Les liens au travail, un super pouvoir!

Notre communauté de pratique SMET en Côte-Nord était réunie le 20 novembre dernier pour discuter des liens au travail. Renée Ouimet, du Mouvement santé mentale Québec était invitée pour attirer notre attention sur ce sujet qui nous concerne tous.tes.

Beaucoup de milieux de travail sont affectés par les problèmes de santé mentale. Évidemment, plusieurs aspects sont à considérer pour atténuer la situation, mais un reste essentiel : il est nécessaire de créer des liens sociaux au travail. 

Chacun a besoin de soutien informationnel (guide d'employé, rencontres d'équipe, description de poste, etc.), psychologique/émotionnelle (PAE, disponibilité des collègues, mentor, porte ouverte, etc.) et technique/instrumental (support TI, plan de développement, etc.), et ce soutien, comme un filet de sécurité, ne peut se mettre en place que par la création de liens.

La présentation de Renée, a généré plusieurs réflexions intéressantes pour notre communauté. Nous constatons qu'il n'est pas toujours facile de créer des liens profonds avec ses collègues. Voici quelques défis auxquels nous faisons face:

Briser les silos

Certaines entreprises travaillent en silo, ce qui amène éventuellement à une perte de sens pour les employés, qui ne voient pas l'impact de leurs actions, ou la trajectoire de l'entreprise. Il est important de travailler à défaire ces silos, et de se rappeler pourquoi nous travaillons ensemble. Même si cela demande du temps, il est nécessaire de garder l'espace pour se partager l'information sur les sujets reliés au travail, et pour apprendre à mieux se connaître.

Faire place à l'informel (et au plaisir au travail)

Travailler avec ses collègues peut se faire de façon très intellectuelle, si on n'ouvre pas la porte aux discussions plus informelles. C'est peut-être plus rapide ainsi, mais certainement moins agréable. Les discussions informelles ont avantage à être acceptées, et même valorisées dans le milieu de travail. Un gestionnaire qui est enclin a parler de sa vie personnelle au travail dévoile une partie de sa vulnérabilité et offre la chance à son équipe d'en faire tout autant, ce qui aide à créer des liens forts et authentiques. Certains ont malheureusement perdu la compétence de socialiser et de prendre soin de l'autre. Il est important de reconnecter avec ces capacités, que ce soit en mettant notre cellulaire de côté lors des pauses en équipe, d'aller prendre des marches en équipe, de prendre le temps de faire des activités ensemble ou d'avoir simplement des discussions plus personnelles. Il peut aussi être intéressant d'utiliser le jeu pour apprendre à se connaître.¹ Être disponible pour les autres et réapprendre à s'amuser au travail (peut-être même ajouter une touche d'humour) peut réellement transformer le climat de travail.

Apprivoiser la différence

Nos collègues, on ne les a pas choisit. Certains auront des visions, tempérament, valeurs ou personnalité qui seront plus éloignés des nôtres. Bien que ça ne soit pas facile, apprendre à créer des liens de façon respectueuse et bienveillante avec ceux-ci peut-être un source de transformation, d'apprentissage, de développement de soi, en plus de promouvoir la sincérité. Il faut se laisser la chance de s'intéresser réellement à la personne devant nous pour découvrir qui elle est. On constate qu'il est difficile d'inclure dans l'équipe les personnes introverties, plus froides, moins sociables ou parlant une langue différente de la nôtre! Certaines personnes ont aussi moins d'intérêt à développer un cercle social au travail et sont plus solitaires. Par contre, nous croyons qu'il est important de continuer à leur ouvrir la porte, de proposer des invitations, inclure, mais respecter. La participation aux activités doit toujours rester volontaire, surtout si elles ont lieu hors des heures de travail. Rien n'empêche que les liens positifs plus subtils peuvent s'immicer à travers les collaborations au travail, sans devoir exiger de participation à des activités quelquonques. Sur une note plus positive, il arrive que de nouveaux employés se joignent à une équipe, et apportent un nouveau souffle, une nouvelle énergie qui peut venir changer la dynamique du groupe et faciliter les liens.

Ralentir (ou changer sa perception de sa charge de travail)

Tout va tellement vite au travail, qu'on en oublie parfois l'essentiel. Aucun lien ne peut se créer si on ne prend pas le temps. On se sent tellement débordé.e qu'on omet même parfois de regarder les personnes lorsqu'elles nous interpellent, ou de saluer nos collègues le matin. La perception que nous avons de notre charge de travail peut générer beaucoup d'anxiété. Notre cerveau devient pris au piège par l'urgence. Accompagner son équipe de travail (individuellement ou en équipe), afin de mieux prioriser ses tâches, d'abaisser les attentes, de revoir la planification pour revoir ensemble ce qui est important et ce qui l'est moins peut faire une énorme différence. Cela peut permettre, enfin, de terminer sa journée avec un sentiment d'accomplissement (plutôt que de débordement). Également, cette priorisation peut nous aider à se concentrer sur une seule tâche à la fois, ce qui est souvent, beaucoup moins stressant et plus productif. Et le temps que nous prenons pour créer des liens avec nos collègues, même si on ne discute pas boulot, ne sera jamais une perte de temps.

Retirer rapidement les cailloux dans ses souliers

Plus on attend, plus les problèmes grossissent. Faire preuve de courage et en parler rapidement lorsqu'une situation nous incommode peut éviter de créer des monstres avec des problèmes qui pourraient être facilement réglés.

En faire une affaire d'équipe

Favoriser les liens, la reconnaissance et la cohésion d'équipe, ça ne peut pas toujours reposer sur les mêmes personnes (ex: gestionnaires). Celles-ci peuvent bien sûr être valorisées, mais il faut y travailler tous ensemble, pour impliquer tout le monde, développer un langage commun, une philosophie d'entreprise. Certaines personnes de l'équipe peuvent avoir des rôles qui leur sont attribués pour pouvoir y contribuer. Cela vaut autant pour l'employé qui part prochainement vers la retraite (qui peuvent se sentir saturé des relations), que pour les nouveaux employés (qui doivent être bien intégré dans l'équipe, et qui ont besoin de développer un sentiment de sécurité au sein de celle-ci²). L'affiliation (sentir que l'on fait parti d'un groupe), est un besoin psychlogique fondamental et la sollitude est un facteur de risque de la maladie mentale. Ce sentiment de sollitude est encore plus grand si on fait parti d'un groupe auquel on n'est pas (ou mal) intégré. C'est d'autant plus difficile à combattre lorsque l'on a beaucoup de roulement de personnel. Rassembler son équipe en personne sur une base régulière, même lorsque l'on est éloignés sur le territoire, reste une bonne stratégie.

Présentation de Renée:

pdf Créé des liens

¹ Par exemple, lancer une discussion d'équipe autour de la question : "Que ferais-tu si tu gagnais 1M ?"

² Lorsque l'on ne sent pas en sécurité dans notre équipe, on a tendance à ne pas partager nos erreurs, qui sont, en fait, de belles opportunité d'avancer ensemble.

Quelques pistes de réflexion:

Que faites-vous au travail pour favoriser la sécurité psychologique?

Mettez-vous le temps nécessaire à la création des liens?

Sentez-vous que vous avez un filet de sécurité au travail?

Que pouvez-vous faire pour créer plus de liens au travail?

Pour aller plus loin:

L'histoire du village de Roseto

Centre d'étude sur le stress humain