Récolte lors de l'activité «La Faculté de l'ignorance: explorer les côtés sombres de la connaissance pour une meilleure intelligence collective»

Crédit: Isadora Ayesha

Cette note collige les savoirs qui ont été récoltés lors de l'activité La Faculté de l'ignorance: explorer les côtés sombres de la connaissance pour une meilleure intelligence collective, qui s'est déroulée lors de la Journée des savoirs ouverts 2024.

Résumé de l’activité

Cette conversation animée par Jonathan Lapalme a permis de réfléchir collectivement sur le concept de l'ignorance considéré ici comme une capacité à ne pas savoir et sur la forte tension qui pèse sur ce concept qu’il faut déconstruire. L'ignorance y est abordée non pas comme un manque, mais comme un potentiel permettant d’ouvrir des dialogues plus riches et plus nuancés, favorisant ainsi une meilleure intelligence collective.

Pourquoi l’ignorance?

L’ignorance est souvent perçue de manière négative, associée à un manque de connaissance ou de compétence. Toutefois, Jonathan Lapalma propose de reconsidérer ce concept en mettant en lumière la pression sociale et le stress liés à la nécessité de « savoir » en permanence. Admettre notre ignorance requiert de l’humilité et une forme de sagesse essentielles pour créer des échanges authentiques.

Différentes formes d’ignorance

Inspiré par le livre The Way of Ignorance de Wendell Berry, Jonathan a présenté diverses catégories d'ignorance :

  • Ignorance profitable : la production délibérée de l’ignorance pour des gains, comme l'industrie du tabac qui a semé le doute sur les dangers du tabac.
  • Ignorance pro-pouvoir : utilisée pour garder des informations secrètes, notamment en contexte militaire.
  • Ignorance matérialiste : refuser volontairement de reconnaître ce qui ne peut être prouvé empiriquement, négliger les dimensions spirituelles ou les savoirs traditionnels.
  • Ignorance morale : lorsque des perspectives opposées sont délibérément ignorées.
  • Ignorance craintive : éviter d'affronter des vérités inconfortables ou manquer de courage pour croire et accepter des connaissances impopulaires, désagréables ou tragiques.
  • Ignorance structurelle : l’incapacité des organisations à intégrer des savoirs nouveaux, comme Kodak face à la photographie numérique.
  • Ignorance confiante : la certitude trompeuse que l'on sait tout, comme si on possédait une « boule de cristal ».

Échanges et questions sur l’ignorance

La période d’échange a permis aux participant·es de poser des questions souvent philosophiques et introspectives :

  • Comment l’humain fonctionnerait-il s’il savait tout?
  • Pourquoi n’apprenons-nous pas des erreurs du passé?
  • Comment ne pas devenir cynique?
  • Comment transmettre l’émerveillement?
  • Comment peut-on prétendre à l’objectivité?

Ces questions reflètent le caractère ouvert de l’atelier, qui a suscité la réflexion plutôt que d’offrir des réponses précises, valorisant ainsi l’incertitude et l’exploration.

L’ignorance comme moteur de dialogue et d’empathie

Jonathan a proposé d'aborder l’ignorance comme une façon de  favoriser le dialogue. Reconnaître ce que l’on ignore permet d’adopter une posture d’écoute et d’ouverture. Toutefois, il a également souligné que certaines batailles doivent être choisies : face à ceux et celles qui restent campé·es sur leurs positions, le dialogue peut se limiter. Ce concept met également en lumière que l'ignorance peut parfois être un privilège, servant les intérêts de ceux et celles qui choisissent de rester dans le statu quo.

L'importance de reconnaître ses limites de savoir

Les participant·es ont discuté de la valeur d’admettre leurs propres zones d’ignorance comme un signe de force, et de la possibilité de cohabiter avec divers systèmes de connaissance. Cette reconnaissance permettrait de transcender les rapports de pouvoir souvent associés au savoir, et de cultiver une intelligence collective plus inclusive.

Conclusion : embrasser l’ignorance pour une intelligence collective

Cette conversation a permis de reconsidérer l'ignorance comme un élément constructif, capable de rapprocher les gens en acceptant les incertitudes et en reconnaissant les limites du savoir. Embrasser l’ignorance pourrait ouvrir la voie à une intelligence collective plus ouverte et plus ancrée dans l’écoute et l’empathie, tout en dépassant le paradigme de performance et de certitude qui domine souvent le savoir académique et professionnel.

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Intégré par Rémi Proteau, le 18 octobre 2024 11:23

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Publication

18 octobre 2024

Modification

21 novembre 2024 08:37

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Pour citer cette note

Frédérique Dubé. (2024). Récolte lors de l'activité «La Faculté de l'ignorance: explorer les côtés sombres de la connaissance pour une meilleure intelligence collective». Praxis (consulté le 15 juillet 2025), https://praxis.encommun.io/n/d_2gKMEhksyStD00SvFg2UEtcco/.

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