jusqu’au niveau du sol.
  4. Les installer en sections constantes, sans joints horizontaux (au moins 2 pouces d’épaisseur) sur l’enduit hydrofuge.
  5. Fixer un ruban adhésif sur les joints pour rendre la surface étanche.
  6. Pour la partie hors sol, protéger l’isolant avec un crépis de ciment.
  7. Fixer un solin sur le haut des panneaux et derrière le recouvrement extérieur afin d’éviter que l’eau s’infiltre en arrière.

📌 Recommandations

  • Pour plus de confort, prolonger l‘isolant extérieur jusqu’à la solive de rive, endroit où la structure du plancher repose sur la fondation (voir l’image chapitre 4). Mais il faut alors protéger la partie supérieure de l’isolant avec un solin ou un autre matériau pour empêcher l’eau de pénétrer. Il faut aussi recouvrir l’isolant d’une couche de crépis de ½ po appliquée sur un lattis métallique, un contreplaqué en bois traité ou des pièces de parement.

⛔ Ne pas recouvrir l’extérieur de la solive de rive ou de bordure avec du polyéthylène.

 

5. Isoler le plancher d'un sous-sol

Afin de réduire l’humidité qui se forme sous le plancher d’un sous-sol fini.

💡 Solutions proposées

  1. Éliminer les problèmes d’humidité et les matériaux contaminés.
  2. Construire une nouvelle structure de plancher qui comprend un pare- vapeur et de l’isolant :
  • Mettre des feuilles de polythène ou une membrane « thermo- foil » double bulles sur le sol de béton. Les faire chevaucher et les sceller avec du ruban adhésif.
  • Coucher des traverses de bois 2X4.
  • Poser les panneaux rigides de styromousse entre les traverses.
  • Couvrir de feuilles de contreplaqué.

📌 Recommandations

  • Comme la dalle de béton du plancher se situe normalement sous le niveau du gel et qu’elle est généralement protégée de l’humidité par une feuille de polythène, il n’est pas nécessaire de construire un plancher. On peut couvrir le plancher de béton avec un prélart velcro par exemple.
  • Toujours bien ventiler et déshumidifier les sous-sols.
  • Éviter les planchers flottants dans les endroits humides.

 

6. Isoler les murs extérieurs de la maison

La condensation dans les murs est généralement causée par une isolation déficiente ainsi qu’une étanchéité et une ventilation inadéquates.

💡 Solutions proposées

L’enveloppe du bâtiment sert à prévenir la condensation. Elle devrait comprendre une couche d’isolant, un pare-vapeur et un pare-air.

Isolation suffisante pour empêcher la chaleur de sortir de la maison :

  • Pour la partie Nord de Lanaudière il est recommandé d’utiliser une valeur minimale d’isolation R 20 pour les murs, R 31 pour les greniers et les planchers.
  • En rajoutant un isolant rigide (styromousse) sur la surface intérieure des poteaux, on réduit au minimum les ponts thermiques.

- Pare-air efficace destiné à sceller l’ensemble des fentes de la structure (murs, plancher et toit) de façon à empêcher l’air extérieur de s’infiltrer ou l’air intérieur de sortir.

- Pare-vapeur continu sur les parois intérieures (du côté chaleur) pour empêcher l’humidité intérieure de pénétrer dans la structure du bâtiment.

Pour assurer l’étanchéité, on doit fermer toutes les ouvertures dans l’enveloppe du bâtiment :

  1. Boucher ces ouvertures avec un scellant acoustique ou un isolant en mousse d’uréthane. Par exemple sceller les prises de courant et l’arrière des plinthes, les jonctions de murs et de toit, autour des sorties de fils électriques, de tuyau de ventilation et derrière les luminaires.
  2. Recouvrir les joints des panneaux isolants de ruban ou d’un produit d’étanchéité pour former une barrière continue et prévenir les fuites d’air.

📌 Recommandations

  • Recouvrir d’isolant les conduits d’air chaud qui traversent les endroits non-chauffés (par exemple un grenier ou un vide sanitaire) ou les conduits d’air froid qui traversent les endroits chauffés.
  • L’étanchéité à l’air peut même être un meilleur investissement que l’augmentation de l’isolation.
  • Les fuites d’air chaud et humide provenant de l’intérieur sont plus nuisibles que l’entrée d’air de l’extérieur parce qu’il apporte de l’humidité dans les vides de murs et de l’entre-toit.
  • Une couche de matériau comme des feuilles de polyéthylène posées du côté chaud de l’isolant, se chevauchant aux extrémités et scellés à l’aide d’un produit d’étanchéité acoustique sert à la fois de pare-air et de pare-vapeur.

⚠️ Attention : Ne jamais mettre ces feuilles de polyéthylène comme pare-air à l’extérieur des murs du côté froid. Ceci empêcherait l’humidité de sortir et provoquerait de la condensation dans les murs et des moisissures.

⛔ Ne pas recouvrir une ancienne finition extérieure qui n’aurait pas de jeu d’air (par exemple du papier brique installé directement sur le mur sans fourrure).

 

7. Isoler le grenier/vide sous toit

La formule magique ici est de bien sceller toutes les fuites d’air, d’isoler à fond.

💡 Solutions proposées

Pour isoler l’entre-toit :

    1. Fixer des matelas isolants (laine minérale) entre les chevrons ou fermes de toit (R31) ou ajouter des matelas isolants ou de l’isolant en vrac (cellulose) par-dessus l’isolant déjà en place afin d’obtenir la valeur RSI souhaitée
    2. Pour empêcher la formation d’un pont thermique, recouvrir le dessus des chevrons avec des rangées d’isolant en matelas, ou des panneaux rigides (par-dessus l’isolant en place et perpendiculairement à ce dernier).
    3. Installer une plaque d’arrêt destinée à maintenir l’isolant à 50mm (2 po) des cheminées.Ou souffler de l’isolant en vrac (cellulose) dans l’entre-toit. Installer d’abord des déflecteurs (« styrovent »).
    4. Toujours laisser un espace minimum de 3 ½ pouces comme jeu d’air au-dessus de l’isolant, surtout près des débords de toit, pour permettre l’aération et éviter la formation de moisissures.

📌 Recommandations

  • Les soffites ne doivent pas être bloqués par l’ajout d’isolant. Il pourrait être nécessaire de poser des déflecteurs près des débords de toit.
  • Le pare-vapeur mis en place au plafond doit être bien étanche afin que l’air chaud et humide de la maison n’atteigne pas l’entre-toit, où c’est plus froid, et ne puisse causer de la condensation en hiver. Vérifier les fuites d’air à la hauteur des plafonniers, de la partie supérieure des murs intérieurs et des ouvertures de passage comme les colonnes de ventilation.
  • La trappe d’accès au comble doit être pourvue de coupe-froid.

 

8. Isoler un toit cathédrale ou à faible pente (sans entre-toit)

Les structures possédant peu ou pas d’entre-toit sont plus difficiles à bien ventiler. Il est souvent nécessaire de souffler (surélever) le recouvrement de toit pour assurer la circulation d’air nécessaire.

💡 Solutions proposées

Par l’intérieur :

  • Avec des matelas isolants :
  1. Fixer les matelas minces ou nattes entre les solives (R12) pour assurer un dégagement suffisant au-dessus de l’isolant (2 ½ po).
  2. Les vides entre les solives doivent communiquer entre eux pour permettre la libre circulation d’air ou du moins communiquer à des soffites aux deux extrémités.
  • Avec des panneaux rigides :

Pour augmenter la valeur thermique, on peut installer des panneaux rigides de styromousse ou plus minces de type Énermax ou Thermax sur l’intérieur des solives du plafond de la pièce située au-dessous.

Par l’extérieur :

  1. Enlever le recouvrement du toit jusqu’au support de couverture (chevrons de toit ou ferme de toit).
  2. Construire une structure en 2X3 pour créer un vide d’air ouvert sur les soffites et le ventilateur.
  3. Si l’isolation est déficiente, ajouter de l’isolant en matelas ou en vrac mais s’assurer d’un dégagement suffisant au dessus de l’isolant (2 ½ po.).
  4. Installer un ventilateur selon le type de toit. Pour un toit cathédrale, le ventilateur s’installe sur toute la longueur du faîte du toit, assurant ainsi une ventilation efficace entre chaque solive de la toiture.
  5. Couvrir de contreplaqué.
  6. Refaire le recouvrement du toit.

Enlevez le revêtement de couverture, scellez et remplissez les cavités avec l’isolant puis soufflez (surélevez) le toit et remplacez le matériau de couverture. Parfois on peut ajouter de l’isolant au plafond par l’intérieur, quoique cette façon ne corrigera pas les problèmes de fuites d’air.

📌 Recommandations

  • Il est habituellement nécessaire d’installer des déflecteurs (petites barrières de plastique ou de carton) au bord de l’entre-toit afin d’empêcher l’isolant de bloquer les orifices de ventilation, car bien des vides sous toit n’offrent pas assez d’espace pour assurer une bonne isolation sur le pourtour des murs. Si l’isolant près des soffites requiert un déflecteur pour éviter que le support de couverture n’obture les orifices de ventilation, on ne disposera souvent que de 100 mm (4 pouces) d’espace pour l’isolation. L’isolant en vrac (cellulose) projeté est idéal car il scelle en plus d’isoler.
  • Des morceaux de polystyrène extrudé (styromousse) peuvent aussi être utiles. Montez un morceau de polystyrène extrudé à 25mm (1 pouce) du support de couverture afin de maintenir un espace pour l’air de ventilation et remplissez l’espace entre ce panneau et le plancher du vide sous toit avec un bon isolant.
  • S’assurer de suivre les directives du fabriquant. Un ventilateur mal installé peut être une cause de condensation et de formation de barrière de glace.

 

👉 Pour obtenir davantage de détails et accéder à des illustrations techniques, téléchargez le guide intégral au bas de la note d'introduction. 

note Note(s) liée(s)

paddingCarnet qui inclue cette note

Guide de rénovation et d'entretien à faible coût pour les problèmes d'humidité
file_copy 6 notes
person
Intégré par Eve Chevalier, le 24 février 2025 12:21

Auteur·trice(s) de note

forumContacter les auteur·trice(s)

forumDiscuter de la note

Localisation

Lanaudière, QC, Canada

Publication

24 février 2025

Modification

24 février 2025 12:38

Historique des modifications

Licence

Attention : une partie ou l’ensemble de ce contenu pourrait ne pas être la propriété de la, du ou des auteur·trices de la note. Au besoin, informez-vous sur les conditions de réutilisation.

Visibilité

lock_open public

Pour citer cette note

Véronique Larose, Emily Mack, Joël Nadeau, Anne-Sophie Thomas, Gédéon Verreault. (2025). Comment résoudre des problèmes d'isolation déficiente ?. Praxis (consulté le 29 avril 2025), https://praxis.encommun.io/n/asn50da7ucWzvsY8CQ57iKe0ahM/.

shareCopier