JDSO 2023 - Récit et réflexions suite à la Journée des savoirs ouverts 2023

Cette note est un témoignage de Yann Pezzini réalisé suite à sa participation à la Journée des savoirs ouverts 2023. Pour voir l'ensemble des témoignages, accédez au carnet Témoignages des participant·es à la Journée des savoirs ouverts 2023.

Quel plaisir d'entrer, au début de l'hiver, dans une salle bouillonnante de rencontres et de curiosités! La joie de retrouver des visages familiers et complices, la joie aussi de ne pas connaitre l'autre moitié de la salle : de réaliser que cet évènement transcendent les domaines, les disciplines et les intérêts. Nous sommes une diversité de personnes engagées pour le bien commun, chacun à notre façon, mais avec une croyance partagée que l'on gagnerait à "libérer les savoirs". La salle est pleine. À l'évidence, cette perspective nous anime et nous rassemble : que ce soit pour des raisons pratiques, professionnelles, éthiques, politiques...

À travers mes échanges, je constate que certaines personnes sont attirées par les savoirs en eux-mêmes (le dévoilement ou le transfert de certains savoirs qui seraient utiles) ; d'autres sont plutôt animées par la logique collaborative de mise en commun (dans ce cas-ci, ce sont des savoirs pluriels que l’on met en commun, comme ça pourrait être autre chose), avec une primauté de l’intérêt général sur l’intérêt privé ; d’autres encore sont plutôt animées par l’espace numérique qui se crée (éthique, hors-GAFAM, spécialement conçue pour nos besoins). Et il y avait peut-être autant de raisons que de personnes présentes dans la salle.

Dans mes premières discussions, plusieurs personnes me demande quel “chapeau” je porte aujourd’hui ; qui m’amène à être ici. Je réalise que je suis ici avec beaucoup de chapeaux et aucun à la fois : j’étais là surtout pour écouter, me laisser porter, connecter avec les gens en personne. (Aussi, je m’implique dans Projet collectif et ça me tient à coeur d’être présent dans les moments clés du projet, de célébrer les accomplissements de l’équipe).

J’ai beaucoup apprécié que la journée soit (du début à la fin) teintée d’humour et d’auto-dérision, rendant aussi le thème des “savoirs” moins sérieux et importants. La posture et le langage adopté par les intervenant.e.s étaient aussi empreints d’humilité et de doutes, à contre-pied des présentations cherchant à projeter de l’expertise et/ou des arguments d’autorité.

Au cours des différents panels, j’apprends sur l’histoire des universités populaires en France et au Brésil ; sur les différentes nuances et tendances dans les savoirs ouverts ; et enfin sur les démarches de démocratisation des savoirs pour la transition socio-écologique. (On se fait la remarque que tous ces termes là sont déjà des termes “nichés” : ils sont évocateurs seulement pour les personnes qui gravitent dans ces milieux).

À travers ces riches interventions, je distingue deux volontés sous-jacentes :

• Rendre accessibles des savoirs utiles pour l’action et/ou l’émancipation
• Faire de la place aux savoirs marginalisés par les institutions dominantes (et aux visions du monde qui les accompagnent)

Ces deux points me semblent aussi importants l’un que l’autre. Une question me taraude, cependant, lorsque l’on évoque le lien entre le savoir et l’action, particulièrement pour réaliser la transition socio-écologique. Est-ce vraiment un “déficit” de savoir qui empêche l’action ou la mobilisation ? Des pensées émergent :

• N’avons-nous pas surtout besoin d’espace-temps pour délibérer ensemble ? Pour se comprendre derrière les mots que l’on utilise ?
• N’avons-nous pas surtout besoin de faire l’expérience des choses ? (Faire l’expérience de la démocratie, faire l’expérience de nouvelles façons d’être et d’agir, d’une nouvelle façon d’habiter le monde ensemble…)

Toutes ces réflexions s’entremêlent et continuent leurs chemins dans les conversations informelles. Au final, je ressors sûrement avec plus de questions que de réponses, mais je crois que c’est normal : peut-être que les savoirs ouverts n’ont simplement pas la prétention de donner de réponses faciles ou définitives :)

En fin de journée, l’humour et le lien social nous ramènent dans nos corps et dans la gratitude d’être ensemble, à prôner une vision plus collective du monde.