Cette note est une composante du Rapport sur les impacts de la pandémie sur les organismes communautaires et le développement social de la région des Laurentides, effectué en 2020 par le CRDSL.

🙍Impacts sur les bénévoles
Préoccupations des bénévoles :
- Les craintes pour sa propre santé ou celle de leurs proches (76,7%) Le manque de relation avec les pairs (60%)
- L’augmentation de la charge mentale (36,7%)
- La détresse psychologique (ex. : dépression, anxiété, absentéisme, etc.) (36,7%)
- L’augmentation du temps d'implication bénévole (32,2%)
- Le télétravail (13,3%)
- La conciliation travail-famille (4,4%)
D’autres préoccupations ont été nommées telles que le manque de bénévoles, la difficulté à assurer leur sécurité et à faire respecter les consignes sanitaires, le sentiment d’isolement, le découragement et la démobilisation, le recrutement de nouveaux bénévoles, la difficulté à utiliser les nouvelles technologies.
36% des répondant·es affirment avoir résolu ces préoccupations à l’heure actuelle alors que 64% des répondant·es affirment ne pas les avoir résolues.
72,1% des répondant·es affirment que la pandémie a eu un impact sur l’implication, la disponibilité ou le recrutement des bénévoles de leur organisme.
Parmi les moyens utilisés pour pallier à ce problème on retrouve :
- l’utilisation de plateformes de recrutement et des réseaux sociaux;
- la réalisation des tâches habituellement faites par les bénévoles par des employées;
- la reconnaissance des bénévoles présents pour consolider leur implication;
- l’utilisation du réseau des partenaires, des tables de concertation, des municipalités et des médias afin de diffuser les offres de bénévolat;
- l’embauche de personnel supplémentaire à temps partiel la réduction des activités.

👥Les impacts au niveau des ressources humaines et des services
Préoccupations des organismes pour leurs employé·es :
- L’augmentation de la charge mentale (68,2%)
- La crainte pour sa propre santé ou celle de ses proches (61,8%) Le manque de relation avec les pairs (57,3%)
- Le télétravail (50,9%)
- L’augmentation de la charge de travail (45,5%)
- La détresse psychologique (ex. : dépression, anxiété, absentéisme, etc.) (43,6%) La conciliation travail-famille (36,4%)
- L’incertitude liée à l’emploi (26,4%)
D’autres préoccupations ont été nommées telles que l’isolement des employés en télétravail, le manque de motivation et la difficulté à regarder vers l'avant, les difficultés à répondre aux besoins grandissants de la population, le sentiment d'impuissance, la crainte de manquer d'effectifs en cas d'éclosion.
Un des enjeux rencontrés a été le départ massif d'employés en lien avec la PCU et la difficulté de recrutement en temps de pandémie afin d’être en mesure de maintenir l’offre de services.
Le tététravail
- 75,7% des organismes répondants ont été en mesure de mettre en place le télétravail.
- 68,5% des organismes répondants sont en mesure d’offrir des services via les télécommunications.
Ceux pour qui le télétravail n’a pas été envisageable sont essentiellement des organismes œuvrant dans le secteur de la sécurité alimentaire, leurs services se faisant par de la distribution de denrées ou de la livraison de repas. D’autres secteurs comme l’hébergement en situation de crise ne peuvent pas offrir de services à distance.
D’autres encore n’ont pas été en mesure de l’implanter par manque de ressources informatiques, manque d’accès à internet ou encore quand les activités proposées par l’organisme ne peuvent pas être adaptées de façon virtuelle (activités de stimulation, certaines activités de loisirs telles que la marche, répit…).
Les services
Parmi les organismes sondés, 59,5% ont été déclarés par un ministère comme services essentiels.
Parmi les organismes qui n’ont pas été déclarés comme essentiels (40,5%), nombreux sont ceux qui se sentent invalidés dans leur mission.
Au sein des organismes déclarés comme services essentiels, 59,5% ont déclaré que cette classification n’avait pas rajouté de pressions supplémentaires sur leur offre de service.
Parmi les 40,5% d’organismes qui ont déclaré avoir subi des pressions supplémentaires en lien avec le fait d’être déclarés services essentiels, les principales pressions subies sont les suivantes :
- la complexité d’adaptation et ajout de services;
- le risque omniprésent pour la santé pour les activités qui se font en présentiel;
- l’aménagement des locaux pour maintenir le service;
- l'épuisement de l'équipe et le manque de ressources financières pour ajouter du personnel de soutien;
- le sentiment d’obligation de présence pour supporter la clientèle au-delà du besoin de repos l’augmentation de la quantité des demandes;
- le temps investi dans les demandes de financement et dans les redditions de compte pour être en mesure de continuer à offrir des services;
- le respect des consignes sanitaires (désinfection des milieux de façon quotidienne, port du matériel de protection, normes à respecter…);
- le sentiment d’impuissance et de ne pas être en mesure de répondre adéquatement aux besoins de la clientèle;
- la gestion du stress des équipes et des bénéficiaires.
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Malgré plusieurs adaptations, les organismes mentionnent que le risque pour la santé et sécurité des employés et bénévoles est omniprésent. La clientèle desservie est de plus en plus dépressive, anxieuse et en détresse, ce qui amène une charge mentale et de travail pour les intervenants, l'ensemble du personnel et les bénévoles. L’assouplissement des mesures de travail et le soutien émotionnel des employés font partie des solutions apportées.
Le sentiment d’incertitude lié au contexte sanitaire et à la capacité individuelle de chaque personne à faire face à la situation complexifie le quotidien des organismes. De plus, l’augmentation de la charge de travail engendre un manque de temps pour adresser ces problématiques et les résoudre.
L’absence d'accès à internet et au matériel informatique reste un enjeu. Le sentiment d’épuisement professionnel est grandissant, d’autant plus que la situation se prolonge dans le temps.
Bien que l’utilisation de la plateforme ZOOM ait permis à une majorité d’organismes de continuer à offrir des services et tenir des rencontres d’équipe, ce genre d’activité ne remplace pas les contacts en personne et le sentiment d’isolement est un enjeu majeur qui fragilise le personnel.
Le changement de clientèle qui fréquentent les organismes
Une grande partie des personnes aînées qui fréquentaient les organismes communautaires pour briser l'isolement n’ont plus été en mesure de le faire. Également, les personnes plus à risque (ex: dépendance) ont diminué leur fréquentation ce qui les fragilise encore davantage.
Un constat ressort : les services offerts en ligne ne conviennent pas à tout le monde. L’intérêt est moindre que pour des activités en personne. De plus, le nombre de places disponibles pour les activités en personne étant limité, le nombre de participants est moindre et la clientèle a diminué.
Les comptoirs alimentaires accusent une forte augmentation de la demande, avec un nouveau type de clientèle, notamment les travailleurs dont les entreprises ont été fermées et qui se sont retrouvés sur la PCU. En effet, même si leurs revenus restent plus élevés que les autres usagers, ils ne couvrent plus leurs dépenses.
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Les populations les plus vulnérables sont directement impactées par les coûts liés aux consignes sanitaires à appliquer individuellement et ont d’autant plus de difficulté à joindre les deux bouts.
Évolutions des besoins
- L’isolement lié à la pandémie a engendré une importante augmentation de la détresse psychologique dans l’ensemble de la population qui nécessite donc davantage de soutien pour lequel les intervenants ne sont pas toujours formés. Les clientèles ont besoin d’être rassurées et les employé·es se trouvent parfois démunis face à ce type de situation. De plus, les usagers ont davantage besoin de se confier et d’être écoutés, car ils n’ont plus personne à qui parler à cause du confinement.
- Les besoins se font également plus nombreux qu’auparavant.
- Au niveau des familles, le besoin de soutien scolaire s’est accru avec la fermeture des écoles, car cela a engendré une perte de motivation et de persévérance chez les jeunes.
- Au niveau de l’emploi, il y a eu une augmentation des demandes en réorientation de carrière et de nombreuses demandes de formation.
- On a également enregistré une forte demande pour se procurer du matériel sanitaire (masques, désinfectant…).
- Une grande partie de la population, y compris les aînés, ont besoin de trouver de nouvelles façons de s'occuper et de socialiser, mais le besoin de pouvoir reprendre des activités normales et de retrouver le contact humain est criant.
- Les besoins sont souvent urgents, ce qui rajoute de la pression aux organismes.
Autres répercussions
- Le niveau d’agressivité et d’impatience a augmenté, ainsi que les difficultés d’ordre psychologiques telles que le stress, l’anxiété, la dépression, etc.
- Augmentation massive des demandes de services des proches aidants qui se sont retrouvés confinés avec la personne aidée sans plus avoir de répit ainsi que pour ceux qui ont été privés de visite des personnes hébergées (RPA, R.I, CHSLD).
- La pandémie a aussi modifié les modalités d’accueil au sein des organismes, car les usager·es ne peuvent plus s’y présenter sans prendre de rendez-vous, ce qui n’est pas facilitateur pour les clientèles plus à risque.
- Augmentation des personnes en recherche d’emploi, ainsi que des demandes de familles y compris celles qui proviennent de milieux plus aisés.
Impact positif : faire découvrir de nombreux organismes communautaires. Une grande majorité des gens ignoraient l’existence des services et le contexte les a incités à chercher de l’aide.
💰Les impacts financiers
Nous avons sondé les organismes afin de définir s’ils avaient des enjeux financiers pour maintenir leurs opérations pour cet automne (du 1er septembre 2020 au 31 mars 2021).
Parmi les sources de revenus affectées, on retrouve :
- 73,9% : l’autofinancement (annulation de campagne de financement ou de collecte de fonds, diminution de ventes de services, etc.)
- 45% : les dons
- 28,8% : les subventions (financement par projet, entente de service, ou autres programmes fédéraux, provinciaux ou municipaux)
- 25,2% : autres
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Parmi les personnes sondées, 55,9% affirment avoir des enjeux financiers alors que pour 44,1% des organismes répondants ce n’est pas une préoccupation.
Stratégies de maintien des services
- Recherche de fonds publics ou de subventions autres (65,8% des réponses)
- Réduction des activités (45,9% des réponses)
- Levées de fond spéciales (21,9% des réponses)
- Mise à pieds de certains membre du personnel et/ou réduction des heures salariées (18,9% des réponses)
- Fermeture temporaire de l'organisme (16,2% des réponses)
- Fermeture occasionnelles ou réduction des heures d'ouverture (14,4% des réponses)
D’autres stratégies ont été utilisées, par exemple le déménagement dans de nouveaux locaux moins coûteux, la réduction des dépenses, la priorisation des services notamment en consultant leur clientèle afin d’adapter leurs services aux besoins réels.
Plusieurs organismes ont également modifié leurs stratégies de financement en acceptant des dons à la place de pouvoir tenir une guignolée, en organisant des campagnes de financement sur le web ou encore en collectant des cannettes ou en faisant appel à la générosité de la population.
Cependant, des inquiétudes demeurent. La perte de certaines sources de revenus, notamment à cause de l’annulation de certaines activités d’autofinancement, n’a pas été compensée à ce jour et les organismes doivent dédoubler d’efforts pour trouver des solutions innovantes de levée de fonds. Néanmoins, malgré les différentes possibilités d’activités virtuelles et les campagnes de sollicitation, les dons se font plus rares et les principaux donateurs se font moins généreux. La recherche de subventions semble être une alternative, mais de nombreux organismes n’ont à ce jour pas encore trouvé de solution pour remédier à ce problème.

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