note Note générale

Café en trio : Habiter le territoire

Activité tenue le 23 janvier 2024, dans le cadre des Ateliers des savoirs partagés.

👉 Les Cafés ou Dîner en trio sont des moments d'échange et de partage, entre les partenaires des MRC de Bellechasse, de La Matapédia et de la Côte-de-Beaupré, dans un contexte plutôt informel. L’objectif étant de rester en contact et de renforcer nos liens, ces moments d’échange permettent de discuter et de réfléchir ensemble aux enjeux et sujets prioriser dans le cadre du plan d’action de la triade des MRC.

Introduction - Mise au jeu

Mise au jeu de René Lachapelle, chercheur engagé au sein des ASP, et de Chantale Lavoie, Préfète de la MRC de La Matapédia.

Selon René Lachapelle, le territoire est une réalité à trois dimensions :

1. Un espace géographique : l’aménagement du territoire est-il configuré et pensé en fonction des gens qui y vivent?

Proximité des services

Protection des milieux naturels, notamment le couvert d’arbres

Vulnérabilité aux incidents climatiques

Activités productives : entreprises économiques et protection de la biodiversité

etc.

2. Des réseaux sociaux et les solidarités : quelle est la situation sur les enjeux suivants?

Inégalités économiques et occupation du territoire : des collectivités dévitalisées, des quartiers avec une concentration de pauvreté

Les enjeux du logement : taux d’inoccupation, renouvellement du parc locatif, qualité (vétusté, entretien, etc.) des résidences et logements, taux de logements sociaux (HLM) et communautaires (Coops, OSBL), etc.

Vitalité et reconnaissance des organismes communautaires

3. Une organisation administrative et politique : comment se porte la démocratie?

Rapports entre les élus et les citoyennes et citoyens

Participation citoyenne aux débats collectifs, aux initiatives territoriales, etc.

Éducation populaire (alphabétisation, connaissance des droits, etc.) et action politique (revendication et collaboration)

Prise en compte des enjeux de la transition socioécologique.

Selon Chantal Lavoie, on peut occuper un territoire sans l’habiter. Elle milite pour que l’on utilise le terme "habiter". Par exemple, un parc éolien occupe un territoire mais ne l’habite pas. Habiter c’est émotif, cela implique un engagement. Occuper, c’est parfois utiliser des composantes du territoire. On peut aussi occuper un territoire en l’habitant, en pensant à sa pérennité, à son évolution harmonieuse, à ses gens. Habiter un territoire renvoie à un vécu du lieu. C’est un lien entre les occupants et les habitants. On ne peut pas habiter un territoire sans l’occuper.

Faits saillants de la discussion

Le rôle déterminant des MRC interpelle, à qui appartient cette fameuse compétence en habitation? Qui a les moyens aussi pour les réaliser ces projets?
Sur un de nos TNO, il y a un nouveau projet dans l’éolien. Le BAPE fera une commission d’enquête qui débutera en février. Au niveau de la mobilisation citoyenne, c’est difficile, car certains discours ne sont pas constructifs. Certains groupes citoyens voient des drapeaux rouges partout et s’opposent à tout et diffusent de la désinformation.
Dans le cadre de la politique MADA, on voit que les communications sont plus difficiles quand on s’éloigne des grands axes. Certains territoires n’ont pas accès aux services de télécommunication. On a branché des chalets avant de brancher des résidents. Le développement va aux aléas des subventions, mais aussi en fonction des entreprises privées. Il faut travailler de concert avec les entrepreneurs pour qu’ils voient au-delà de l’occupation du territoire.
Habiter un territoire, c’est pouvoir avoir accès à certains services. Les citoyens ne veulent pas trop payer de taxes, mais pour tous les services reçus ce n’est pas beaucoup. Les gens s’installent loin, mais veulent des services et ceux-ci coûtent de plus en plus. Peu de moyens et ressources pour les municipalités. On veut garder les services de proximité et garder nos Coops, nos réseaux de solidarité, car s’il n’y a plus de services, les gens ne verront plus de sens à rester dans les petites municipalités.
On habite un territoire et on est confronté à d’autres personnes qui l’habitent…mais autrement. Quand on hérite d’un centre de tri de déchets pour le collectif…mais dans notre cours, on n’en veut pas. Il y a un grand défi. Le BAPE est un outil, mais ça a ses limites.
Le revers de l’habiter, c’est le phénomène du ‘’Pas dans ma cour’’. On veut le beurre et l’argent du beurre. Au niveau de la vitalisation et de restructuration des cœurs villageois, nous devrions prendre exemple sur le maire de Drummondville qui parle d’acquisition des logements abordables et de réimplantation de services dans les cœurs villageois.
La notion de communauté intentionnelle et l’idée de mettre en valeur les cœurs villageois résonnent!
La création des banlieues et la transformation industrielle de l’agriculture rendent la transition écologique difficile. Il y a des résistances très fortes. Le logement ne doit pas être une marchandise et qu’on cesse la spéculation. Des gens ont acheté des friches périphériques et demandent des millions pour ne pas les développer. La crise climatique à venir induit des problématiques à prévoir. Quand on veut changer des choses, c’est une longue démarche. Si on tombe en crise, on sera dans l’urgence et les municipalités n’auront plus le choix d’agir.
Dans le Parc régional du Massif Sud, on voit les tensions entre l’éolien, l’aire protégée, les activités économiques forestières, le tourisme, etc. Les trois piliers nommés par René (géographique, social et politique) aident à interpréter des situations en cours.
Il serait aussi intéressant d’aborder la question de l’habiter sous l’angle de l’éthique. Explorer des outils de réflexion.